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Les "centres aérés" en mileu rural ont peu de liens avec les enseignants (étude)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le dimanche 06 mai 2018.

Les ALSH ("accueils de loisirs sans hébergement" ou "centres aérés") en milieu rural estiment que, malgré tous les discours sur leur place "au cœur d’une dynamique de coéducation", "dans les faits les liens avec l’Éducation Nationale restent souvent compliqués, voire inexistants"; la mise en oeuvre d'un PEDT [projet éducatif de territoire] "n’a apparemment facilité la communication que pour un tiers des ALSH interrogés (...) Moins de 15% des ALSH échangent sur leur projet pédagogique avec les acteurs de l’Education nationale de leur territoire." Cela n'empêche pas que les trois quarts de ces centres aérés "ont été jusqu’en 2017 ou sont actuellement en charge de l’organisation et de l’animation des TAP sur leur territoire" et que, pour un tiers d'entre eux, ils "se déclarent mobilisés dans le cadre des Plans éducatifs de territoire (...) La disparition partielle des TAP en 2017, puis complète en 2018, fragilise grandement une organisation qui venait de se stabiliser et commençait à porter ses fruits. Décriée par les ALSH interrogés, la disparition des TAP fait place à une nouvelle incertitude et nécessite un nouvel ajustement." Ce sont deux des éléments saillants d'une étude réalisés par le cabinet Eexiste à la demande de Familles rurales et de la MSA [mutualité sociale agricole] sur les ALSH en milieu rural.

Ceux-ci ont par ailleurs des relations fortes avec d'autres institutions. C'est ainsi que "72% des ALSH qui ont un EHPAD ou une maison de retraite sur leur territoire ont développé des relations avec ces structures et mettent en place des activités communes". Cette donnée est d'ailleurs illustrée par la photo d'une fillette ravie d'un jeu de société avec trois personnes âgées. La proximité avec les acteurs du territoire est "une caractéristique essentielle des ALSH en milieu rural (...) Souvent, les directeurs et animateurs sont originaires du territoire", "les habitants peuvent participer aux projets en devenant bénévoles". Pour de nombreux territoires, avoir un accueil de loisirs "est un gage d’attractivité et est donc essentiel pour garder des familles". 98% des ALSH sont soutenus financièrement par la collectivité dont ils dépendent. Cependant, "les relations ne sont pas toujours aisées, notamment avec les acteurs institutionnels départementaux qui sont plus éloignés du terrain".

L'effet pervers des appels d'offres

Au sujet des relations avec les collectivités, le cabinet évoque une tendance à la contractualisation. "Là où avant les accueils de loisirs fonctionnaient par conventions d’objectifs et de moyens avec les communes, ils sont aujourd’hui de plus en plus souvent dans une dynamique de contractualisation" et ce phénomène a été renforcé par la mise en place de la semaine de 4,5 jours, des appels d’offres ayant été organisés "pour permettre le choix des prestataires des TAP [temps d'activité périscolaire]; les communes ont souvent profité de l’occasion pour contractualiser l’ensemble des activités périscolaires voire extrascolaires". Cette logique de contractualisation "pousse souvent les acteurs à promettre beaucoup à moyens très réduits, dans l’espoir de maintenir des contrats avec la collectivité, parfois au détriment de la qualité."

Si l’évolution des règles relatives à l'encadrement a permis "d’améliorer les conditions d’accueil, elles présentent néanmoins de nombreuses contraintes pour des accueils de loisirs en milieu rural" notamment pour de nombreux accueils de loisirs "ouverts uniquement pendant les vacances scolaires, et/ou situés dans des territoires isolés" : "beaucoup sont obligés de demander des dérogations quant aux niveaux de qualifications de leurs directeurs et animateurs". Se pose aussi la question des taux d'encadrement pour de petits centres qui devraient recruter un deuxième animateur "pour un ou deux enfants en plus" qu'ils sont obligés de refuser. De plus, "36% des ALSH interrogés ont recours à des contrats aidés et s’interrogent sur leur avenir dans un contexte de baisse du nombre de ces contrats". L'étude souligne pourtant "l’engagement des équipes" qui "se traduit par une grande créativité, beaucoup d’énergie" malgré les difficultés de ces métiers "peu valorisés et peu rémunérés (...) Néanmoins ce sont des métiers passion, notamment pour les directeurs. Certains font le choix de s’y reconvertir, en fin de carrière."

Des lieux d’accueil ouverts

L'étude comporte également une analyse des principales caractéristiques de ces ALSH : "Si certains accueils de loisirs fonctionnent en multi-site, la plupart sont implantés dans une commune unique mais rayonnent sur plusieurs communes avoisinantes (...) [et] accueillent en moyenne des enfants de 6 communes différentes en période scolaire (...) Certains accueils de loisirs rayonnent sur plus de 20, 30 voire 40 communes dans des territoires très ruraux." L'organisation des transports périscolaires et extrascolaires fait problème, mais "les difficultés sont moindres sur les temps périscolaires ; la plupart des accueils se situent dans les locaux des écoles ou à proximité : les enfants sont donc déjà sur place pour accéder à l’ALSH." Ce sont, "en règle générale des accueils multi-âges" et "ce sont également des lieux d’accueil ouverts qui ne font pas de discrimination à l’égard des enfants aux besoins différents, dans le respect de la législation de 2005 mais aussi dans le respect d’une culture de l’Education populaire bien antérieure. Ainsi, 73% des accueils de loisirs sans hébergement accueillent ou ont accueilli par le passé des enfants en situation de handicap (...) Dans le cadre de cet accueil de la différence, les ALSH ne peuvent s’appuyer sur aucun dispositif spécifique (sauf expérimentations soutenues par la Caf dans certains départements), et de peu d’accompagnement spécifique."

La plupart des ALSH "pratiquent des tarifs différenciés en fonction du quotient familial des familles" mais certains préfèrent "se passer des aides des organismes de prestations familiales", au vu du ratio du temps consacré au suivi administratif et du montant des prestations. D'ailleurs, "l’ensemble des ALSH interrogés regrettent un alourdissement important des démarches administratives liées aux financements institutionnels, et des contraintes de fonctionnement (...). En outre, les évolutions régulières de la législation peuvent être difficiles à suivre. Tout ceci provoque souvent un essoufflement des bénévoles (...), si leurs élus les soutiennent, les administrations leur compliquent la vie. Ils regrettent des décisions politiques comme la disparition des TAP ou la baisse des contrats aidés, en l’absence d’évaluation ou de solution alternative pour leur pérennité."

Faciliter la mise en place de partenariats

L'étude préconise notamment "la généralisation de postes de coordinateurs territoriaux, ouverts aux ALSH hors fédérations" pour "rompre l’isolement" et jouer "un véritable rôle de mutualisation et d’appui sur des problématiques transverses qui concernent tous les ALSH". Elle propose également de "faciliter la mise en place de partenariats, par exemple par le développement d’un annuaire des bonnes pratiques et des ressources".

Le rapport "Les accueils de loisirs sans hébergement en milieu rural" (66 p.), est téléchargeable ici

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