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Les difficultés de l'évaluation des établissements révélatrices des problèmes de culture et de structure de l'Education nationale (rapport)

Paru dans Scolaire le jeudi 26 juillet 2018.

"À mesure que les établissements deviennent plus autonomes dans leur organisation, leurs choix pédagogiques, le besoin d’une évaluation de leurs performances se renforce", estiment les deux inspections générales de l'Education nationale dans un rapport, que vient de publier le ministère. Mais, ajoutent-elles, "le système scolaire et son cadre global n’y sont guère propices". Le rapport comporte bien quelques préconisations, mais il est surtout l'occasion de s'interroger : "Quel contexte ferait que cette évaluation prenne du sens pour les établissements eux‐mêmes, pour tous ceux qui y exercent, pour tous ceux qui les fréquentent, pour tous ceux qui contribuent à leur fonctionnement. Comment faire évoluer le système scolaire français et sur quels points, pour que l’on trouve du sens à en évaluer les établissements ?"

Une question de culture

Et les inspecteurs listent les éléments de ce contexte qui forment "un système" : "la réticence à évaluer les acquis des élèves (...) ; le recul devant tout ce qui offrirait une prise à la comparaison entendue immédiatement comme classement des établissements (...) ; le recul devant l’épineuse question de la carte scolaire que l’évaluation des établissements pourrait raviver ; la priorité donnée à des réformes venant de l’échelon central ; la conception des missions des inspections qui privilégie la fonction de missi dominici, d’accompagnement voire de vérification de la mise en œuvre des réformes (...)."

Et d'ailleurs, "alors même que des évolutions de fond du système éducatif, de multiples prescriptions officielles y incitent, il n’existe pas d’évaluation systématique, régulière et cadrée des établissements scolaires en France". Certaines académies se distinguent pourtant, comme celle d’Aix‐Marseille où le recteur Jean‐Paul de Gaudemar avait "su mettre en place, il y a dix ans, les modalités d’une évaluation des établissements conjuguant auto‐évaluation et évaluation externe". Toutefois, si "les académies ont pu avoir l’initiative", "les pratiques sont restées intermittentes, disparates et fluctuantes". L'évaluation des établissements suscite une "grande méfiance" des enseignants, les chefs d’établissement eux-mêmes craignant "qu’elle constitue in fine une évaluation de leur propre action" tandis que les inspecteurs disent "se sentir mal à l’aise" dans une position intermédiaire située entre 'l’ami critique' et 'l’œil du recteur ou de l’IA‐DASEN'. C’est pourquoi la plupart des académies (...) préfèrent utiliser une démarche plus balisée sinon banalisée comme celle des contrats d’objectifs."

Une question de structure

Cette évaluation se heurte également à une question de structure : "si la gestion des établissements est du ressort des DSDEN, les corps d’inspection sont rattachés au rectorat, les IA‐DASEN ne disposent donc pas d’autorité fonctionnelle sur eux" et "ne participent pas aux travaux des collèges des inspecteurs du second degré". Ne faudrait-il pas "envisager une évaluation non plus à l’échelle d’un établissement mais à celle d’un réseau d’établissements ou d’unités éducatives". Les inspecteurs s’interrogent toutefois "sur la faisabilité et la pertinence de l’évaluation d’un échelon qui n’a actuellement ni existence juridique, ni instances de prise de décision, ni attribution propre de moyens".

La mission a toutefois "pu recueillir et observer des expériences intéressantes dans lesquelles l’auto‐évaluation est véritablement l’élément déclencheur de l’évaluation. Par exemple, dans une académie, l’évaluation externe est étayée par un questionnaire auprès de l’ensemble de la communauté éducative : professeurs, personnels de la vie scolaire, personnels administratifs, agents de service, équipe de santé, élèves et parents d’élèves." Ailleurs, une évaluation conjointe école-collège "a permis de mobiliser l’ensemble de la communauté éducative, de dégager un axe de questionnement en prise directe avec les spécificités locales et les besoins exprimés par l’ensemble des personnes concernées". Le défaut de cette phase d'auto-évaluation provoque trop souvent le sentiment que "l’évaluation est venue d’en haut", "d’être convoqué[s] à des réunions sans savoir pourquoi", "de ne pas bien faire sans que des pistes pour mieux faire soient données". Les chefs d’établissement "expriment une certaine incompréhension face aux multiples demandes auxquelles ils doivent répondre (...). Ces demandes 'sans retour' rendent dubitatif sur l’intérêt et les finalités de ce qui est considéré comme une nouvelle ou énième évaluation dont on ne perçoit pas les suites possibles, notamment en termes de dotation attribuée à l’établissement."

A qui profite l'évaluation ?

A noter, parmi les "éléments pour un cahier des charges de l’évaluation des établissements par les académies", expression préférée au terme "préconisations", l'idée que "l’évaluation des établissements ne se justifie que si elle bénéficie d’abord à l’établissement", qu'elle doit "associer tous ceux qui concourent à la vie de l’établissement, y compris les partenaires extérieurs", qu'elle doit "être rendue publique" et qu'elle "doit concerner tous les établissements et ne pas s’appliquer uniquement à quelque uns, laissant penser qu’ils sont évalués parce qu’ils connaissent des difficultés particulières".

Le rapport IGEN-IGAENR "L'évaluation des établissements par les académies" ici

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