PISA : des enseignants expérimentés plutôt que plus nombreux en éducation prioritaire
Paru dans Scolaire le mardi 12 juin 2018.
Quelles sont les stratégies les plus efficaces pour lutter contre la fatalité qui veut que la localisation de l'école et le quartier d'où sont issus les élèves soient les meilleurs prédicteurs de leur carrière scolaire ? Pour l'OCDE qui publie un nouveau rapport d'exploitation des données de PISA consacré aux politiques de ressources humaines, il ne s'agit pas tant d'avoir dans ces collèges davantage d'enseignants et des effectifs réduits, mais des enseignants compétents, expérimentés. Le poids du statut socio-économique sur la réussite des élèves est plus important dans les pays où les enseignants sont les moins expérimentés sont dans les établissements les plus désavantagés.
Les politiques de ressources humaines des systèmes performants ont en effet trois caractéristiques communes : une période longue de formation en situation, des possibilités de formation continue, notamment dans l'établissement et des systèmes d'évaluation qui tiennent largement compte de la place faite à la formation continue.
En ce qui concerne l'éducation prioritaire, plusieurs pays ont mis en place des incitations financières mais l'effet n'est pas démontré. Certes, les primes ont pu réduire le "turn over" des enseignants expérimentés aux Etats-unis et au Canada, dans des pays où les enseignants sont recrutés par l'établissement et où le principal dispose d'une bonne marge de manoeuvre pour déterminer les salaires, mais en France où les enseignants sont fonctionnaires, elles ont surtout attiré de jeunes enseignants. Plus globalement, les systèmes où les politiques de ressources humaines sont décentralisées, qu'il s'agisse du recrutement, du licenciement ou du niveau de salaire des débutants ont de meilleurs résultats en termes d'équité et de répartition des enseignants sur le territoire, parce que les établissements ont davantage de possibilités pécuniaires pour attirer et plus encore pour retenir les enseignants les plus efficaces, mais aussi pour mettre en place des systèmes de coaching et de mentorat.
Le rapport s'intéresse aussi à la capacité des systèmes scolaires à donner envie à des jeunes de 15 ans d'être un jour enseignants. La question du salaire est évidemment importante, mais elle n'est pas déterminante pour les bons élèves, alors que tous, quel que soit leur niveau sont attentifs aux conditions de travail, aux effectifs et aux prestige de la profession. Les décideurs devraient donc améliorer les conditions de travail pour rendre les métiers de l'enseignement plus attractifs, surtout en termes de responsabilité et d'autonomie. Le rapport envisage d'autres pistes pour attirer les meilleurs étudiants, des bourses au mérite, des campagnes de communication, des voies d'accès pour des personnalités au parcours originaux, non conventionnels.
Le rapport "Effective Teacher Policies, Insights from PISA"