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Marché mondial de l'éducation : la France et l'Education nationale doivent mieux s'organiser (rapport de l'IGAENR)

Paru dans Scolaire le jeudi 08 mars 2018.

"L’enseignement scolaire reste encore (mais pour combien de temps ?) dominé par les politiques nationales et les grands acteurs étatiques ou publics. Cependant, les initiatives privées se multiplient et tendent à s’imposer dans le domaine de l’éducation internationale, où des organisations nongouvernementales, comme celle du baccalauréat international (IB) et du College Board, ainsi que des investisseurs privés, créateurs d’école, occupent de plus en plus de terrain." C'est le constat de l'IGAENR. Le rapport de l'inspection générale de l'administration de l'Education nationale et de la Recherche sur "les objectifs et l’organisation de l’action internationale au ministère de l’éducation nationale et au ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation" vient d'être publié sur le site de ministère. 

Les inspecteurs généraux estiment qu' "on assiste depuis environ trente ans à la constitution et au développement d’un véritable marché mondial de l’éducation scolaire et de l’enseignement supérieur". Au total, "les dépenses mondiales d’éducation sont estimées à 4 500 milliards $ en 2015, avec une croissance annuelle prévisible de 7 %". Quant à "la numérisation de l’éducation", elle n’a certes pas pour vocation de se substituer aux modalités éducatives en présentiel, mais "elle peut intervenir efficacement pour compléter l’offre éducative sous sa forme traditionnelle". Il est donc "particulièrement urgent d’organiser l’offre française d’éducation numérique à l’étranger, non seulement pour ne pas céder des places de marché, mais aussi pour pouvoir accroître notre offre d’éducation internationale à un moindre coût et mieux l’ajuster à la diversité des demandes". Mais, indépendamment du numérique, "l’exportation française en matière éducative reste bien modeste et notre capacité à aller sur les financements multilatéraux ou européens limitée".

 Mettre en valeur les spécificités du système éducatif français

"Actuellement le CIEP [Centre international d'études pédagogiques - Sèvres], le DEI [le département des relations européennes et internationales au sein de la DGESCO], la DEPP [le service statistique de l'Education nationale], la DREIC [la délégation aux relations européennes et internationales et à la coopération] et jusqu’à un certain point l’IGEN et l’IGAENR [les deux inspections générales], interviennent, à des titres divers, dans la collecte d’informations et l’analyse touchant aux évaluations internationales et à la connaissance des systèmes éducatifs européens et étrangers, mais il manque un pôle unique de coordination stratégique de ces instances qui puisse opérer une cristallisation politique de ces données éparpillées de façon à favoriser des transformations réelles de notre système éducatif. Mais, à côté de la meilleure prise en compte par notre pays des expériences en provenance des systèmes éducatifs étrangers, il convient inversement de mettre en valeur et de diffuser les spécificités du système éducatif français qui peuvent intéresser les autres pays comparables ou en développement, comme par exemple, la définition d’un socle commun pour l’école primaire et le collège, l’existence de programmes disciplinaires nationaux visant l’édification d’une culture générale, l’existence d’une enseignement philosophique au lycée général et technologique, certaines caractéristiques de notre formation des maîtres ou de notre enseignement technologique ou professionnel."

La France dispose d'ailleurs "de sérieux atouts avec l’existence des sections internationales (...), des classes européennes et des classes bilingues ou bi‐langues. À cela s’ajoute le réseau des établissements français à l’étranger, piloté par l’agence pour l’enseignement français à l’étranger [AEFE] et la mission laïque française [MLF]" qui accueillent 350 000 élèves (60 % d’étrangers et 40 % de français) dans 137 pays. Toutefois, l'implication de l'Education nationale "dans ce dispositif d’excellence scolaire française à l’étranger" peut être qualifiée de "minimale" en termes de pilotage politique, malgré les moyens mis à disposition. Plus généralement, "notre organisation n’a pas la taille critique et elle est en outre dispersée".

Or, ajoute le rapport, "avec la perspective de l’augmentation de notre aide publique au développement de 0,35 à 0,55 % du PIB, dans les cinq ans à venir, avec notre engagement dans le Partenariat mondial pour l’éducation (...), il est indispensable de constituer un pôle plus puissant d’ingénierie en éducation."

Le rôle du CIEP

Les rapporteurs proposent "de centrer au CIEP cette activité, de faire entrer l’agence française de développement [AFD] à son conseil d’administration et de repenser son administration interne pour donner à cette dimension de l’établissement une nouvelle dynamique". En ce qui concerne les établissements français à l’étranger, leur statut juridique "doit évoluer" tandis que "la procédure d’homologation doit être modernisée et adaptée" et que le dispositif des mobilités enseignantes "gagnerait à être revu en profondeur, aussi bien pour assurer une meilleure rotation des entrants et des sortants que pour valoriser de façon significative les retours dans le système éducatif français".

Le rapport sur "Les objectifs et l’organisation de l’action internationale au ministère de l’éducation nationale et au ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation" est téléchargeable ici. Un rapport complémentaire, téléchargeable à la même adresse, porte essentiellement sur l'organisation adminstrative de l'enseignement supérieur.

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