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L'essentiel du rapport sur les temps de l'enfant hors famille et hors école

Paru dans Scolaire, Périscolaire le dimanche 08 avril 2018.

"Créer un Pass-Colo universel de 200 euros pour les 6/14 ans", créer "au moins 100 000 places additionnelles dans des ateliers et clubs d’arts plastiques, design, théâtre, musique, danse avec l’appui des écoles territoriales d’art et des conservatoires", "développer le 'plan mercredi' en privilégiant des pratiques artistiques encadrées régulières pendant plusieurs semestres pour les 6 – 11 ans", "développer des espaces mixtes de travail et de sociabilité à destination des adolescents dans les médiathèques", ce sont quatre des propositions du "Conseil de l’enfance". Cette instance du HCFEA (Haut conseil de la famille, de l’anfance et de l’âge), présidé par Sylviane Giampino, publie, avec France Stratégie, le rapport "Les temps et les lieux tiers des enfants et des adolescents hors maison et hors scolarité", qu'il a remis vendredi 6 avril à Agnès Buzyn, quelques semaines avant la présentation du "plan mercredi". 

"En première approche", "le surcroît de financement nécessaire pour mettre en œuvre une politique structurante des TLT [temps et lieux tiers]" serait de "600 à 750 millions d’euros par an". Ces TLT représentent "25 % du temps disponible des enfants", contre 32 % pour l'Ecole et 30 % pour "le temps du faire en famille, auquel s’ajoute le temps à la maison sans activité avec la famille". Les TLT peuvent donc "être considérés comme le 3e éducateur des enfants", mais "l’accès à des activités structurées, structurantes est fortement inégalitaire".

Parmi les 11/17 ans, "8 enfants sur 10 pratiquent un sport mais les activités de bien-être corporel sont moins développées que les pratiques orientées vers la compétition", "près de 4 enfants sur 10 accèdent à une pratique artistique et culturelle régulière formelle ou informelle", mais 25 % des 11/17 ans ne se sont jamais essayés à une pratique artistique","moins de 10 % des adolescents ont une pratique régulière d'activités scientifiques ou technologiques, mais "une dynamique de développement émerge" tout comme pour les pratiques d'engagement, dont le niveau reste pourtant "encore très faible". Le rapport souligne également que "l’aménagement de l’espace public tenant compte des enfants et adolescents" est "encore balbutiant". Autre élément de l'état des lieux, "25 % des enfants ne partent pas en vacances".

Il faudrait donc créer 700 000 places pour des "activités encadrées" des moins de 11 ans et 300 000 pour les plus de 11 ans. Il faudrait également "étudier la possibilité de mettre en place un barème national et une modulation en fonction des revenus pour l’ensemble des pratiques périscolaires et extrascolaires".

Voici une sélection des préconisations de ce rapport très riche (290 pages)

 Celles qui concernent plus spécifiquement les collectivités territoriales

"Systématiser une démarche de diagnostic enfance jeunesse lors de tout projet d’aménagements des espaces publics par les collectivités locales."

"Elargir le cadre des conseils municipaux de jeunes ou Conseil des délégués pour la Vie Lycéenne (CVL) pour associer les enfants sous des formes permettant de voir déboucher des projets concrets sur des temps plus courts."

"Instaurer 7000 référents animateurs TLT qui agiront à l’échelle d’un bassin de vie autour d’un collège (...) Au niveau communal ou intercommunal, mettre en place un conseil participatif des TLT associant les acteurs de l’éducation populaire, et notamment les associations, les collectivités locales du territoire, les établissements scolaires, les établissements culturels, des entreprises et des représentants des familles et des enfants, afin de co-construire, avec l’ensemble de ces partenaires, les politiques publiques en direction de l’enfance et de la jeunesse."

Celles qui concernent plus spécifiquement l'Education nationale

"Renforcer l’accès aux cours de récréation en dehors des temps d’école, et étudier le développement des aménagements de l’espace public pour de l’activité physique, notamment ceux à destination des jeunes filles."

"Dans les collèges et les lycées, faire émerger les demandes des adolescents en matière de clubs de pratiques en amateur et co-construire avec eux les moyens d’y répondre en lien avec les professeurs et animateurs volontaires."

"Développer la participation des apprentis à des espaces de socialisation et de pratiques en amateur partagés avec les lycéens, comme moyen de sécurisation et d’émancipation de leurs parcours."

