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"L'intergénérationnel dans l'éducation", échos d'un colloque en Sorbonne

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le jeudi 22 mars 2018.

"La digitalisation à la fois donne et enlève du pouvoir", estime Andreas Schleicher. Le directeur de l’éducation et des compétences de l’OCDE intervenait hier 21 mars à l'occasion d’un colloque en Sorbonne titré : "L’école, les générations face au défi démocratique". Pour lui, la figure du maître est mise en cause : "Quand Google donne 15 000 réponses [à une requête], le discernement devient la mission". Il souligne par ailleus qu’il y a des pays comme le Vietnam qui réussissent aussi bien que les pays européens: "dans ces pays ‘pauvres’ l’éducation repose vraiment sur la notion de communauté éducative (...) La réforme de l’éducation c’est un projet de la société tout entière".

L’école-institution reste d'ailleurs "centrale dans la formation des subjectivités démocratiques", estime pour sa part Loïc Blondiaux (professeur de sciences politiques) car elle traduit un idéal de démocratie par la formation du peuple. Toutefois, prévient-il, "la démocratie est aussi dans les formes de vie individuelles" et elles aussi, à côté des institutions, façonnent des "qualités émotionnelles démocratiques" comme l’empathie, l’acceptation que l’autre puisse avoir raison, l’engagement, se penser légitime, une imagination pour créer un monde commun, etc. Mais, ajoute-t-il, attention ! la précarité des statuts individuels peut provoquer la montée des incertitudes. Or, aujourd’hui, "l’école n’a pas pour rôle de former des subjectivités … en fait, elle forme des élites, mais tellement convaincues de leur supériorité qu’elles ne s’occupent pas des perdants". Elle "est punitive" comme le système de notation le montre, "de sorte que ce sont les pédagogies alternatives qui paraissent les plus aptes à développer ces compétences". Avec le débat  actuel  sur le retour à l’autorité magistrale au détriment des interpellations éducatives, on va à l’envers" juge t-il amèrement. Et il ajoute : "avec la neurologie on met en cause la dimension sociétale de l’éducatif."

Pour le philosophe Bernard Stiegler, le savoir est une subjectivité collective comme "la culture (qui est) un savoir intergénérationnel". Avec les nouvelles technologies, "une désocialisation s'installe ; ce n'est plus à un conflit mais à une désintégration des relations intergénérationnelles" qu'on assiste. "Il faut lancer un travail associant chercheurs, enseignants, élus, parents (...) pour que la société s'empare de tous ces processus, c'est un contrat intergénérationnel qui est nécessaire".

La question d'un environnement propice à l'éducation des enfants et au développement de "qualités subjectives" se retrouve dans les travaux de Boris Cyrulnik car "dès l'instant où on est avec l'autre, quelque chose se transmet". Mais, met-il en garde, "les innovateurs empêchent de faire la sieste, c'est pourquoi ils ne sont pas admis" et il préconise de considérer des jeunes "qui ont des cerveaux programmés différemment avec les nouvelles technologies", à condition de leur faire commprendre qu'en tout apprentissage, "il y a plaisir de faire l'effort" . "iI y a un plaisir dans l'austérité."

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