Consensus universel sur la nécessité d'investir sur les premiers âges et le soutien à la parentalité (congrès d'Ensemble pour l'éducation de la petite enfance)
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire le vendredi 15 juin 2018.
C'est le 4 juillet que le président de la République devrait annoncer les mesures prises pour la petite enfance. Olivier Noblecourt, délégué interministériel "à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes", a indiqué hier 14 juin, que les structures d'accueil de la petite enfance se verraient assigner un objectif de mixité sociale. Il intervenait dans le cadre du 2ème congrès international organisé sur deux jours par "Ensemble pour l'éducation de la petite enfance" avec l'OCDE.
Si tous les intervenants, venus de 34 pays, ont insisté sur la nécessité d'un continuum entre structures d'accueil de la petite enfance et système scolaire, au point de demander que les 0-6 ans soient sous la responsabilité d'un même ministre, si tous soulignent la nécessité d'investir dans la petite enfance et le soutien à la parentalité, s'ils se fondent, pour beaucoup, sur les acquis de la science, puisque la plupart d'entre eux sont des chercheurs, ils évoquent tous la complexité de la question. Pour Jane Bertrand (Margaret and Wallace McCain Family Foundation), chargée de tirer les enseignements de ces deux journées de débat, "il n'y a pas de consensus", ce qui ne signifie pas qu'il ne faille pas tenir compte des données académiques, mais "réfléchir à toutes les conclusions".
La faisabilité d'une individualisation fondée scientifiquement
La question de la faisabilité d'une individualisation fondée scientifiquement est également posée, au vu de la "très grande variabilité individuelle" (Michel Boivin, université de Laval), et des différences de contexte culturel selon les pays, puisqu'un test fondé sur la capacité à dire son nom n'a pas le même sens en Chine où il suffit de deux syllabes, et en Mongolie, où il en faut une quantité (Nirmala Rao, Hong-Kong), au vu de la faiblesse des études scientifiques dans les pays les moins riches, et, même dans les pays riches, de l'importance des contextes locaux (Henrik Daae Zachrisson, Université d'Oslo), au vu du temps nécessaire à la collecte des données sur chaque enfant (Brenda Taggart, University College, Londres)...
Pourtant, des certitudes se dégagent, sur l'importance de l'éducation par le jeu, pour les petits, mais aussi pour les plus grands, sur l'importance des interactions entre pairs, et surtout sur la nécessité d'allier recherche de la qualité et recherche de l'équité.
Le syndrome d'exposition excessivee aux écrans
Ce congrès a aussi été l'occasion pour Anne-Lise Ducanda, médecin de PMI, de lancer un cri d'alerte. Les enfants de moins de trois ans qui sont plus de 4h par jour au contact d'écrans, y compris le poste de télévision allumé sans que les adultes le regardent, développent des troubles de la relation et une intolérance grave à la frustration, un syndrome "d'exposition précoce et excessive aux écrans", une expression du pédopsychiatre Daniel Marcelli, préférable à "autisme virtuel" qu'elle avait risquée. Elle insiste sur le soutien qui peut être apporté aux parents pour leur redonner leur rôle, les inviter à jouer avec leur enfant, à parler avec eux, d'autant que lorsque cesse cette exposition excessive, les enfants récupèrent très vite.
Les vidéos et les "cadres d'action" issus du congrès devraient être "très vite", dès le 25 juin, sur le site d' "Ensemble pour l'éducation de la petite enfance" (ici)