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Directeurs d'école : deux députées préconisent de créer un véritable statut avec un recrutement sur concours et VAE (Mission flash)

Paru dans Scolaire le jeudi 02 août 2018.

Il faut créer un véritable statut de directeur d'école, notamment pour la reconnaissance de la fonction alors qu'aujourd'hui celle-ci "s'apparente à un emploi supplémentaire", donc ne joue pas dans l'avancement de grade mais permet juste une bonification indiciaire, et parce que, faute d'attractivité, les inspecteurs de circonscription n'arrivent pas à pourvoir tous les postes. Telle est la principale recommandation faite par les députées Cécile Rilhac (La République en Marche) et Valérie Bazin-Malgras (Les Républicains) à l'issue de la mission flash qu'elles ont menées entre le 23 mai et le 8 juillet 2018. Elles ont présenté le rapport tiré de leurs travaux ce mercredi 1er août 2018 à la Commission des affaires culturelles et de l'éducation, ainsi que les principales dispositions envisagées pour encadrer ce statut, parmi lesquelles figurent celles d'abaisser le seuil des classes pour une décharge totale d'enseignement, limiter les missions des directeurs au pilotage pédagogique et au suivi des élèves et leur donner davantage de pouvoir de décision.

Ce statut, outre les valoriser, doit permettre de répondre aux deux principaux freins auxquels les directeurs sont confrontés, le manque de temps et le manque de moyens. Car, observe Cécile Rilhac en faisant référence à la loi du 24 février 1989 modifiée en 2002 qui régit leurs missions, ces derniers assument beaucoup de responsabilités, notamment celles d'assurer le bon fonctionnement de l'école, l'animation pédagogique, les relations avec les partenaires extérieurs, notamment les élus, les parents et les partenaires associatifs, ainsi qu'une mission de protection de l'enfance. Ces tâches ont été alourdies en outre par des contraintes accrues liées à la sécurité et à l'élaboration des PPMS (Plans particuliers de mise en sûreté), par le développement du périscolaire et des PEDT (projets éducatifs territoriaux), la prise en charge des élèves allophones ou en situation de handicap, alors qu'en parallèle, la baisse des contrats aidés ne leur permet plus de se décharger de tâches administratives et matérielles. "Les directeurs sont tiraillés par la gestion du quotidien", constate ainsi Cécile Rilhac.

Un recrutement sur concours et via la VAE pour les directeurs déjà en poste

Les députées suggèrent notamment, dans le cadre de ce nouveau statut, de leur accorder une décharge totale dès lors que l'école compte 10 classes, contre 14 actuellement en primaire et 13 en maternelle, et une décharge de 50 % à partir de 5 classes, alors qu'actuellement elle n'est accordée qu'à partir de 9 ou 10 classes. Et dans ce calcul, les rapporteures invitent à inclure les ULIS (Unités localisées pour l'inclusion scolaire), alors que ce n'est actuellement pas le cas. Ceux qui seraient totalement déchargés d'une classe pourraient néanmoins assurer d'autres activités, comme les APC (Activités pédagogiques complémentaires), le remplacement d'enseignants absents, des activités de formateur, voire de directeur du périscolaire. Cette mesure représenterait un surcoût de 3800 équivalents temps pleins, mais elle serait nécessaire pour qu'ils "puissent mener à bien leurs missions et pour améliorer le climat scolaire", estime Cécile Rilhac.

Le recrutement serait quant à lui organisé via concours ou la validation des acquis de l'expérience (VAE) pour ceux qui sont déjà en poste, un recrutement qui pourrait s'inspirer du statut des chefs d'établissement du second degré, avec de la formation initiale et de la formation continue. Les députées invitent également à les placer dans la grille de rémunération sur un point d'indice intermédiaires entre entre leur ancien corps de professeur des écoles et celui des chefs d'établissement du second degré.

La mutualisation des secrétariats de l'IEN et de la mairie pour soulager de tâches administratives

En parallèle, les rapporteures évoquent des solutions complémentaires pour assurer les tâches administratives et matérielles dans les écoles et "ne pas trop peser sur les dépenses publiques", comme celle de mutualiser des secrétariats, ceux des inspecteurs de circonscriptions et ceux des mairies, pour des tâches qui n'ont pas besoin d'être réalisées dans l'établissement, comme les inscriptions ou les prises de rendez-vous. En revanche, elles ne sont pas favorables à l'utilisation des services civiques pour assurer ces tâches administratives.

Par ailleurs, il faudrait, selon les rapporteures, recentrer les missions des directeurs d'école autour du pilotage pédagogique, en leur laissant notamment le soin de porter le projet pédagogique, et autour du suivi des élèves, accroître leur pouvoir décisionnaire et donc davantage "asseoir leur autorité". Le directeur d'école doit devenir un "manager" de son équipe, a déclaré Valérie Bazin-Malgras. Celle-ci indique en revanche qu'il faut laisser le pouvoir d'évaluation et de sanction sur les enseignants à l'IEN (Inspecteur de l'Éducation nationale).

Au niveau de l'organisation, les députées font également des recommandations importantes. Elles invitent notamment à supprimer les écoles maternelles pour ne garder que des écoles primaires qui regrouperaient l'ensemble des cycles. Une évolution qui serait logique avec l'introduction de l'obligation de scolarité à 3 ans, et qui permettrait une réelle continuité entre les cycles et le travail des enseignants, et en même temps d'atteindre plus facilement les seuils pour les décharges totales des directeurs d'école.

Elles invitent aussi à mettre les écoles en réseau avec les collèges, ce qui permettrait de mutualiser les personnels administratifs et les équipes médicales, de mettre en place des enseignements communs et d'optimiser les usages des locaux, même si ce rapprochement se heurtera à des difficultés "notamment les différences de cultures et le rattachement à des collectivités différentes", souligne Valérie Bazin-Malgras.

Camille Pons

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