Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

"Sciences et prise de décision en éducation" : échos du colloque de l’iréa

Paru dans Scolaire le dimanche 17 juin 2018.

"On part pour découvrir une nouvelle route des Indes, on utilise des cartes fausses, mais on trouve un nouveau continent" : c’est "l’effet Christophe  Colomb" que décrit ainsi Carine Royer (ESPE de Versailles). Effet avec lequel elle caractérise la recherche ce vendredi 15 juin, lors de la première journée du colloque de l’IREA (l’institut d’études, de recherches et d’animation du SGEN-CFDT) dont le thème est "Sciences et prise de décision en éducation. Validation et appropriation des recherches" dont voici des échos.

Olivier Rey, responsable de l’unité de veille scientifique de l’IFE (Institut français de l’éducation, ENS de Lyon) s’interroge : l’utilisation de la recherche en matière éducative doit-elle aboutir à une autorité et une légitimité qui s’imposent ? "Doit-on aller jusqu’à la prescription ?" se demande de son côté Carine Royer. Pour Olivier Rey, il y a peu de situations éducatives où la démarche expérimentale est possible. Et les neurosciences ne font qu’interpréter des imageries cérébrales.

D’autres propos portent sur la distance à avoir entre résultats de la recherche et enseignement, voire entre chercheurs, formateurs, enseignants et politiques. Mais Ange Ansour, directrice des Savanturiers-Ecole de la Recherche, déclare que "dans la posture d’enseignant, je dois être un peu chercheur". Et la chercheuse Anne-Marie Chartier tient à dire, en se référant à la déontologie de la recherche, "qu’on ne va pas s’interdire des recherches sous prétexte qu’il y a risque d’instrumentalisation par les politiques".

Pour Alain Pothet, IA-IPR et correspondant académique pour l’éducation prioritaire dans l’académie de Créteil, il faudrait que les enseignants aient des "cadres de recherche" reposant sur la rationalité et des hypothèses. Mais pour Sylvain Connac, enseignant-chercheur en sciences de l’éducation, les enseignants sont des ingénieurs qu’il préfère appeler "praticiens- chercheurs", dénomination dont la paternité revient à Célestin Freinet. Une intervention du public va dans le même sens : à une vision qui serait "des chercheurs qui réfléchissent et des praticiens qui exécutent", il faut substituer celle de chercheurs et d’ingénieurs. Philippe Watrelot, professeur de sciences économiques et sociales et formateur à l’ESPE de l’académie de Paris, interpelle : qu’est-ce que les praticiens ingénieurs peuvent apporter aux chercheurs ? Il lui est répondu que les praticiens apportent aux chercheurs ce que les enfants apportent aux enseignants : sans enseignants, il n’y aurait pas de chercheurs et sans enfants, il n’y aurait pas d’enseignants.

Antoine Prost l’affirme haut et fort : nombre de recherches dans le champ éducatif n’ont aucun intérêt pour les praticiens. Philippe Watrelot reprend la parole pour proclamer que, bien évidemment avec des intensités différentes, "nous sommes tous des enseignants chercheurs" : si les ESPE ne forment pas à l’innovation, elles peuvent former à des postures de recherche. La science permet la formation et les chercheurs sont des "amis critiques".

Une intervention de la salle rappelle qu’entre 1999 et 2002, il y a eu une démarche nationale pilotée par l’ex-Institut national de recherche pédagogique alors dirigé par Philippe Meirieu, démarche intitulée "Recherche Ecole primaire" qui a donné la possibilité d’un travail commun entre chercheurs, formateurs et praticiens de terrain. Peut-être pourrait-on avoir cela à l’esprit aujourd’hui…

L'intervention, le lendemain, de Roger Fougères qui évoque l' "Institut Carnot de l'éducation" qu'il a contribué à fonder va dans le même sens, faciliter les échanges entre enseignants et chercheurs, et Françoise Moulin-Civil, rectrice à Lyon jusqu'à récemment, souligne la nécessité d' "éviter le regard surplombant du chercheur", mais elle connaît aussi les limites du "bottom-up". Il faut que la recherche réponde à la demande, mais il faut la solliciter.

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →