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Ecole et droits de l’enfant : le regard de l’association Education & Devenir

Paru dans Scolaire, Justice le lundi 09 avril 2018.

Après le colloque national de l’association Education et Devenir qui s’est tenu à Lille sur le thème "Ecole et droits de l’enfant", Françoise Sturbaut, sa présidente, répond à nos questions.

ToutEduc : Pourquoi organiser un colloque sur les droits de l’enfant, sujet rebattu et consensuel ?

Françoise Sturbaut : C’est un sujet qui est loin d’être rebattu. En théorie, il est consensuel : tout le monde ou presque est pour l’existence de cette convention internationale. Mais si l’on essaie de rentrer plus avant dans ces "fameux" droits et ce qui les constitue, on est alors étonné de se rendre compte que peu de gens connaissent véritablement ce qui, là encore, la constitue. D’autre part, on remarque depuis une dizaine d’années environ que l’on parle très peu des droits de l’enfant, que l’on parle plutôt de droit à l’enfant.

ToutEduc : École et droits de l’enfant...n’y-a-t-il pas des sujets plus d’actualité sur l’Ecole ?

Françoise Sturbaut : En effet, ce n’est pas un sujet purement d’actualité. Les différentes réformes annoncées par le gouvernement auraient pu faire autant de sujets. C’était justement notre volonté de nous écarter de cette actualité et de poser un sujet de fond, de réfléchir dessus : comment l’Ecole aujourd’hui prend en compte, structurellement et aussi dans la relation pédagogique, les droits de l’enfant à la fois dans leur dimension protectrice mais aussi dans leur dimension émancipatrice.

ToutEduc : N’est-on pas dans le culte de “l’enfant  roi “ ?

Françoise Sturbaut : Non pas du tout, au contraire. Reconnaître que l’enfant est une personne, c’est aussi savoir lui poser un cadre structurant pour lui permettre d’acquérir sa propre personnalité. Lui reconnaître des droits, c’est faire de lui un sujet à part entière. Et pour autant, cela n’enlève pas des droits à l’adulte.

ToutEduc : N’’est-ce pas une énième  façon de remettre en cause l’autorité dans l’institution scolaire?

Françoise Sturbaut : Non. On n’est pas ici dans une autorité fantasmée mais bien dans une autorité réelle qui néanmoins respecte l’enfant. Et c’est bien l’exercice même de cette autorité qui nous impose de protéger l’enfant.

ToutEduc : Peut-on aller jusqu’à tolérer que des élèves contestent l’enseignement des professeurs ?

Françoise Sturbaut : Ce n’est pas l’enseignement qui va être contesté mais, à certains moments, la façon de pratiquer cet enseignement. Il faut accepter que dans l’acte éducatif comme dans toute relation humaine, il y a à certains moments des injustices, voire parfois des violences exercées. Ce qui est inacceptable par contre, c’est que les élèves n’aient pas de recours contre cette violence ou cette injustice. Le recours, c’est la possibilité de mettre à distance, de différer et, in fine, de rendre justice avec le plus d’impartialité possible. C’est cela aussi l’apprentissage de la démocratie, non ?

ToutEduc : A contrario, la présence de représentants d’élèves dans des instances  (conseils d’administration, conseils de la vie lycéenne, etc. )  ne traduit-il pas une volonté d’institutionnaliser leur parole pour mieux la contrôler ?

Françoise Sturbaut :  Il me semble que ce pourrait être un danger en effet. Pourtant, n’est-on pas là justement dans l’apprentissage de la démocratie ? Ensuite, tout dépendra de la façon dont ces instances fonctionnent. Si le conseil de la vie lycéenne se contente de choisir la couleur de la salle de permanence, cela n’a aucun intérêt. Si, par contre, il se penche sur des questions qui intéressent directement la scolarité comme, par exemple les rythmes scolaires (la place de la récréation, l’existence ou non d’intercours…), on est dans une vraie dynamique collective et dans l’apprentissage de droits.

ToutEduc : Y-a-t-il des pédagogies d’acquisition des savoirs qui intègreraient les droits de l’enfant, l’apprentissage du dialogue et de la vie démocratique ?

Françoise Sturbaut : Je pourrais dire toute pédagogie active. Toutes celles qui rendent l‘élève, le jeune, acteur de sa scolarité.

ToutEduc : Quelles suites à ces trois journées ?

Françoise Sturbaut :  Après chaque colloque, nous éditons un cahier qui reprend l’essentiel des conférences et des interventions de ces trois jours. Ce cahier sera consultable sur notre site. Il sera finalisé d’ici septembre.

ToutEduc :  Pouvez-vous nous dévoiler le thème du prochain colloque ?

Françoise Sturbaut : Ce sera autour de la notion de service public ; donc, évidemment, tout particulièrement le service public d’éducation. C’est un sujet d’actualité et de société.

Propos recueillis par Arnold Bac

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