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A quoi servent les évaluations de CP et CE1 ? Les réponses de F. Ramus (membre du Conseil scientifique de J-M Blanquer)

Paru dans Scolaire le mardi 11 septembre 2018.

Certains des exercices des tests que les enseignants vont faire passer à leurs élèves de CP à partir de la semaine prochaine pourront sembler "trop difficiles". Franck Ramus ne le conteste pas, mais explique que ce n'est pas un problème. Le chercheur, membre du Conseil scientifique, publie en effet sur son site personnel ses réponses "aux questions que peuvent légitimement se poser les enseignants et les parents d’élèves à leur sujet" et précise qu'elles n'engagent que lui, même si elles ont "fait l'objet d'une relecture attentive et de corrections par plusieurs membres du CSEN [le Conseil scientifique placé auprès du ministre de l'Education nationale]". Il rappelle que ces évaluations doivent donner des "repères" aux enseignants afin qu'ils puissent "intervenir au plus vite si un enfant rencontre des difficultés d’apprentissage". La direction de l'enseignement scolaire (la DGESCO) mettra d'ailleurs "à la disposition des enseignants un ensemble de ressources pédagogiques qu’ils pourront utiliser de manière à aider les élèves à travailler les compétences précises pour lesquelles les tests ont identifié des faiblesses". Pour les élèves qui manifesteront lors de l'évaluation de début de CE1 "des difficultés persistantes", "il pourra alors être utile de voir avec le médecin scolaire si un bilan individuel plus poussé est nécessaire".

Ces évaluations donneront aussi "aux inspecteurs et aux recteurs, un état des lieux fiable des compétences des enfants dont ils s’occupent" et de leurs évolutions, "année après année". Au mois de juin l'année prochaine, "la DEPP [le service statistique de l'Education nationale] recueillera les retours d’un échantillon d’enseignants de CP et leurs suggestions (...). Ainsi, le dispositif s’enrichira chaque année, et les chercheurs, en comparant la progression des élèves entre les différents types d’intervention, pourront examiner si certaines sont plus efficaces que d’autres."

En attendant, insiste Franck Ramus, "aucune note ne sera attribuée aux élèves après les évaluations. Ils n’auront aucun retour sur leur performance, et il n’y a pas de raison de leur en donner. Les élèves n’auront donc aucun moyen de comparer leur performance à celle des autres, et il n’y aura donc aucun esprit de compétition (...). Les élèves étant repérés comme ayant besoin de développer certaines compétences ne doivent en aucun cas être explicitement désignés comme tels." D'ailleurs, "les informations concernant le repérage et les interventions pédagogiques ne seront pas conservées dans le dossier scolaire de l’élève au-delà de l’année de CE1".

L'introduction de nouvelles compétences dans les programmes de maternelle ?

Le chercheur précise que ces évaluations seront passées sur papier, mais que "la passation sur tablette, après expérimentation, sera vraisemblablement étendue l’année suivante". Il affirme que "les évaluations ne serviront à évaluer, ni les enseignants, ni les établissements", mais qu'elles offrent aux enseignants des informations plus précises que celles dont ils disposent actuellement. Ils se rendent par exemple compte que tel élève a des difficultés à lire, ils sauront s'il s'agit d'une difficulté de traitement visuel, ou bien phonologique. Elles lui donnent aussi "une référence nationale" pour avoir "le même niveau d’exigence", "quels que soient la région et le milieu", alors que "les informations recueillies par les enseignants dans leurs évaluations habituelles sont très dépendantes des tests choisis, et sont relatives à la classe, à l’établissement, au quartier, à l’académie, sans référence fixe".

S'agissant de l'évaluation CP, elle n'a pas "pour objectif d’évaluer ce qui a été fait à la maternelle", mais "des prérequis pour le programme de français et de mathématiques du CP", dont certains n'ont pas été enseignés à la maternelle comme "situer les nombres sur une ligne numérique". Franck Ramus ajoute que, s'il s’avère que ces compétences sont très importantes pour la suite, et qu’elles sont insuffisamment maîtrisées par la plupart des élèves en début de CP, cela serait un argument fort pour motiver l’introduction de ces compétences dans les programmes de maternelle".

Il précise toutefois que ces évaluations n'entraveront pas la liberté pédagogique des enseignants qui auront les résultats des évaluations et à qui sera proposé "un éventail d’outils et de ressources pédagogiques". Ils seront "entièrement libres d’utiliser l’un ou l’autre de ces outils, d’en utiliser d’autres issus d’autres sources, ou même de n’offrir aucune intervention particulière à leurs élèves", même si certaines équipes pédagogiques pourront "choisir ensemble de mettre en œuvre des actions concertées". Les enseignants "seront interrogés à la fin de l’année sur les interventions qu’ils auront mises en œuvre ou pas" et "les informations recueillies serviront exclusivement à alimenter la recherche sur l’efficacité respective des différents types d’intervention. Elles ne seront en aucun cas rendues disponibles pour l’évaluation des enseignants".

Le site de Franck Ramus ici

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