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Métier enseignant : il faut une gestion déconcentrée des affectations et rapprochée des besoins des établissements (rapport d'information)

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 27 juillet 2018.

Le mouvement, qui "repose sur le principe d'indifférenciation des postes et favorise l'ancienneté" est "injuste pour les jeunes professeurs et les territoires les moins attractifs". Tel est l'un des principaux constats que font Max Brisson (Les Républicains, Pyrénées-Atlantiques) et Françoise Laborde (Rassemblement démocratique et social européen, Haute-Garonne) dans leur rapport d'information sur le métier enseignant. Modifier le système des affectations des enseignants apparaît donc parmi les priorités, selon ces sénateurs qui préconisent notamment "une gestion fortement déconcentrée et rapprochée des besoins", et de déléguer aux recteurs notamment la possibilité d'instaurer des mesures spécifiques en faveur de "territoires à besoins éducatifs particuliers". Au total, ce sont 15 préconisations qui sont faites, à l'issue de 6 mois de travaux, dans ce rapport réalisé au nom de commission de la culture, de l'éducation et de la communication, et qui a été enregistré au Sénat ce mercredi 25 juillet 2018. Recommandations parmi lesquelles comptent aussi celles de séparer les phases d'admissibilité et d'admission pour mieux répartir la formation des futurs enseignants, les accompagner durant 3 ans après leur prise de poste et rendre obligatoire la formation continue dans le second degré.

La gestion des affectations doit en effet, selon les auteurs du rapport, être davantage au service des établissements et des élèves. Pour ce faire, les rectorats doivent en piloter une partie. Les sénateurs estiment en effet nécessaire de "permettre au recteur de définir des territoires à besoins éducatifs particuliers, en faveur desquels il pourrait décider de mesures spécifiques". Il faudrait aussi "développer le recrutement sur profil" ou encore permettre "l'affectation par contrat de mission", qui engagerait le professeur auprès du rectorat sur un poste sur une durée déterminée mais avec la garantie de retrouver son précédent à l’issue de cette mission.

Contrats de mission et mobilité entre premier et second degrés

Les sénateurs suggèrent aussi d'agir sur la mobilité : outre introduire "une obligation de mobilité, fonctionnelle ou géographique", ils plaident pour un décloisonnement entre premier et second degrés, et suggèrent de mettre fin, dans le second degré, au double mouvement consécutif auxquels sont soumis les débutants (un premier pour leur année de stage, un second à l'issue de celle-ci, qui entraîne un changement d'académie pour la moitié d'entre eux), mobilité qui "alimente la rotation des équipes pédagogiques dans les territoires les moins favorisés".

Outre mieux servir les besoins localement, cette nouvelle gestion des affectations devraient permettre également d'être moins injuste pour les professeurs débutants, souvent mis en difficultés par les règles actuelles, puisqu'ils sont "affectés sur des postes délaissés par les enseignants plus chevronnés : en éducation prioritaire ou en zone rurale isolée, sur des postes de remplacement ou sur des postes à services partagés ou fractionnés".

D'autres mesures concernent la formation. Au niveau de la formation initiale, les deux sénateurs suggèrent de dissocier l'admissibilité de l'admission : admissibilité en L3 et admission en M2 dans le premier degré, concours en M2 dans le second degré. La place du concours, en fin de M1 actuellement, est doublement critiquable selon eux : elle vide de son caractère professionnalisant l’année de M1 et surcharge l'année de M2 (responsabilité d'une classe, scolarité à l'ESPE et rédaction d'un mémoire).

Accompagnement personnalisé durant les 3 premières années d'exercice

Le rapport suggère aussi de "prolonger, pendant les trois premières années d’exercice, la formation initiale par un accompagnement personnalisé", et d'introduire un rendez-vous de carrière la troisième année.

En matière de formation continue, les rapporteurs reprennent par ailleurs une idée qui avait déjà été avancée, celle d'instaurer "une obligation de formation continue de cinq jours annuels" alors que la formation continue aujourd'hui, "se caractérise par une faible participation et un absentéisme élevé de la part des professeurs". L'obligation concernerait donc les enseignants du second degré puisqu'elle est déjà effective dans le premier degré. Au-delà de l'obligation, il est important, estiment les sénateurs, que la formation, même si elle sera indemnisée, soit effectuée en dehors du temps d'enseignement afin qu'elle ne soit pas "tributaire des moyens de remplacement".

Enfin, sur le contenu, les auteurs du rapport invitent à revenir aux finalités d'origine, l'amélioration des compétences professionnelles et le développement personnel alors qu'aujourd'hui ces formations servent surtout à l'accompagnement des réformes, et de partir "des besoins exprimés par les professeurs".

La synthèse du rapport ici

Camille Pons

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