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Plan pauvreté : les mesures intéressant les acteurs de l'éducation

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Culture, Justice, Orientation le jeudi 13 septembre 2018.

Le président de la République lance "un combat neuf, indispensable" de lutte contre la pauvreté, "contre ce déterminisme qui dès l'enfance décide des trajectoires de vie". Voici l'essentiel des mesures concernant les acteurs de l'éducation.

Pour Emmanuel Macron, "c’est dès la petite enfance qu'il faut intervenir". Il revient à ce sujet sur le dédoublement des classes de CP et CE1 "dans les écoles des quartiers les plus pauvres", qui est déjà "le cœur même de cette politique de lutte contre la pauvreté", qui "commence à voir ses résultats", et qui sera poursuivie, élargie "par tache d'huile", "dès que nous pourrons au-delà de ces zones d'éducation prioritaire".

Il revient aussi sur l'instruction obligatoire dès 3 ans : actuellement, "comme ce n'est pas obligatoire, on ne met souvent (les enfants) que le matin". Il ajoute : "il faut dès 3 ans les mettre dans l'école maternelle, permettre justement, non seulement cette socialisation, mais l'apprentissage, le suivi, les rudiments du langage, du calcul, et de tout ce qui va avec." Le dossier de presse annonce un soutien aux collectivités dans 60 quartiers prioritaires pour qu'il y ait un.e ATSEM par classe de maternelle.

Le président annonce "une réforme en profondeur des modes de garde" des enfants de 0 à 3 ans. Interrogé par ToutEduc, Olivier Noblecourt, le délégué interministériel "à la prévention et la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes" nous garantit que cela ne signifie pas qu'il y aura un désengagement de l'Etat sur la scolarisation des moins de 3 ans.

Pour le président, "les lieux de garde doivent devenir ces endroits accessibles à tous, quel que soit son revenu ou son adresse". Il souligne qu' "aujourd'hui, seuls 5 % des enfants des quartiers défavorisés sont gardés en crèche, contre 22 % des enfants de classe aisée". Le dossier de presse précise qu'il y aura "un bonus 'mixité sociale' dans l'accueil collectif pour 90 000 places et l'instauration du tiers payant du complément mode de garde courant 2019 pour l'accueil individuel". Dans les territoires "fragiles", un autre bonus diminuera "à moins de 10 % le reste à charge" pour la création par les communes de modes d'accueil de la petite enfance (+ 1000 € par place de crèche). 260 crèches "à vocation d'insertion professionnelle" seront créées "d'ici 2020", en plus des 40 existantes.

"La qualité des modes de garde doit être massivement améliorée", estime E. Macron qui annonce que "les 600 000 professionnels de la petite enfance seront encore mieux accompagnés, leur formation sera complétée, parfois revue, en ce sens, dès 2019". Le dossier de presse précise que ce plan de formation sera accompagné de la rédaction d'un "nouveau référentiel" afin "de favoriser le développement de l'enfant et de l'apprentissage du langage avant l'entrée à l'école maternelle".

Le président met en effet l'accent sur les compétences langagières : "un enfant de 4 ans, lorsqu'il naît dans une famille défavorisée, maîtrise déjà deux fois moins de mots qu'un enfant issu d'une famille de classe aisée"; il donne l'exemple de "certaines crèches" de Grenoble, à Lille ou au Havre "où des programmes axés sur l'apprentissage du langage et de la confiance en soi ont été déployés". Olivier Noblecourt ne cache pas son intérêt pour le programme "Parler bambin" que le président ne cite pas explicitement : "Nous poursuivrons cette logique d'expérimentations innovantes, grâce à un fonds d'innovation sociale de 100 millions d'euros, qui permettra, en plus de la formation généralisée des professionnels de la petite enfance, de la refonte du CAP Petite enfance, et du diplôme d'éducateur de jeunes enfants, de diffuser sur tout le territoire de nouvelles méthodes d'apprentissage dans les lieux de garde."

Mais le président va plus avant, évoquant la mise en place d' "un nouveau parcours pour les parents dès le quatrième mois de grossesse" et le rôle des PMI qui "seront profondément transformées afin de mieux répondre aux problèmes rencontrés par les familles monoparentales".

