"Ecrire et rédiger" : les recommandations du CNESCO
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 11 avril 2018.
"Ecrire et rédiger" suppose "une compétence complexe" qui suppose à son tour "une approche plurielle", estime Jean-Paul Bronckart. Ce professeur de l'université de Genève a présidé le jury de la "conférence de consensus" réunie par le CNESCO les 14 et 15 mars. Le jury, composé d'acteurs de terrain (enseignants, élèves, parent d'élèves, personnel de direction, inspecteurs...) a entendu de nombreux chercheurs, dont Catherine Brissaud et Michel Fayol, auteurs du "rapport scientifique", Sylvie Plane, Yvers Reuter, Denis Alamargot, Céline Grancher, Olivier Lumbroso, Monique Sénéchal, Marie-Laure Elalouf, Linda Allal, Franck Amadieu... Il en a tiré un constat et des préconisations.
Les enfants et les jeunes sont réticents face à l'écrit, peinent à rédiger un texte cohérent, les difficultés en orthographe s'accentuent... Les pratiques des enseignants ne sont pas toujours très encourageantes, le temps consacré à l'écriture est faible comparé à celui qui est consacré à la lecture, les écrits servent surtout à évaluer les apprentissages, et les corrections soulignent les fautes d'orthographe... S'y ajoute "la forte instabilité des programmes" et donc des références pour les enseignants qui, en fonction de leur formation à telle ou telle instruction officielle, n'ont pas les mêmes pratiques, au risque de la cacophonie ... ou d'un repli sur les formes les plus traditionnelles de l'enseignement, d'autant que 40 % des enseignants de CM2 n'ont reçu aucune formation spécifique à l'enseignement du français. L'état des lieux n'est pourtant pas uniquement négatif. Les manuels proposent davantage d'occasions d'écrire, l'écriture "SMS" a des effets positifs puisqu'elle invite à une compréhension de la différence des codes.
Le jury invite à "une stabilisation des orientations" dictées par le ministère, à une réduction de la diversité des notions, à développer les pratiques d'écriture collective, ou non conventionnelle. Il faut "entraîner les élèves à rédiger", articuler la production de textes et l'étude de la langue, ne pas faire mémoriser des mots sortis de leur contexte, exploiter les possibilités ouvertes par le numérique, même quand la recherche n'a pas encore permis leur évaluation... Mais surtout, le jury insiste sur la formation des enseignants qui doit leur présenter les acquis de la recherche, mais aussi les informer de leurs conditions d'utilisation, faute de quoi "c'est se payer de mots".
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