Scolarisation des enfants handicapés: un dossier de l'INRP fait le point à l'international
Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 15 mars 2010.
"De nombreux pays européens ont fait le choix de l'inclusion des enfants en situation de handicap depuis des dizaines d'années. En France, la loi de 2005 (…) remet en question l'organisation du système éducatif et invite à redessiner les frontières entre des institutions spécifiques dépendant de deux ministères différents." Le dossier du mois de mars de l'INRP (VST) est consacré aux politiques de scolarisation des enfants handicapés.
Pour les auteurs, Marie Musset et Rémi Thibert, chaque pays s'est emparé de la notion de handicap en fonction de son histoire. "Les pays qui ne connaissent plus depuis longtemps les filières spécifiques séparées pensent l'inclusion de façon plus radicale, selon un spectre très large, qui englobe toutes les situations (handicap, discrimination ethnique ou de genre, pauvreté)." Quoi qu'il en soit, depuis la conférence de Salamanque en 1994, cette préoccupation concerne tous les pays. Mais le paysage "est très varié et encore marqué par de fortes disparités". En 2002, le Canada accueillait tous les enfants souffrant de "déficiences avérées", l'Italie presque tous, les États-Unis un peu moins de 65 % et la France un peu plus de 10 %. Les chercheurs "distinguent trois groupes de pays", ceux qui mènent une politique d'inclusion, parfois depuis longtemps (les années 1960 pour la Suède, 1977 pour l'Italie), ceux qui connaissent une phase d'évolution importante tels le Royaume-Uni et la France , et ceux qui "ont encore une approche réductrice de l'inclusion".
La chercheuse française Nathalie Mons identifie trois voies: l'approche anglo-saxonne de l'intégration, "à la carte", l'approche française, espagnole ou portugaise, marquée par "l'uniformité", et l'approche des pays nordiques, individualisée. En Finlande, confirment d'autres chercheurs, les bons résultats des écoles "aux tests PISA n'ont pas été atteints en scolarisant les apprenants qui ont des besoins spéciaux et ceux qui apprennent plus lentement dans des écoles séparées, mais en les faisant entrer dans des classes et des écoles ordinaires".
Un chercheur norvégien résume les conditions à réunir pour améliorer l'inclusion des élèves: que "tous les enseignants travaillent avec tous types d'élèves et collaborent entre eux", que soient "favorisées les interactions entre élèves et l'apprentissage par les pairs" et que "la formation concerne toute l'équipe éducative".
En France, tous les enfants handicapés peuvent être scolarisés, avec un projet personnalisé assorti de mesures d'accompagnement. L'école doit donc s'adapter à la diversité des élèves. Les jeunes enseignants considèrent légitime la place des élèves à besoins éducatifs particuliers dans les classes, mais se disent "peu préparés à cet accueil" et des formations nouvelles sont indispensables, de même que "le travail en partenariat avec les professionnels de la santé", en particulier ceux des SESSAD (services d'éducation spéciale et de soins à domicile). Autres difficultés, "la non-continuité" entre l'enseignement primaire et l'enseignement secondaire, dont les structures dédiées sont plus ou moins bien intégrées dans les établissements, et la question des AVS (auxiliaire de vie scolaire), dont "l'aide est précieuse", mais entre 2003 et 2005, alors qu'ils étaient 16 000, seuls 75 ont reçu ont reçu une formation diplômante et qualifiante! Notons pourtant que le nombre des enfants handicapés scolarisés a crû "de plus de 30% en 5 ans".
L'INRP annonce avec ce dossier des journées d'études "École et handicap" les 23-24 mars et 5 mai 2010.