J-M Blanquer souhaite voir transformer la forme scolaire, il précise les liens entre science et pédagogie
Paru dans Scolaire le mercredi 06 juin 2018.
"Transformer nos manières de travailler", "repenser la forme scolaire" et l'architecture, "libérer les professeurs du travail de correction", "faire entrer la pédagogie dans le domaine de la preuve scientifique"... Jean-Michel Blanquer a prononcé ces formules hier 5 juin à l'occasion de l'inauguration du "110 bis rue de Grenelle" et ce 6 juin dans son discours d'ouverture du 6ème congrès de l'association pour la recherche en neuroéducation.
Hier donc, le ministre de l'Education nationale inaugurait un espace de quelque 350 m2, récupérés notamment sur le service du courrier, dans le bâtiment qu'occupe au 110 rue de Grenelle le ministère de l'Education nationale. Baptisé "110bis" et "lab d'innovation de l'Education nationale", cet espace de travail et d'exposition des innovations technologiques, où peuvent se retrouver des personnels du ministère, mais aussi bien des rectorats ou des établissements scolaires ainsi qu'acteurs associatifs et entrepreneurs, doit faciliter l'émergence d' "idées nouvelles" et "créer les conditions d'une intelligence collective". Les rectorats et les établissements sont invités à créer à leur tour de tels "labs".
Des marges de progrès en matière d'architecture scolaire
Jean-Michel Blanquer insiste sur les questions d'architecture scolaire, considère que nous avons "des marges de progrès" en ce domaine et annonce que le ministère "accompagnera" les collectivités, avec la CDC (Caisse des dépôts) pour soutenir les innovations qui touchent à la forme scolaire. Il évoque également le développement de l'intelligence artificielle et indique que le Conseil scientifique qu'il a constitué travaille sur les possibilités qu'elle offre en termes de transformation du travail enseignant, y compris donc les travaux de correction.
Le ministre pose également la question des données personnelles des élèves que l'Education nationale recueille, et qui sont d'autant plus sensibles qu'il s'agit de mineurs, et qu'un tiers des projets lauréats d'e-fran comportent une dimension "intelligence artificielle". Avec le secrétariat d'Etat au Numérique et la CNIL, dans le cadre du RGPD (Règlement général sur la protection des données), il vient "de décider des grands axes" d'une politique destinée à donner "un cadre clair" aux start-up comme aux GAFAM qui devront "adapter leur offre". Un "administrateur ministériel des données" sera d'ailleurs nommé dans quelques jours et "d'ici la fin de l'année" seront publiés les textes définissant "un cadre de confiance".
Une édition annuelle du "guide orange"
Il a repris certains de ces thèmes ce matin pour affirmer qu' "on célèbre l'articulation de la science et de la pratique" et il a cité Karl Marx pour qui "rien de plus pratique qu'une bonne théorie". Il ne faut pas les opposer mais les distinguer, et il ne faut pas penser que la science nous donne "des certitudes valables pour l'éternité", mais qu'elle nous permet "des avancées", ce qui n'interdit pas de fonder la pédagogie sur "la preuve scientifique", mais ce qui justifie, annonce-t-il, une seconde édition du "guide pour enseigner la lecture et l'écriture au CP" [parfois appelé "guide orange", ndlr] l'an prochain, une troisième édition dans deux ans, etc.