Pédagogie Montessori à l'école élémentaire publique : l’enseignant est le catalyseur des apprentissages (ouvrage)
Paru dans Scolaire le mardi 08 mai 2018.
"Permettre aux enseignants du public qui le souhaitent de se lancer dans cette remarquable pédagogie", tel est l'objectif de Stéphanie Marchand. Membre du conseil d’administration d'une association qui milite pour le développement de la pédagogie Montessori au sein de l’école publique (www.public-montessori.fr), , elle-même professeure des écoles de l’enseignement public et diplômée de l’Association Montessori Internationale (AMI), elle publie "Montessori à l’école élémentaire, Du CP au CM2 à l’école publique", ouvrage qui vient de paraître chez Esf sciences humaines. Le livre, articulé en trois parties, fait le point sur les principes de la pédagogie Montessori pour les 6– 12 ans, propose des clés et des pistes pour l’appliquer concrètement dans la classe. Il fournit de nombreuses fiches pédagogiques.
Dans la partie "Les fondements de la pédagogie Montessori", sont évoquées la vie de Maria Montessori et l’origine de la pédagogie qui porte son nom. Les principes fondamentaux de la pédagogie Montessori en lien avec les enfants de 6 à 12 ans sont abordés dans le chapitre suivant, un dernier chapitre donnant, lui, un aperçu d’une classe Montessori et de la spécificité du matériel utilisé.
Montessori dans le cadre des programmes officiels
Dans la partie "Mise en œuvre", il s’agit de voir comment parvenir à installer les aspects fondamentaux de cette pédagogie dans une classe. Pour l’auteure, l’Education nationale imposant des obligations institutionnelles qui constituent un cadre, les objectifs et prescriptions y forment un espace sécurisant à l’intérieur duquel la liberté pédagogique reste entière. Selon Stéphanie Marchand, le programme, les compétences, les attendus de fin de cycle et les évaluations s’avèrent être des "contraintes libératrices" : ce sont des incontournables, mais leur mise en place et le cheminement de leur réalisation appartiennent à chaque enseignant. Toujours dans cette partie "Mise en œuvre", le positionnement de l’adulte, pilier du fonctionnement Montessori, est détaillé dans le premier chapitre. Deux chapitres suivants exposent des pistes facilement adaptables à la situation de chacun en traitant de l’aménagement de la classe et de son fonctionnement. D’autres chapitres portent, notamment, sur la façon de faire vivre les sorties scolaires et les classes de découverte, sur la richesse et l’intérêt des classes multi-niveaux ou encore sur les différentes manières d’établir une relation de confiance avec les parents.
La dernière partie du livre comporte les fiches pédagogiques pour que toutes les matières puissent être vues conformément à la pédagogie Montessori tout en faisant le lien avec les programmes officiels On trouve également dans cette partie des tableaux récapitulant pour chaque activité les compétences définies par le ministère et les attendus de fin de cycle.
Une vigilance de tous les instants pour chaque élève
L’inspecteur de l’éducation nationale et docteur en sciences de l’éducation qui préface l’ouvrage, Richard Ortali, souligne que la "méthode Montessori" n’est pas magique et qu’on ne saurait cacher le travail important que cela requiert de la part de l’enseignant. Ce que Célestin Freinet, dit-il, appelait "la part du maître". Pour lui, la pédagogie Montessori n’échappe pas au caractère exigeant qu’elle partage avec la plupart des pédagogies et des méthodes de l’Education nouvelle. Respecter le rythme de chacun, poursuit-il, n’est pas pour autant synonyme d’individualisme et l’éducateur Montessori s’appuie aussi sur la dynamique du groupe pour que chacun progresse. L’apprentissage se réalise dans une tension entre l’individualisation et la coopération. Et, insiste-t-il, au moment où est réaffirmé le primat de la manipulation, entre autres en mathématiques, la méthode Montessori offre aux élèves des supports afin d’exercer leur réflexion à partir d’un matériel concret propre à soutenir le champ opératoire de la pensée. En ce qu’il procure à l’élève les possibilités de réussite, continue-t-il, le matériel fortifie le désir d’apprendre et de travailler par la valorisation qu’en fera l’enseignant. Pour le préfacier, on en vient ainsi tout naturellement à reparler de bienveillance, "un important moteur de réussite de cette méthode". Il mentionne également "la capacité à gérer les apprentissages des élèves" : elle va faire de l’enseignant, loin de la figure de l’instructeur, le catalyseur de ces apprentissages car la responsabilité qu’il porte est de faire que la "liberté de l’élève" devienne source d’apprentissage et non d’échec. Pour cela, il est nécessaire que l’enseignant exerce une vigilance de tous les instants pour chaque élève : "telle est la part et la mission du pédagogue Montessori". Et si la tâche est rude, elle procure en même temps une intense satisfaction, affirmation qu’il illustre en citant, là-encore, Célestin Freinet : "Rien n’est exaltant comme un chantier, surtout lorsqu’on y construit des hommes."
"Montessori à l’école élémentaire, Du CP au CM2 à l’école publique", ESF sciences humaines, 272 p., 24€, en librairie le 15 mai
Arnold Bac