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Inclusion : en Italie, elle est totale, et les effets attendus sont davantage sociaux que scolaires (rapport - IGAENR)

Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 09 avril 2018.

En Italie, "les élèves lourdement handicapés sont inclus dans le système 'ordinaire' (...) À l’école primaire, 8 % des élèves en situation de handicap ne sont autonomes dans aucune des activités suivantes : bouger, manger ou faire sa toilette (...) Si la plus forte proportion d'élèves handicapés incapables de manger seul (9,6 %), ou de se rendre aux toilettes (19,1 %) se trouve à l’école primaire, ce taux est encore élevé dans le second degré (respectivement 6,5 % et 13,4 %)." Ces données sont extraites du rapport sur "l'inclusion des élèves en situation de handicap en Italie" que le ministère de l'Education nationale vient de publier. La mission des deux inspectrices générales de l'administration de l'Education nationale, quelques journées au mois de novembre, avait été "souhaitée par le ministre de l’éducation nationale, dans un contexte d’engagement du président de la République et du gouvernement en faveur du handicap".

L’inclusion scolaire s'ancre en Italie dans un contexte très différent de celui qui prévaut dans l'hexagone. Pour le comprendre, "il faut remonter aux années 70 et au militantisme puissant du psychiatre Franco Basaglia qui a mis un terme aux asiles italiens" en s'appuyant sur le mouvement anti-institutionnel, "né d’une certaine philosophie politique (Deleuze / Foucault)". Il s'agit aussi de "transformer les conduites à l’égard de toute déviance, tout handicap, toute marginalisation". Les deux auteures, Martine Caraglio et Christine Gavini, s'interrogent d'ailleurs. "Le processus d’inclusion se caractérise par le souci de faire accepter la différence. Les adaptations scolaires montrent plus une appréhension de la diversité comme source de bien-être social qu’une ambition de réussite scolaire à tout prix."

La déficience intellectuelle, jusqu'à l'université

La déficience intellectuelle représente en effet plus de 40 % des élèves en situation de handicap à l'école primaire, 50 % dans le second degré. "Le point d’orgue de ce modèle inclusif se situe dans l’expérience menée à l’université d’une sorte d’ULIS destinée à des étudiants avec des troubles des fonctions cognitives (atteints de trisomie 21, par exemple)." C'est une "commission médicale spécialisée" qui fournit le premier diagnostic, avant que soit élaboré un "plan éducatif individualisé" qui "décrit les caractéristiques physiques, psychiques, sociales et affectives de l’élève, les difficultés et les possibilités de compensation, ainsi que les capacités qui doivent être encouragées, sollicitées et renforcées". Des mesures peuvent être prises, limitation à 20 ou 25 élèves "lorsqu’une classe accueille un ou plusieurs (au maximum 4) élèves handicapés", matériel pédagogique, et aménagement des programmes. "Les élèves porteurs d’un handicap lourd qui ne peuvent obtenir l’Esame di stato (le baccalauréat italien) se voient délivrer un certificat de compétences reconnu par l’agence pour l’emploi, pour la recherche d’un travail".

Des "enseignants de soutien" peuvent intervenir. On en compte un pour trois élèves en situation de handicap dans la région du Latium qu'a visitée la mission. "Dans le cas où la situation de l’élève le nécessite, d’autres professionnels sont prévus pour affronter les problèmes d’autonomie et de communication" et on arrive au total à un adulte par enfant handicapé. Il faut aussi compter avec les autres élèves qui "semblent préoccupés par le sort réservé à leurs camarades disabili. En classe, ils les acceptent auprès d’eux dans toutes les activités, malgré un développement intellectuel souvent très éloigné et ils font montre d’une grande bienveillance."

"Le modèle italien ne pourrait être mis en place en France"

En France, font remarquer les deux inspectrices, "la conception sous-jacente à l’orientation en ESMS [établissements sociaux et médico-sociaux] est probablement qu’il existe un seuil de sévérité du handicap au-delà duquel la compensation par l’environnement physique, y compris par des aides techniques, est insuffisante". En tout état de cause, "le modèle italien ne pourrait être mis en place en France", mais il peut "être inspirant".

Elles proposent donc notamment de "faire de l’établissement (premier et second degrés) l’épicentre de l’éducation inclusive" et de "positionner explicitement – par lettre de mission – le directeur d’école ou le chef d’établissement au cœur d’une démarche qualité" mais aussi de "reconnaître le travail des enseignants, les soutenir et valoriser ceux particulièrement engagés dans le processus d’inclusion", de "modifier les attendus pour les enfants et adolescents dont le niveau scolaire est très faible", d' "offrir une formation à tous les enseignants" et de "former et nommer une personne ressource par établissement", d' "accroître significativement l’externalisation des unités d’enseignement (UE) des établissements médico sociaux de manière à ce que – au terme de cinq ans – 80 % des enfants en UE puissent bénéficier d’une modalité de scolarisation en milieu ordinaire" mais aussi de "développer des actions qui nécessitent l’implication de chacun dans le bien-être collectif"...

Pour consulter l'ensemble des préconisations de la mission, le rapport est téléchargeable ici

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