L'école est-elle suffisamment consciente des valeurs qu'elle transmet ? (sondage BVA - APEL - La Croix)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 29 mai 2018.
C'est Gilles Demarquet, président de l'APEL de Versailles qui devrait succéder à Caroline Saliou, présidente nationale à l'occasion du 20ème congrès de l' "association des parents d'élèves de l'école libre" qui se tiendra à Rennes les 3 premiers jours de juin. Vincent Goutines (Lot) devrait être vice-président. Le thème du congrès, "Transmettre" verra notamment intervenir Alain Bentolila (linguiste), Mgr Leborgne (évêque), Michel Guisembert (président de WorldSkills France), Yannick Blanc (président de la Fonda), Alain Boissinot (ancien recteur), Aldo Naouri (pédiatre)...
Ce congrès sera aussi l'occasion de commenter le sondage réalisé par BVA pour l'APEL et La Croix sur le thème de la transmission. Il témoigne notamment d'une "dissonance" entre les valeurs que les familles souhaitent transmettre à leurs enfants, l'autonomie et la bienveillance et celles qui leur paraissent dominantes aujourd'hui, le pouvoir et la réussite. Une dizaine de valeurs, définies toutes par un mot auquel sont associées plusieurs notions* (par exemple pour autonomie "créativité, liberté, indépendance, curiosité, choisir ses propres buts") ont en effet été proposées à quelque 600 parents d'élèves du public et du privé. Premier enseignement, les parents ont réfléchi aux valeurs qu'ils souhaitent transmettre, ceux qui scolarisent leurs enfants dans le privé à peine plus que ceux qui les scolarisent dans le public. Pour Julien Goarant (BVA), ce faible écart s'explique par le fait que les différences sont également faibles entre les divers parents, mais ne signifie pas que les attentes soient les mêmes.
La religion dernier acteur de la transmission
Cette "dissonance" entre les valeurs dominantes et les valeurs souhaitées placent l'école en bonne position. Après la famille (96% des réponses), c'est elle (79 %) qui "influence le plus les enfants dans la transmission des valeurs", bien avant "les amis" (56 %) et très loin devant les livres, les réseaux sociaux et internet (de 16 à 24 % des 3 réponses possibles), et encore plus loin la religion qui ne vient en tête que pour 1 % des répondants (9 % au total). A noter que le rôle des fratries et celui des associations et clubs, sportifs ou autres, n'apparaît pas dans le sondage.
Les parents estiment avoir le plus souvent avoir reçu comme valeurs l'autonomie et la bienveillance et ce sont celles qu'ils souhaitent voir transmises, mais la valeur tradition, qui vient en 3ème position des valeurs reçues ne vient qu'en 5ème position des valeurs à transmettre et se retrouve dans le peloton de queue des valeurs dominantes, pour lesquelles pouvoir et réussite viennent en tête (plus de 50 % chacune). Or si nombreux sont les parents qui ont reçu (35 %) et souhaitent transmettre (44 %) "ambition, orientation, compétence, influence" (les notions associations à réussite), ils ne sont que 4 et 7% à dire qu'ils ont reçu et souhaitent transmettre "autorité, leadership, dominance" (les notions associées à pouvoir). A noter que les parents n'ont pas reçu en héritage l'hédonisme (7 %), qu'ils ne souhaitent pas le transmettre (sauf 11 % des répondants), bien que ce soit une valeur relativement importante dans la société (23 %).
L'exemplarité du quotidien
Pour transmettre, les parents comptent d'abord sur leur attitude au quotidien ayant valeur d'exemple et sur la force de leurs convictions, mais aussi sur leur capacité à expliquer leurs expériences personnelles. Ils sont 90 % à considérer que l'école a pour rôle de transmettre des valeurs aux enfants. Ils ne sont toutefois que 7 sur 10 à estimer qu'elle en est bien consciente et un peu plus de 6 sur 10 à penser qu'elle "exerce suffisamment son rôle" (avec 5 points d'écart entre public et privé, en faveur du privé).
En ce qui concerne le numérique, les parents ne sont que 12 % à penser qu'il rend "plus facile" la transmission de repères, mais un tiers d'entre eux répond "ni plus facile, ni plus difficile". Ils sont quand même 3 sur 4 penser que la confrontation des jeunes avec le numérique "complique la transmission telle qu'ils pourraient la souhaiter", même s'ils sont 45 % à y avoir l'occasion d'échanges, et 34 ou 33 % à penser qu'elle "les oblige à réfléchir par eux-mêmes" ou qu'elle favorise "la transmission de leur vision des choses".
* selon le "modèle des valeurs universelles de Schwartz"