Mayotte : une large intersyndicale dénonce "les méthodes coloniales" de l'Etat
Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 01 mars 2018.
"Nous ne pouvons que constater la faillite et l’incapacité de l’Etat" déclarent conjointement les organisations syndicales à Mayotte, CGTma, CFDT, FAEN, SNUIPP-FSU, Solidaires, ainsi que la CSF (confédération syndicale des familles) et Civerevos (collectif citoyen). Ces organisations ont déposé un préavis de grève illimité tandis que les enseignants font plus souvent valoir leur droit de retrait, notamment après les évènements très graves qui se sont déroulés aux abords du lycée de Kahani (voir ToutEduc ici), mais aussi à Passamainty, au lycée du Nord, et à Bandrelé.
Elles contestent les propos de la ministre des Outre-mer qui a évoqué le plan de sécurité mis en place il y a 2 ans: "le département devait recevoir un renfort de 108 fonctionnaires", mais seuls 15 sont venus effectivement renforcer les forces de l'ordre. Elles considèrent que la Justice a poursuivi les victimes plutôt que les auteurs des agressions. Mais surtout, elles s'étonnent de la formule "le Gouvernement ne laissera pas un territoire de la République s'enfoncer dans la violence et ses citoyens penser qu’on ne s’occupe pas d’eux" alors que, de fait, "Mayotte s‘est enfoncée en un temps record dans une situation extrême de rare violence". Elles dénoncent "les méthodes coloniales" et "les prétentions civilisatrices" de l'Etat et elles font valoir que "la délinquance juvénile est inexistante" dans les Comores indépendantes, "malgré leur pauvreté". Elle était d'ailleurs, ajoutent-elles, "pareillement inexistante à Mayotte, il y a quelques années".
Les formules conclusives de leur communiqué sont quelque peu sibyllines, mais elles annoncent qu'avec la population, elles entendent prendre l'initiative puisque la solution "ne peut émaner du système ayant engendré les problèmes".