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Les ambitions du CSP pour les programmes du lycée (enseignement général)

Paru dans Scolaire le jeudi 10 mai 2018.

"Eviter le bachotage" pour favoriser "la mobilisation d'une réflexion argumentée et délibérative", élever le niveau d'exigence des épreuves du baccalauréat mais limiter le caractère encyclopédique des programmes, veiller aux articulations entre les divers niveaux d'enseignement et entre les disciplines figurent très clairement, exprimées à plusieurs reprises, parmi les ambitions du Conseil supérieur des programmes telles qu'elles apparaissent dans la "Note d’analyses et de propositions sur les programmes du lycée et sur les épreuves du baccalauréat" que l'Education nationale vient de publier.

En voici des extraits qui, sans entrer dans le détail des propositions du CSP pour chacun des niveaux ou chacune des disciplines, témoignent de ce qu'on pourrait appeler "sa philosophie". C'est ainsi que les programmes devront tenir compte "et des attendus énoncés par les disciplines enseignées à la fin du collège et des attendus de l’enseignement supérieur". Il faudra "reconsidérer les enseignements dispensés au lycée pour affirmer leur ambition, pour approfondir les savoirs et les méthodes caractéristiques de chacun". Il faudra aussi combattre "l’influence considérable et déterminante des épreuves du baccalauréat sur les enseignements" [la forme des épreuves est actuellement le moyen dont dispose l'institution pour influer sur les formes pédagogiques effectivement mises en oeuvre dans les classes des lycées, ndlr]. Parfois apparaissent en filigrane certaines réticences face à la réforme, ou du moins des mises en garde contre certaines difficultés de mise en oeuvre.

Le contrôle continu doit permettre d'éviter le bachotage : "il importe que les professeurs ne soient pas contraints de construire leur enseignement à partir du choix de ces sujets [de la banque d'épreuves] (...), il faudra prévoir l’élaboration, dans le cadre de la banque nationale créée à cet effet, d’un nombre considérable de sujets pour ces épreuves communes".

L'épreuve orale [dite "grand oral"], dont les détracteurs affirment qu’elle "ne serait qu’un exercice de pur semblant qui, en sollicitant une rhétorique vide de contenu, reconduirait les inégalités culturelles", devra "être explicitement adossée aux enseignements de spécialité du cycle terminal".

Le CSP s'inquiète de l'articulation entre enseignements communs et enseignements de spécialité : "il importera que des passerelles soient garanties", "que des résonances soient ménagées entre les enseignements communs et les enseignements de spécialité", par exemple "entre les programmes de français de première, d’humanités, littérature et philosophie, de littérature et langues et cultures de l’Antiquité, de philosophie de terminale"....

Le nouvel enseignement commun, "l’enseignement scientifique" proposera "des pratiques variées, permettant de confronter faits scientifiques et idées, et laissant une large part aussi bien au raisonnement et au débat, qu’à l’observation et à l’expérimentation, destiné à consolider la formation scientifique de tous les lycéens". Y contribueront "toutes les disciplines scientifiques enseignées au lycée : la physique-chimie, les sciences de la vie et de la Terre, les mathématiques et l’informatique".

Un autre enseignement commun, de sciences numériques et technologie, est créé au niveau de la seconde "Il ne s’agira pas d’enseigner seulement des aspects techniques mais aussi l’histoire et l’épistémologie générale du numérique : (...) Cet enseignement, assuré par des professeurs de mathématiques ayant choisi l’option Informatique à leur concours de recrutement et par des professeurs de technologie expérimentés,

L’enseignement de spécialité "Numérique et sciences informatiques" devra (...) combiner les approches scientifiques, technologiques, culturelles, sociétales et éthiques qu’engage le développement du numérique et de l’informatique dans notre civilisation (...) ".

En mathématiques, "la construction du raisonnement s’est vue minorée et le sens même de la démarche mathématique s’est dilué du fait, notamment, de l’effacement relatif de la démonstration, (...) L’épreuve de mathématiques (...) devra retrouver une véritable ambition dans ses exercices, notamment en sollicitant davantage la réflexion du candidat et en l’invitant à construire une démarche de résolution de problème : c’est la démonstration, dans ses vertus formatrices, qui devra retrouver sa juste place."

