SGEN-CFDT : attention à respecter la professionnalité des enseignants !
Paru dans Scolaire le mercredi 12 septembre 2018.
Pour le SGEN-CFDT, l'enseignement n'est pas "un métier d'exécution" qui consisterait à "mettre en œuvre de bonnes pratiques". La fédération tenait, ce 12 septembre, sa conférence de presse de rentrée, et interrogée sur la multiplication des évaluations (2 au CP, 1 au CE1, puis en 6ème et 2de), sa secrétaire générale y voit "une très mauvaise orientation". C'est pour Catherine Nave-Bekhti une forme de négation de la professionnalité des enseignants et des inspecteurs, critique qu'elle adresse également au "guide orange". Ce "pilotage injonctif" serait "de plus en plus mal vécu" par des enseignants qui sont "bousculés" par des mesures qui de plus ne les incitent pas au travail collectif.
En ce qui concerne la réforme du lycée, "une réforme bâclée", les consignes qui ont été données aux recteurs pour la carte des formations doivent être comprises comme des consignes "a minima" qui permettent de reconduire l'existant. L'organisation des spécialités ne correspond pas à la proposition du SGEN d'un lycée modulaire qui permettrait d'éviter la reconstitution de séries qui ressemblent à des "tubes TGV", dont on ne peut sortir et qu'on doit parcourir rapidement. Les attendus inscrits sur la plateforme Parcoursup pourraient constituer une aide à l'orientation. Se retrouveront-ils dans les programmes ? La "fiche avenir" qu'ont remplie les élèves de terminale "ne donne pas d'éclairages" sur cette question. Quant au surcroît de travail que représente, notamment pour les "psy-EN", l'orientation des élèves dès la seconde, il n'est pas indemnisé, et, vu les incertitudes qui pèsent sur l'avenir des CIO, "ça ne pourra pas tenir dans la durée".
ESPE : envisager des évolutions
Mais cette conférence de presse était surtout l'occasion pour le SGEN de présenter les résultats de son enquête sur les ESPE. Quelque 6 % des 26 800 stagiaires (donc en M2) ont renseigné le questionnaire. Ils sont 60 % à trouver leur charge de travail à la fois trop lourde et inadaptée, un pourcentage qui monte à 68 % pour les enseignants du 1er degré. S'ils trouvent leurs relations avec leurs tuteurs "terrain" et "ESPE" satisfaisantes (83 % et 76 %), ils sont une majorité à critiquer leur mode d'évaluation, infantilisant et déconnecté, portant sur des matières "que l'on a déjà passées au CAPES". Ils sont 56 % à estimer qu'ils ne sont pas suffisamment préparés à exercer leur métier, ce qui est surtout vrai pour les professeurs des écoles (un peu plus de 20 % de satisfaits) et les agrégés (41 %), mais pas du tout pour les CPE (près de 80 % de satisfaits). Ils sont plutôt satisfaits lorsqu'il s'agit de didactique ou d'analyse des pratiques, moins pour la préparation de cours, et pas satisfaits (3 sur 4) lorsqu'il s'agit de psychologie de l'enfant et de l'adolescent, de la gestion de l'hétérogénéité ou des relations avec les parents (le détail des résultats sur le site de SGEN, ici).
Pour le SGEN-CFDT, il faut "envisager des évolutions", "renforcer l'alternance", la coordination entre ESPE et académie, mais aussi "conforter le niveau master" et le caractère universitaire de la formation. Le SGEN penche pour un concours en fin de M2 et refuse un traitement différent pour les professeurs des écoles et leurs homologues du 2nd degré.