La réforme du lycée va dans le sens des STEM (sciences - technologie - ingénierie - mathématiques), affirme J-M Blanquer.
Paru dans Scolaire le jeudi 11 octobre 2018.
Se souvenant qu'Emmanuel Macron, alors qu'il était ministre de l'économie, avait signé un rapport favorable aux STEM*, donc à l'intégration de toutes les disciplines dont l'ingénieur a besoin pour être innovant, l'UPSTI (Union des professeurs de sciences et techniques industrielles) avait invité Jean-Michel Blanquer à intervenir lors des deux journées "évènement" qu'elle organise ces 10 et 11 octobre au lycée Chaptal à Paris, avec les 19 pays de la coalition européenne "EU STEM Coalition". Le ministre de l'Education nationale y a défendu ses réformes du lycée d'enseignement général et du lycée d'enseignement professionnel. Il estime notamment que "l'état d'esprit nouveau" qui va s'installer dans les établissements va "dans le sens des STEM".
A-t-il pleinement rassuré les partisans d'une "approche interdisciplinaire" qui a pour but "de stimuler l’intérêt des jeunes pour la technologie et les sciences" afin que "davantage de jeunes soient formés au plus près des besoins des entreprises, toujours plus innovantes dans la compétition internationale" ? Jean-Michel Blanquer, qui a reconnu qu'il y avait "peut-être des choses améliorables" a notamment expliqué que les enseignements de spécialité permettraient "un approfondissement des contenus". Interrogé sur la difficulté qu'auront les élèves en terminale à choisir entre mathématiques, physique - chimie et SVT, il estime que l'enseignement optionnel "mathématiques complémentaires" répondra à la demande car il sera axé sur les probabilités et les statistiques, éventuellement en lien avec les enseignements de biologie et d'économie. Il se refuse toutefois à opposer interdisciplinarité et enseignements disciplinaires. Il défend aussi, toujours pour aller dans le sens des STEM, l'inscription des lycées professionnels dans des campus où il veut que "les entreprises prennent leur part", et où seront renforcés les liens avec l'apprentissage.
Interrogé par ailleurs sur "l'éducation financière", il s'y dit favorable, il y voit "un enjeu de justice sociale", de l'école élémentaire à la terminale, mais, implicitement, il la situe à l'intérieur des enseignements disciplinaires existants, et donne l'exemple des problèmes de monnaie rendue lors d'un achat pour les manipulations nécessaires aux premiers enseignements mathématiques.
L'UPSTI favaorable à la pédagogie de projet
Sébastien Gergadier, président de l'USTI, fait pour ToutEduc l'éloge de la pédagogie de projet : "Les savoirs sont contextualisés et le rapport à l'erreur est modifié. Alors qu'à un problème de mathématiques, on a juste ou faux, quand on va chercher les éléments dont on a besoin, on teste, on se trompe, on cherche autre chose, on recommence... Des enseignements trop abstraits n'intéressent pas les élèves d'aujourd'hui." Il s'agit donc pour l'UPSTI de "lancer les STEM en France", ce qui suppose non seulement une certaine conception de l'enseignement, mais aussi l'action conjointe de l'Education, des industriels et des politiques, aux niveaux local comme national. La coalition européenne des STEM entend d'ailleurs "développer un standard de formation dans tous les pays industrialisés", ajoute-t-il.
A noter qu'à l’issue de cette rencontre, des actes seront publiés pour rendre compte des avancées et des propositions des différentes plateformes STEM des pays participants. A noter également que l'UPSTI organise avec "Elles bougent" le 29 novembre la 6ème édition de la journée des sciences de l'ingénieur au féminin.
* "science, technology, engineering, and mathematics"