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La laïcité : "un principe joyeux" (J-M Blanquer)

Paru dans Scolaire le mercredi 13 juin 2018.

Intervenant en clôture du colloque du CNAL consacré à la parole des enseignants à propos de laïcité (ici), le ministre de l'Education nationale l'a définie comme "quelque chose de simple" qui se heurte pourtant "à la complexité du réel", d'autant que "certains s'ingénient à créer de la complexité". Jean-Michel Blanquer dénonce notamment "une casuistique vestimentaire" à laquelle il oppose "un principe offensif, actif" et même "joyeux" car il est "synonyme du bonheur à l'école".

Le ministre a eu à coeur de situer son action dans le prolongement de celle de ses prédécesseurs, mais en ajoutant à la prévention la capacité à "agir sur le terrain", à "aller très concrètement dans les établissements" et il indique que la plateforme de signalement des incidents en a reçu une cinquantaine en deux jours, qui vont "de la provocation adolescente à plus inquiétant".

Une norme ou un principe ?

Au cours des débats qui ont précédé l'intervention du ministre, Françoise Lantheaume (Lyon II) a fait état d'une enquête qu'elle dirige depuis 3 ans dans 61 établissements. Il en ressort que la première préoccupation des enseignants, ce sont les apprentissages, mais qu'ils sont vigilants sur les questions de laïcité, même si leur évaluation de la gravité des atteintes varie selon le contexte, la discipline et parfois leurs engagements personnels. Pour eux, la laïcité est davantage une norme qu'un principe juridique. Elle constate encore que prévaut une conception "de plus en plus libérale" du droit à l'expression des spécificités de chacun. Et, ajoute-t-elle, la diversité des religions des élèves n'est pas un problème dans un contexte de mixité sociale. Enfin elle considère que les meilleurs outils dont disposent les enseignants sont ceux qu'ils se construisent "entre collègues", pour répondre à des situations réelles.

Lydia Advenier, proviseure, indique que le syndicat des personnels de direction, le SNPDEN, qu'elle représente a vu sa position évoluer ces dernières années, avec le souci de la recherche du consensus sur un sujet "qui nous a divisés". S'agissant du vademecum, elle lui trouve la grande vertu de rappeler le droit sans porter de jugement de valeur, de "c'est bien" ou "c'est mal".

Tout le monde écoute

Tonalité semblable chez Alain Seksig pour qui "il est temps de se réunir". Jean-Louis Roder, professeur d'Histoire-géographie dans un collège de Seine-Saint-Denis, indique que les difficultés qu'il rencontre sont souvent liées aux temps des verbes, certains élèves lui reprochent de dire "aurait reçu" au lieu de "a reçu" quand il évoque la réception par Moïse ou le Prophète du message divin. Mais quand il dit "c'est intéressant, on va en discuter", "tout le monde écoute".

Stéphane Crochet (SE-UNSA) souligne que la question de la laïcité nous oblige à avoir "un regard moins immédiat" sur la performance scolaire et à nous souvenir que l'Ecole a aussi pour rôle la formation des citoyens. Eddy Khaldi (DDEN), se souvenant de propos de J-M Lustiger, souligne que les religieux n'ont pas perdu toute ambition d'agir sur le politique et que les catholiques mènent "une offensive institutionnelle". Aurélia Merle d'Aubigné, qui enseigne à Paris, évoque à l'inverse cette élève, enfant réfugiée se félicitant que "la laïcité lui ait rendu son prénom", alors que les autres enfants irakiens l'appelaient "la chrétienne". Eric Favey (Ligue de l'enseignement) estime pour sa part que "les enfants ne sont pas responsables", d'autant qu'ils n'ont "aucune raison de croire à la promesse républicaine, et que "les inégalités sapent les fondements" de la société. Il ajoute que "la concurrence est rude" sur le champ des valeurs, qu'elle est "déloyale" lorsqu'un jeune cherche à donner un sens à sa vie et que lui est proposé tout autre chose que l'humanité commune. Mais "l'Ecole ne s'en sortira pas seule", elle doit nouer "des alliances éducatives sur les territoires" via des PEDT dont la laïcité doit être un élément fort.

Jacobin, Girondin

Dans le même ordre d'idées, Jean-Paul Delahaye, président du CNAL, demande "si on peut être un personnel de la République sans être un militant de la laïcité, et il appelle à être "jacobin sur les principes", sur l'affirmation des valeurs et "Girondin sur les organisations", une formule qui "va bien" à Jean-Michel Blanquer pour qui "le système éducatif français est fort" parce qu'il est fondé sur "des principes clairs", hérités des lumières, mais que les enseignants "peuvent se sentir faibles" s'ils n'ont pas toute l'institution derrière eux.

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