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Jeunes radicalisés : les plus dangereux ne sont pas les plus "révoltés" (rapport remis à N. Belloubet)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice le vendredi 30 mars 2018.

"Les actes les plus sérieux [justifiant des poursuites pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste"] sont perpétrés par ceux que l’on attendait le moins (...) Généralement de bons élèves, ces jeunes vivent comme une désillusion le passage du collège au lycée." Ces éléments ressortent du rapport "Radicalité engagée, radicalités révoltées", une enquête de Laurent Bonelli et Fabien Carrié (sociologues) sur les jeunes radicalisés suivis par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Les conclusions en ont été présentées avant-hier mercredi 28 mars à la ministre de la Justice, Nicole Belloubet.

Les chercheurs distinguent deux groupes, les "révoltés" et les "engagés". Les premiers "sont les plus éloignés des passages à l’acte les plus sérieux (préparation d’attentats ou départ en Syrie)". Pour ces jeunes, la radicalisation apparaît comme "la recherche d’un cadre qui n’est pas donné par des environnements familiaux marqués par la violence et l’incertitude", à moins que la conversion à l’islam ne "s’intègre dans une conflictualité adolescente assez classique", marquée par une "profonde colère". Le rapport évoque encore des jeunes "en opposition directe aux institutions", "à la recherche d’une image à la fois valorisante et potentiellement menaçante vis-à-vis de l’extérieur" qu'ils vont chercher "dans le monde des bandes et de la délinquance". Ces jeunes sont suivis par la PJJ "pour des comportements ou des propos inquiétants ou pour apologie du terrorisme" et les auteurs recommandent de ne pas "surréagir au risque de renforcer les mineurs dans leur logique de révolte et dans une posture radicale".

Le profil des jeunes "engagés" est bien différent. Ils viennent, pour la grande majorité d'entre eux "de quartiers populaires et étaient inscrits jusque-là dans les collèges de leur secteur" où ils étaient de bons élèves. "Mais la donne change pour eux avec l’entrée au lycée", souvent de centre-ville, où "ils perdent la protection du groupe et sont confrontés à la fois à une intensification de la compétition scolaire et à une hausse des attendus des enseignants, pour lesquelles ils sont pour la plupart d’entre eux autrement moins armés que leurs camarades". Ils subissent de plus des brimades et des humiliations, du fait des enseignants, "sous forme de commentaires oraux ou d’appréciations écrites" ou "des autres élèves, qui font volontiers bloc contre ces nouveaux venus (...) Souvent, ces difficultés scolaires et relationnelles se combinent, faisant de l’entrée et du maintien au lycée général des épreuves difficiles à vivre, ressenties comme autant d’injustices". Les auteurs citent le cas d'un garçon qui a suivie "une scolarité exemplaire depuis la maternelle jusqu’à la fin du collège" où il a obtenu "systématiquement les félicitations du conseil de classe" et dont la situation s'est détériorée dès l'entrée au lycée.

Ces conclusions vont "à l’encontre des a priori faisant de l’engagement radical et du passage au terrorisme le propre d’individus les plus précaires et délinquants".

Le rapport et son résumé sont téléchargeables ici

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