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Comment mieux comprendre la consommation de produits toxiques à l’adolescence (Colloque de l’Afar)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 23 mars 2018.

Lorsque Martine Archambault de l’association Hors la Rue raconte ce qu’elle vit depuis un an auprès de mineurs isolés marocains consommateurs de multiples drogues errant dans le quartier de la Goutte-d’Or, elle affirme : "L’important, c’est de faire alliance avec eux, d’établir la confiance". Cette approche a été soulignée par tous les intervenants lors du colloque de l’Afar (un organisme de formation des professionnels de santé) sur la "Consommation de toxiques à l’adolescence et positionnement professionnel" qui s’est tenu vendredi 23 mars à Paris.

Face à des lycéens qui veulent "tester les effets d’une drogue", ceux qui "se dopent pour avoir de meilleurs résultats scolaires", ceux qui "sont séduits par le côté festif" et ceux qui sont "des consommateurs réguliers", William Couturier, agent de police en charge de la prévention auprès des jeunes publics scolarisés dans le 3e arrondissement à Paris, adopte lui-aussi une attitude de compréhension. Ils aident les adolescents à se demander "Pourquoi je ne vais pas consommer de drogues ?". Et même s’il rappelle ce qui est légal ou pas, il n’utilise surtout pas la notion d’interdit.

 Ne pas générer la peur

Gabriel Femenias, directeur général du Crips Ile-de-France (Centre régional d’information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes), se refuse "à générer la peur" et préfère "une entrée par produit, un travail autour du développement des compétences psychosociales : savoir dire non, savoir où trouver de l’aide dans son établissement, avoir un regard critique sur les informations qui circulent sur les drogues (réseau sociaux, télévision), prendre soin de soi et des autres…"

Pour Jean Chambry, pédopsychiatre, la consommation de produits toxiques par les adolescents est "le plus souvent en lien avec un trouble de l’estime de soi, hérité de l’enfance". Le "réaménagement psychique" au moment de la puberté peut conduire le jeune à tenter l’expérience de la drogue. Mais, "en fonction des substances consommées, des effets vont se développer, majorer les problèmes rencontrés et aggraver la fragilité narcissique". Et, suivant sa psychopathologie, le jeune "peut se limiter à des consommations ou s’engager dans une véritable addiction".

Effets sur le cerveau

Olivier Phan, pédopsychiatre et docteur en neurosciences, prévient des effets des différentes drogues sur le cerveau : "le LSD provoque une surcharge du tronc cérébral et des synesthésies comme la vision kaléidoscopique ; la cocaïne agit sur la zone sous-corticale, zone de récompense et provoque une sorte bien-être ; le cannabis agit sur plusieurs secteurs du cerveau, provoque des troubles réflexes et des troubles de la mémoire ; et l’alcool agit sur la totalité du cerveau". Il alerte sur les conséquences du "binge drinking" (biture express) qui menace le développement du cerveau des adolescents et provoque des dégâts irréversibles".

Présidente du groupe de lutte contre les addictions à la conférence des grandes écoles et responsable de la vie de campus à l’école CentraleSupélec à Paris, Patricia Fournier a lancé avec la Croix-Rouge et grâce au soutien financier de la MIDELCA, un programme expérimental de repérage des comportements à risques intitulé "Peer care". Ce programme comporte trois objectifs : la formation au repérage par les pairs, la réduction des risques en milieu festif et la formation au secourisme. "Sans vouloir faire peur", Patricia Fournier s’inquiète des "phénomènes d’alcoolisation dans les grandes écoles" et propose d’accompagner, "voire de professionnaliser les événements festifs organisés par les associations d’étudiants".  

 

Colette Pâris

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