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"Le ‘school business’ a de beaux jours devant lui". (Ouvrage)

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 05 septembre 2018.

Certains de ses élèves ont trouvé son livre "démoralisant" et d’autres ont même "pleuré", confie Arnaud Parienty dans la postface de la nouvelle édition de son livre "School business". Il faut dire que l’auteur, professeur agrégé de sciences économiques et sociales, dresse un tableau du "business actuel" autour de l’école qui a de quoi décourager bon nombre d’élèves. "Il est vrai", constate-t-l, "que notre école fait aux élèves méritants de milieu modeste une promesse qu’elle ne peut pas toujours tenir, celle de leur donner les mêmes chances de réussite qu’à des élèves de milieu plus favorisé".

D’abord professeur en zone d’éducation prioritaire, Arnaud Parienty est muté dans un lycée prestigieux qu’il appelle dans son livre "le lycée Quesnay". Et là, il découvre les "combines" et notamment comment devenir médecin, dentiste ou vétérinaire en Espagne moyennant un budget de 30 000 € par an ou pilote de ligne au Canada ou en Belgique pour un coût total de 90 000€ !

Le mouvement s’accélère

Des stratégies d’évitement, Arnaud Parienty passe aux prépas privées en tous genres, en médecine, en droit, pour intégrer Sciences Po, les meilleures écoles de commerce ou d’ingénieurs. Il découvre aussi les petits cours, le coaching à la moindre note en baisse, le déménagement organisé pour avoir le bon lycée, les stages ou les séjours coûteux à l’étranger... Rien de nouveau ? Peut-être, sauf que, selon l’auteur, le mouvement s’accélère.

Dans un chapitre consacré au "grand bond des écoles privées", l’auteur s’intéresse notamment à l’arrivée sur le marché de l’enseignement supérieur français des fonds d’investissement : "l’éducation semble être le nouvel eldorado du ‘private equity’, ces fonds d’investissement haut de gamme qui ont investi dans les cliniques et les maisons de retraites". Rendement à plus ou moins long terme, fusion-acquisition, prestige de marque… Un vocabulaire plutôt surprenant pour des parents français qui, selon une enquête réalisée par la banque HSBC en 2014, ne sont que 50% à comprendre que l’on doit payer pour étudier.

Acheter des services d’éducation

De la France, Arnaud Parienty passe "au marché global du savoir" et à la création des "education hubs" ou "knowledge hubs". A Singapour, par exemple, "cela s’inscrit dans une stratégie plus vaste, visant à faire de l’île-Etat une économie du savoir". On est bien loin du slogan "l’éducation n’est pas une marchandise" : "Il y a une demande (plus ou moins solvable), une offre payante, un marché assez organisé, un financement, des entrepreneurs, des stratégies commerciales, des marques, une évaluation des produits, des magazines pour aider le consommateur dans ses choix, etc.".

On peut comprendre que le livre d’Arnaud Parienty ait démoralisé certains de ses élèves et la conclusion à laquelle il arrive à la fin de cette édition 2018 ne risque pas de leur redonner le moral. Face aux réformes en cours, l’auteur prévient qu’elles ne "changeront pas grand-chose" et que "la course aux diplômes est toujours là, le sentiment de pouvoir améliorer les chances de son enfant en achetant des services d’éducation aussi". En un mot : "Mieux armé et financé que jamais, le 'school business' a de beaux jours devant lui".

"School business", Arnaud Parienty, Editions La Découverte, 2018, 10€.

 

Colette Pâris

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