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Lutte contre la pauvreté : les analyses et propositions du HCFEA

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire le mardi 19 juin 2018.

Sans attendre les annonces du président de la République en matière de lutte contre la pauvreté des enfants, le Haut Conseil de la Famille, de l'Enfance et de l'Âge, publie son rapport "Lutter contre la pauvreté des familles et des enfants". Voici les analyses et propositions qui concernent le plus directement les acteurs de l'éducation (extraits de la synthèse).

2,8 millions d’enfants sont en situation de pauvreté et "deux types de familles sont particulièrement concernés", les familles monoparentales (le taux de pauvreté est de 39% avec 2 enfants, 63% avec au moins 3) et les familles nombreuses (le taux de pauvreté est de 40 % pour les couples avec 4 enfants ou plus). "Notre système de redistribution, notamment les prestations familiales et sociales, jouent un rôle important en matière de lutte contre la pauvreté. Mais elles restent certainement à améliorer en ce qui concerne les familles monoparentales et les familles nombreuses, même si le problème de fond reste celui de l’insuffisance des revenus primaires, notamment ceux issus du travail."

L'accueil de la petite enfance

Le HCFEA pose "la question de l’accessibilité à un mode d’accueil et aux dispositifs de soutien à la parentalité" et il estime qu'il faudrait "mieux identifier les besoins des familles", "prévoir le développement d’une offre suffisante de structures de soutien à la parentalité (...) pour accompagner les familles les plus pauvres, dont on sait qu’elles ont plus de réticences pour confier leur enfant à une structure extérieure au foyer", "former et outiller les professionnels pour une meilleure prise en charge des familles ayant des besoins spécifiques".

En ce qui concerne l'échec scolaire, "particulièrement fréquent parmi les enfants de familles en situation de précarité", les auteurs du rapport estiment que la complexité de cette question leur interdit de la traiter et ils renvoient "au rapport très dense et argumenté sur la question qu’avait réalisé l’IGEN [l'inspection générale de l'Education nationale, il s'agit du rapport "Grande pauvreté et réussite scolaire, le choix de la solidarité pour réussite de tous" de Jean-Paul Delahaye]. Ils n'en soulignent pas moins que "les enfants qui vivent dans un logement précaire, ou d’urgence, voire dans un bidonville ou à la rue font face à des difficultés souvent insolubles pour accéder à une scolarité un tant soit peu normale" et même s'ils estiment que "les politiques publiques ne sont pas inactives", "notamment dans le cadre de l’éducation prioritaire", ils listent les domaines où l’école a "des difficultés à jouer son rôle dans la lutte contre la reproduction des inégalités sociales" : "la question de la langue", "la capacité ou non de participer à l’ensemble des activités collectives", "la difficulté des parents pour accompagner leurs enfants dans leur parcours scolaire".

L'école et la cantine

Le rapport réserve une place importante aux cantines : "il n’y a rien de pire pour un enfant que de passer sa journée le ventre vide, et le fait de pouvoir bénéficier d’un repas complet et équilibré le midi est une des conditions nécessaires pour pouvoir bénéficier des apprentissages que propose l’école". Il convient de "limiter l’absence de tout service de restauration dans certaines écoles", de "lutter de façon plus déterminée contre les refus illégaux d’inscription à l’école", de "lutter contre les refus discriminatoires d’inscription à la cantine et/ou l’application de tarifs prohibitifs 'non résidents' à des enfants vivant pourtant sur la commune", "moduler les tarifs pour réduire le taux d’effort pour les familles pauvres."

Mais surtout, le rapport invite à "avoir confiance dans les capacités et compétences des parents" qui ont de leur côté "peu d’occasion de nourrir leur confiance en eux-mêmes". Or, "lorsque l’occasion leur est donnée d’échanger entre adultes ou entre parents, ce sentiment de manque de confiance en soi évolue progressivement". Il faut aussi bien voir que "la crainte du placement des enfants est encore très forte" et qu' "exprimer sa difficulté comme parent reste un tabou (...), les liens avec les travailleurs sociaux, même bienveillants, s’en trouvent complètement biaisés. Les liens avec l’école sont eux-aussi souvent soit tendus, soit inexistants. Ces méconnaissance et incompréhension compliquent énormément les relations familles-école pour les familles précaires (...) Sans insertion dans la société, échanges avec d’autres, reconnaissance positive et liens sociaux, l’autorité et la responsabilité des parents vont être plus difficiles à mettre en place (...) Il faudrait [développer] des programmes de sensibilisation et de formation des intervenants sociaux à ce type d’approche auprès des personnes en difficultés sociales."

Un changement de regard

Plus globalement, "les dispositifs de soutien à la parentalité aux familles et enfants en situation de précarité restent très insuffisants" alors que "les préjugés pèsent sur les familles précaires" qui expriment pourtant "un fort besoin de reconnaissance". Le rapport attire également l'attention sur la situation des mineurs non accompagnés qui " pâtissent d’un manque de bienveillance et de protection malgré leur grande vulnérabilité".

La synhèse ici, le site et le rapport lui-même ici

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