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Parcoursup : le réquisitoire syndical (CGT, FO, FSU, SUD, UNEF, UNL, FCPE)

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 21 septembre 2018.

"Du tirage au sort à la loterie." Cette formule du représentant du SNESUP (le syndicat FSU du supérieur) résume le sentiment exprimé hier 20 septembre, à la veille de l'annonce des "résultats définitifs de la procédure nationale de préinscription dans l'enseignement supérieur", lors d'une "conférence de presse interfédérale" réunissant des syndicats de la CGT, de FO, de la FSU, de SUD, l'UNEF, l'UNL, ainsi que la FCPE. Parcoursup aurait des résultats nettement plus mauvais qu'APB.

C'est d'abord une question de moyens, "il manque quatre universités en France" pour faire face à la demande croissante des jeunes et à la démographie, calcule la CGT. C'est aussi une question technique, la non hiérarchisation des voeux provoque un embouteillage des demandes. Pour trier des milliers de dossiers, les universités ont mis en place des algorithmes (non publiés) et calculé des notes "jusqu'à la sixième décimale" en se fondant sur des notes des bulletins qui sont en général au demi-point, ce qui est mathématiquement absurde. Mais c'est surtout un choix idéologique qui est dénoncé. Cette non-hiérarchisation des voeux permet aux établissement de "choisir leurs étudiants" qui "deviennent des clients".

Le privé est "ravi"

Les mots sont durs. Les syndicats parlent de "mensonge". Le 12 septembre, le recteur de Versailles faisait état de 3 847 dossiers en souffrance, déposés à la CAAES (commission académique d'accès à l'enseignement supérieur) quand la ministre parlait de 2 500 étudiants sans solution au niveau national ! De plus, tous les étudiants qui ont tardé à accepter les propositions qui leur étaient faites sont ceux à qui elles ne convenaient pas vraiment. Certains, voyant qu'ils étaient très loin sur les listes d'attente, ont patienté et ont finalement eu satisfaction alors que d'autres se sont découragés, ont renoncé à faire des études ou ont opté pour le privé qui est "ravi". "La catho de Paris a doublé ses effectifs", assure la représentante de la CGT.

Le système a de plus de nombreux inconvénients. La publication des "attendus" n'a en rien aidé les lycéens dans leur processus d'orientation ; au contraire, affirme la représentante du SNES, ils ont provoqué des phénomènes d'auto-censure, par exemple d'élèves de la série L qui auraient voulu faire psycho, qui n'ont pas d'enseignement scientifique, mais qui découvrent qu'il faut être bon dans au moins une discipline scientifique. Les syndicats en profitent pour dénoncer la réforme du lycée, "un accélérateur de parcoursup" avec "une présélection dès la seconde" dans la voie générale, tandis qu'en professionnelle, c'est en fin de première qu'ils devront annoncer leur choix de faire ou de ne pas faire d'études !

Des lettres de motivation qui n'en sont pas 

Pour les lettres de motivation, le représentant de l'UNL raconte : "la première, celle qui correspondait à ce que nous souhaitions le plus, nous l'avons écrite avec tout notre coeur, la seconde aussi, avec la troisième, on a commencé les copiés-collés. On n'a pas été accompagnés. Beaucoup de lettres ont été, en réalité, écrites par des coachs, pour ceux qui avaient les moyens." Et au total, elles n'ont pas été lues ! Quant aux CV de jeunes de 17 ou 18 ans, ils ne valent que par l'extra-scolaire, les voyages à l'étranger, souvent liés à la situation sociale des familles. Les "fiches avenir" remplies par les enseignants ne valent guère mieux. Quelle légitimité ont-ils pour renseigner les items "capacité à réussir" ou "niveau d'engagement" ? Les professeurs principaux de terminale ont aidé leurs élèves sans avoir reçu aucune formation, "ils étaient aussi perdus que les lycéens", tandis que les "psy-EN" (les anciens conseillers d'orientation) "ont été évincés" du processus.

Les affectations tardives ont posé à beaucoup de jeunes des problèmes matériels, de recherche de logement, mais ont aussi désorganisé les formations, certains étudiants arrivant après la rentrée. Les établissement ont parfois choisi "le surbooking", annonçant plus de places qu'ils n'en avaient réellement, et sont débordées, avec "des TD à 100", et d'autres, qui ont publié leur nombre réel de places "n'ont pas fait le plein". De plus, selon les témoignages reçus par l'UNEF, beaucoup d'étudiants qui ont dû accepter un voeu qui n'en était pas vraiment un attendent avec impatience le mois de janvier pour une réorientation.

Dramatisation en amont

Les conséquences sont aussi morales. A la moitié des candidats, on a dit "attendez que d'autres, qui sont meilleurs que vous, se désistent", et on a culpabilisé les autres en leur expliquant que c'était de leur faute, qu'en n'acceptant pas un voeu même s'il ne correspondait pas vraiment à leurs attentes, "ils bloquaient le système". Quant aux enseignants du second degré, ils s'inquiètent. Toutes les notes ayant un impact sur les futurs dossiers Parcoursup, le moindre contrôle suscite stress et dramatisation.

 

 

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