Le président veut de plus "permettre à tous les enfants de pouvoir prendre un déjeuner équilibré", "l'accès à la cantine sera rendu plus universel, en développant les repas à un euro pour les personnes les plus pauvres". Le dossier de presse précise que sont concernées "les communes les plus fragiles de moins de 10 000 habitants". Le président ajoute que "des petits déjeuners seront aussi proposés dans les collèges de REP+, afin de s'assurer que tous les élèves démarrent la journée dans de bonnes conditions". Le dossier de presse ne donne pas de précisions à ce sujet.

E. Macron annonce encore qu'il lancera "en novembre prochain une stratégie dédiée à l'enfance maltraitée". Le dossier de presse évoque des "maraudes mixtes Etat/aide sociale à l'enfance" (donc en partenariat avec les départements, ndlr) qui seront mobilisées "pour aller vers les familles avec enfants dans la rue et prévenir la mendicité". On compterait 3 à 4 000 enfants "à la rue".

Une obligation de formation à 18 ans

Le second chapitre des mesures concernant enfance et jeunesse porte sur la mise en place d' "une obligation de formation jusqu'à 18 ans". Le président annonce qu' "aucun jeune de moins de 18 ans ne pourra se trouver sans solution et devra être, soit scolarisé, soit en formation, soit en emploi". Interrogé à ce sujet par ToutEduc, O. Noblecourt précise qu'il ne s'agit d'une extension de la scolarité obligatoire, mais d'une obligation pour les pouvoirs publics de repérage et d'accompagnement des jeunes. E. Macron annonce que cette obligation qui "entrera en vigueur à la rentrée 2020, se traduira, d'abord par un repérage massif de ces jeunes" puisque "le suivi par l'Education nationale de ceux qu'on appelle les décrocheurs scolaires, qui se fait aujourd'hui au mieux deux fois par an, se fera désormais en continu".

Les missions locales "convoqueront les jeunes concernés" et auront "une obligation de proposer aux jeunes une solution", ce qui suppose "une transformation profonde de la manière d'organiser l'Education nationale et l'enseignement supérieur". Il faut d'ailleurs "améliorer ce fameux dispositif Parcoursup (...) pour permettre d'identifier ceux qui abandonnent, ceux qui sortent de tout, et les suivre par ce biais". Il faut d'ailleurs améliorer "la formation de celles et ceux qui sont en charge de l'orientation, et en remettant l'orientation au cœur de l'école".

Le président évoque encore une "augmentation des propositions de scolarisation, dans le cadre des écoles de la deuxième chance", "le développement des formations dans le cadre du plan d'investissement dans les compétences", "des solutions d'apprentissage", la généralisation de la Garantie Jeunes "au bénéfice de 500 000 nouveaux jeunes", et pour laquelle "plus de 350 millions d'euros (seront) investis".

Enfin le président annonce que les départements devront accompagner les jeunes pris en charge par l'aide sociale à l'enfance jusqu'à leurs 21 ans, "et non pas jusqu'à leurs 18 ans". Le gouvernement "contractualisera financièrement avec les départements pour qu'ils préparent mieux la sortie de ces jeunes et "50 millions d'euros seront mobilisés à cette fin".

Agnès Buzyn prévient, il s'agit "d'une stratégie et non d'un nouveau plan", et celle-ci s'appuie sur divers instruments, la COG avec la CNAF (2018 - 2022), des financements inscrits au budget (1,3 Md€ au PLF 2019 auxquels s'ajouteront les sommes prévues au PLFSS), et une loi, rédigée en 2019 et votée en 2020 qui portera notamment sur la formation jusqu'à 18 ans, l'évolution des PMI, la réforme de l'aide sociale à l'enfance... avant un premier bilan de la contractualisation avec les départements. O. Noblecourt insiste, cette contractualisation tranche avec la pratique actuelle de délégation aux collectivités. La ventilation des sommes indiquées sur le dossier de presse, 1,5 Md€ pour la petite enfance et 439 M€ pour l'obligation de formation à 18 ans n'est pas précisée, non plus que le calendrier de la montée en charge.

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