En physique-chimie, "il convient de 'remathématiser' la discipline (en redonnant toute leur place à la modélisation et à la formulation mathématique des lois physiques) et, plus globalement, de mieux coordonner les différents enseignements scientifiques".

La réforme du baccalauréat placera l'EPS (Education physique et sportive) "dans une situation singulière : alors qu’elle figurera parmi les enseignements communs à tous les élèves, la modalité de son évaluation demeurera celle du contrôle en cours de formation, ne s’inscrivant pas, donc, dans le cadre des épreuves communes. Pour être légitimée, cette place singulière devra être explicitée et contribuer aux apprentissages des élèves."

En français, la note dénonce "une tendance au formalisme et au technicisme" qui prime "sur la maîtrise de la langue, la recherche du sens et la construction d’une culture". Le CSP estime que l’on pourrait "envisager des sujets de dissertation libérés de l’emprise formelle et proposer des questions ouvertes, plus largement humaines que strictement littéraires". A l'épreuve orale du baccalauréat, "le caractère figé et confinant au psittacisme de l’exposé est régulièrement déploré". Il faudrait "offrir une plus large place à l’autonomie, la culture et la sensibilité éclairée par la formation scolaire du candidat". Quant à l'épreuve d’écriture d’invention, "étrangère à la formation initiale des professeurs de lycée, [elle] suscite chez nombre d’entre eux des réticences".

L'enseignement "Humanités, littérature et philosophie" pourra donner lieu à diverses organisations, par exemple 1h de philosophie et 3 h de lettres en première et 1h de lettres et 3 heures de philosophie en terminale, ou 2h-2h/

L’encyclopédisme des programmes d'histoire-géographie "réduit les possibilités de proposer aux élèves des pratiques de classe variées, des exercices fréquents pour fixer leurs apprentissages et construire leurs compétences". Quant aux  épreuves, "leur orientation et leur formulation doivent être infléchies afin qu’en soit rehaussée l’ambition" pour favoriser "problématisation et réflexion argumentée".

Le maintien de l’enseignement moral et civique "exigera que l’on porte une attention particulière à la question de son évaluation à l’examen du baccalauréat (...) Le Conseil supérieur des programmes recommande l’élaboration de programmes moins étendus mais plus approfondis, et par ailleurs mieux articulés de niveau en niveau". Ils doivent encourager l’autonomie, la responsabilité et le développement de l’initiative".

Le nouvel enseignement "histoire géographie, géopolitique et sciences politiques" sera assuré par des professeurs d’histoire et géographie et par des professeurs de sciences économiques et sociales. "Les projets de programme devront déterminer des objets d’étude qui (...) seront communs à différentes disciplines. Sans compromettre l’idiosyncrasie des disciplines constituées ainsi que celle des savoirs et méthodes qui leur sont associés, on encouragera les études croisées (...)".

L’adossement des programmes de langues vivantes au "cadre européen commun de référence pour les langues" semble avoir favorisé "l’amélioration des résultats des élèves" et "le projet d’une évaluation par le biais d’une certification a toute sa légitimité" mais "cette modalité doit venir en sus des évaluations du baccalauréat et non pas se substituer à elles". Par ailleurs, "comme nombre d’enseignements au lycée, l’enseignement des langues vivantes est aujourd’hui préempté par la question de l’évaluation : il importe que les projets de programme proposent des solutions pour s’affranchir d’une contrainte qui ne favorise pas l’acquisition de connaissances durables et la construction de compétences solides".

L’équilibre entre les composantes de l'enseignement des sciences économiques et sociales "doit être revu afin de mieux prendre en compte les apports de la sociologie, des sciences politiques et les regards croisés, et de garder toute sa place à l’étude de l’économie". En ce qui concerne la première partie de l’épreuve au baccalauréat, elle "invite au bachotage". La deuxième partie "est un exercice artificiel", la troisième partie "ne permet pas la mobilisation d’une réflexion argumentée et délibérative".

Le document est téléchargeable sur le site du ministère, ici

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