"Sciences et prise de décision en éducation", sujet du colloque de l’iréa les 15 et 16 juin
Paru dans Scolaire le mercredi 13 juin 2018.
"Sciences et prise de décision en éducation, validation et appropriation des recherches", c’est le sujet du colloque qu’organise ce vendredi et ce samedi l'IREA (l’institut de recherches, d’études et d’animation du SGEN-CFDT, ici). Son président, Jean-Luc Villeneuve, répond aux questions de ToutEduc.
ToutEduc : Jean-Michel Blanquer déclare s’appuyer sur les recherches en éducation pour prendre des décisions. Ce colloque, est-ce pour se mettre dans le sillage du ministre ou bien est-ce pour lui porter la contradiction ?
Jean-Luc Villeneuve : Ni l’un, ni l’autre, car ce colloque est préparé depuis un an. Il se trouve que l’actualité ministérielle est intervenue durant la préparation de ce colloque. Peut-on dire que Jean–Michel Blanquer s’appuie sur la recherche en ce qui concerne les rythmes solaires ? Peut-on dire qu’il s’appuie sur la recherche en ce qui concerne l’apprentissage de la lecture ? Et la liste pourrait se prolonger…
ToutEduc : Les recherches en éducation sont souvent présentées en liaison avec l’innovation en matière pédagogique, voire en valorisation de cette dernière. Or, on ne retrouve pas cette liaison dans la problématique du colloque. Pourquoi ?
Jean-Luc Villeneuve : Comment affirmer que, dans les différents débats, aucune référence à la réflexion pédagogique ne sera faite ? Je signale tout de même, par exemple, que dans la première table-ronde, il y a les Savanturiers (ici) dont l’ambition consiste, en particulier, à mettre en avant des projets pédagogiques dans les écoles.
ToutEduc : Ce que vous proposez de traiter dans ces deux jours ne revient-il pas à renforcer l’idée d’une sorte de gouvernance du système éducatif par la science ? Alors que l’on sait qu’il peut y avoir des divergences entre chercheurs et, qu’à leur corps défendant, ils peuvent voir instrumentalisés les résultats de leurs travaux…
Jean-Luc Villeneuve : Sur le fond, vous avez bien entendu raison et ce, d’autant plus que l’on ne peut qualifier les sciences de l’éducation de science exacte. Pour autant, le but de notre colloque n’est-il pas, même modestement, de contribuer au débat entre les chercheurs eux-mêmes et avec la salle ? De plus, n’est-ce pas aux acteurs de la communauté scientifique de rejeter toute implication dans la gouvernance du système éducatif ? Certes, ce n’est pas simple et cela nécessite on ne peut plus le travail en équipe.
ToutEduc : Votre colloque semble mettre de côté le rôle que pourrait jouer l’expérience, les savoir-faire, les initiatives des personnels pour la prise de décision en éducation.
Jean-Luc Villeneuve : Au contraire, parce que dans l’élaboration du programme, notre conseil scientifique a eu cette préoccupation. Je me contenterai de rappeler le titre de la deuxième table-ronde : "Chercher et faire : recherches et pratiques professionnelles".
ToutEduc : Dans le programme de ces journées ne figurent pas de représentants de mouvements pédagogiques : serait-ce parce que leurs apports ne sont pas jugés pertinents par les chercheurs ?
Jean-Luc Villeneuve : Ce serait vraiment faire injure aux chercheurs. Après avoir signalé les Savanturiers, je me contenterai de signaler que l’un des intervenants a été, il n’y a pas si longtemps, président du Crap-Cahiers Pédagogiques… [Philippe Watrelot, ndlr, le site des Cahiers pédagogiques ici]
Propos recueillis par Arnold Bac