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Congrès du SNES : des enseignants confrontés à "un tournant de société"

Paru dans Scolaire le jeudi 29 mars 2018.

"Un congrès sérieux", sans polémiques entre courants et entre académies. C'est ainsi que Frédérique Rolet en décrit l'atmosphère, à la veille de la conclusion du congrès de SNES, le 30 mars. Pour la co-secrétaire générale du syndicat FSU du 2nd degré, les enseignants sont inquiets face à ce qu'ils perçoivent comme "un tournant de société" et à "un président qui pose les jalons d'un pouvoir autoritaire". Les sujets de préoccupation ou de colère ne manquent pas : certes la réforme du collège a été assouplie, mais les dotations qui arrivent dans les établissements ne permettent pas de mettre en œuvre des classes bilangues sans renoncer à une autre option, donc aux dépens d'une autre discipline. Cette mise en concurrence entre collègues va se retrouver au lycée où la réforme amènera chacun à tenter d'attirer les élèves dans sa discipline, pour ne pas la voir disparaître. S'y ajoutent les réformes du baccalauréat et de l'orientation. Une enseignante du lycée d'Hénin-Beaumont est convaincue que ses élèves n'auront pas les mêmes chances d'avoir une place à l'université que ceux de Lens ou de Douai, vu l'image de la ville. L'ensemble donne l'image d'un pouvoir politique au "caractère compulsif", à en juger par le nombre des réformes lancées, même si certains peinent "à en percevoir la cohérence", comme nous le dit un congressiste. "On ne sait pas où on va", ajoute un de ses voisins, et un autre évoque "des attaques brutales, un blitzkrieg" et parle du "mépris" dont il se sent victime.

 Autre sujet de grande inquiétude, la fin du "dispositif Sauvadet" pour les contractuels. Or rien n'est prévu pour prendre le relais, alors que ceux-ci sont de plus en plus nombreux. Un décret de 2016 améliore leur statut, mais son application est laissée à l'initiative des académies. "Dans certaines, c'est parfait, dans d'autres, ça ne va pas du tout, et dans d'autres, il est carrément ignoré." Certes, la "cédéisation" de ces précaires va dans le bon sens, mais, nous confie l'une d'eux, "on n'a pas le droit de vieillir, il est très facile de mettre fin à un CDI, il suffit d'une mauvaise inspection. Et, quand on avance en âge, on a peur de ne pas avoir de poste, on accepte de très mauvaises conditions de travail..." Elle demande "un plan de titularisation" et voudrait que les contractuels soient dispensés des épreuves théoriques au concours.

Une nouvelle dynamique

Le congrès est l'occasion, tous les 3 ans, d'insuffler "une nouvelle dynamique" pour contrer les réformes, pour "enrayer un processus" avant qu'il ne soit trop tard. "C'est aujourd'hui ou jamais, nous sommes au pied du mur", estime Frédérique Rolet. Pour elle et pour le courant majoritaire, la politique actuelle est parfaitement cohérente, elle est libérale au plan économique et parce qu'elle renvoie chacun à sa responsabilité individuelle. Un texte de motion dénonce "le triomphe politique de la classe moyenne supérieure" et "la marginalisation des corps intermédiaires". Il est donc "indispensable de refonder le syndicalisme", et le SNES pourrait proposer à la FSU de lancer "un appel à organiser des états généraux du syndicalisme de transformation sociale". Pourrait être envisagée la création "d'un syndicat du second degré réunissant le SNES, le SNEP [éducation physique] et le SNUEP [enseignement professionnel]" tandis que "la FSU et la CGT doivent aborder tout ce qui les rapproche mais aussi ce qui les sépare". Il n'est pas question d'une fusion en l'état actuel, mais bien d'un rapprochement.

Par ailleurs, le SNES, du moins toujours selon le texte présenté par le courant majoritaire, estime qu'il est trop souvent "présenté comme s'opposant aux politiques de l'éducation impulsées par les gouvernements". Or, "lorsqu'il le fait, ce n'est pas par conservatisme, mais parce qu'il est porteur de propositions" qui s'inscrivent dans un projet "pour plus d'égalité et de solidarité", complète Frédérique Rolet. La motion ajoute : "il est crucial que le SNES-FSU diffuse par tous les moyens possibles son projet éducatif (...), développe des contacts avec les associations [et] les chercheurs."

 

 

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