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Lecture, grammaire : création du collectif "Lettres vives" en réaction aux "recommandations" de J-M Blanquer

Paru dans Scolaire le jeudi 10 mai 2018.

"L’enseignement du français – et, au-delà, toute éducation digne de ce nom – devrait tendre à accueillir l’enfant (et pas seulement l’élève), en partant autant que possible de sa culture première pour qu’il donne du sens à ses apprentissages, qu’il en fasse des prolongements de l’expérience déjà vécue afin de devenir acteur et surtout auteur de nouveaux savoirs." Cette affirmation figure en bonne place sur le site, encore en cours de création de "Lettres vives". Catherine Chabrun (auteure de "Entrer en pédagogie Freinet") et membre de ce collectif depuis ses débuts répond aux questions de ToutEduc.

ToutEduc : Pourquoi avoir créé ce collectif ? Les mouvements pédagogiques et les associations disciplinaires ne manquent pas...

Catherine Chabrun : Notre désir de disposer d'un espace de rencontre pour tous ceux, enseignants ou non, qui se sentent concernés par l'enseignement du français spécifiquement - ce qui n'est pas le cas des mouvements pédagogiques -, et qui ne se retrouvent pas dans l'idéologie d'une association comme "Sauver les lettres", était latent depuis quelques temps. Mais la publication des "notes de service" et du "guide" pour l'enseignement de la lecture a provoqué une réaction quasi allergique pour beaucoup d'entre nous.

ToutEduc : Vous parlez d'une réaction "allergique", elle n'est donc pas fondée sur une controverse scientifique ?

Catherine Chabrun : Nous sommes évidemment attentif.ve.s à la question scientifique. Mais nous le sommes au moins autant à la question de l'envie et du plaisir d'apprendre. J'ai fait toute ma carrière d'enseignante dans le premier degré. Tous les enfants arrivent au CP avec l'envie d'apprendre à lire. Que se passe-t-il si on ne prend pas en compte cette flamme qui brille dans leurs yeux ? Si on commence exclusivement avec des ba - be - bi - bo - bu, on l'éteindra, sauf chez ceux qui trouvent dans leur environnement, dans la bibliothèque familiale et dans les usages culturels de leurs parents de quoi soutenir leur désir, indépendamment de l'école et de ses syllabes. L'efficacité d'une méthode ne sert à rien si elle n'est pas soutenue par le plaisir d'apprendre. Sinon, c'est effrayant.

ToutEduc : Vous vous situez donc dans un registre à la fois technique, didactique, et moral ?

Catherine Chabrun : Oui. Ces publications tendent à faire des enseignants et des élèves des exécutants. J'insiste sur le fait que les deux sont concernés par ces recommandations qui entrent dans le détail des pratiques, des exercices à pratiquer. Ils perdent leur qualité de sujets, de professionnels pour les premiers, d'acteurs de leurs apprentissages pour les seconds. Ca fait peur.

ToutEduc : Quelles sont les ambitions du collectif ?

Catherine Chabrun : Nous voulons mutualiser la réflexion entre tous nos membres, certains enseignent en maternelle, d'autres à l'université, mais aussi des personnes qui sont concernées par l'enseignement de la langue sans être enseignants. Il s'agit d'échanger sur nos pratiques, nos lectures, les recherches en cours, de parler de ce qui fonctionne dans les classes, mais aussi de partager ces moments de bonheur que l'on connaît en classe quand se manifestent la curiosité des élèves, leur finesse, leur capacité à se mettre à la place de l’autre qui nous émerveillent. Nous voulons défendre un enseignement du français ambitieux, et pourquoi ne pas le dire ? nos rêves, nos utopies...

ToutEduc : Etes-vous nombreux ?

Catherine Chabrun : A l'heure où vous m'interrogez, une soixantaine. Certains sont des militants, de l'ICEM-Pédagogie Freinet, du collectif "Questions de classe(s)", d'Inversons la classe, du GFEN, de l'AFEF..., d'autres des personnalités comme Laurent Ott ("philosophe social") ou Sylvie Plane, ancienne vice-présidente du Conseil supérieur des programmes, d'autres se présentent comme des enseignants de terrain ou des citoyens. Nous ne nous réclamons pas d’une tendance pédagogique particulière. Au contraire, nous assumons et revendiquons nos butinages pédagogiques. Notre mouvement se développera-t-il ? A nous d'en prendre soin.

 

Propos recueillis par P. Bouchard

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