Celles qui concernent plus spécifiquement le milieu associatif et les "espaces jeunes"

"Les associations culturelles et sportives reposent sur une part importante de bénévolat et plus marginalement sur des contrats aidés. Il faut soutenir le bénévolat de professeurs et celui des étudiants et des actifs (...). Les entreprises, qui souhaitent que leurs collaborateurs soient ouverts, créatifs et impliqués y gagneraient."

"Pour les enfants à l’école élémentaire, les actions d’éveil à la culture et aux questionnements scientifiques se sont développées ces dernières années [le rapport évoque La Main à la pâte à l'école et Les petits débrouillards hors de l'école]", mais "à partir de 12/ 13 ans, les pratiques régulières (hors scolarité) pour ceux qui se découvrent un certain goût des sciences ou des techniques, sont largement sous-développées." Le rapport estime que 50 000 à 100 000 places pourraient être créées à horizon 5 ans, "et probablement 300 000 places à horizon 10 ans", dans des clubs de sciences et techniques. Certains pourraient être localisés dans des établissements scolaires, mais "ouverts à d’autres que les seuls élèves de l’établissement".

"Relativement peu d’enfants accèdent aux conservatoires et, complémentairement, les jeunes expriment un intérêt pour des disciplines non ou peu représentées dans les conservatoires." Plus généralement, il faudrait "faire une place plus grande aux nouvelles pratiques et à celles en train d’advenir". 

Il faudrait également "développer les pratiques de publications des enfants et adolescents y compris hors des établissements scolaires."

"Nombreux sont les enfants et les jeunes qui ont le désir de s’investir plus directement pour améliorer leur environnement, leur quartier, la vie de leurs proches ou de leurs concitoyens et de découvrir d’autres investissements que ceux développés à l’école. (...) De nombreux espaces jeunes sont susceptibles de répondre à ce besoin (maisons de quartiers, centres sociaux, Maison des Jeunes et de la Culture [MJC], bibliothèques qui abritent de plus en plus des espaces de travail partagés, etc.). Mais les lieux d’animation culturelle et socio-culturelle ne sont pas toujours adaptés à l’aspiration des adolescents." Il faudrait donc "développer au moins 1000 lieux fédérateurs hybrides - techniques, culturels et 'maisons des engagements' jeunes (...) en accompagnant [les adolescents] d’une présence d’adultes susceptibles de flécher vers des pratiques culturelles plus organisées."

A noter que le rapport préconise également la "présence ad hoc d’adultes tiers", par exemple d'étudiants de l'AFEV, dans les médiathèques où "les enfants qui viennent utiliser les ressources peuvent mettre en difficulté les professionnels" qui "sont formés à la conservation, la mise en valeur des livres mais pas à l’accompagnement d’un public qui n’a pas nécessairement les codes d’usage du lieu".

 Celles qui concernent plus spécifiquement l'Etat et les instances nationales

Il faudrait "créer un site internet (...) afin de soutenir les jeunes artistes amateurs et d’inciter les institutions culturelles et sociales des territoires à les accompagner".

"Etudier l’assouplissement des modalités de prise du congé sabbatique pour engagement associatif auprès des enfants et des jeunes en offrant la possibilité de prise sous forme fractionnée (par ex. une demi-journée par semaine pendant un an)."

"Etudier la généralisation à toutes activités périscolaires et extra-scolaires des modes de contrôle de l’honorabilité des intervenants en accueils collectifs de mineurs et mettre en place un référent sur les TLT au niveau de la préfecture."

"Intégrer des objectifs nationaux chiffrés (...) aux plans ministériels concernés, établir des co-financements état – collectivités locales pérennes, favoriser les financements dans la durée pour les associations, et le cas échéant mobiliser le grand plan d’investissement (...) Profiter de la prochaine COG [convention d’objectifs et de gestion de la CNAF] pour favoriser le financement des accueils de loisirs développant des conventionnements avec des associations et clubs sportifs, artistiques, scientifiques et culturels et des établissements culturels (...) Sur le modèle des conservatoires, développer des labellisations en partenariat avec le ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche et de la culture, dans les domaines artistiques, culturels et scientifiques pour faciliter l’attribution des financements structurants (tête de réseau etc.) par les collectivités locales ou la Caisse nationale d’allocations familiales."

Le rapport (intégral ou sa synthèse) est téléchargeable ici

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