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Les enseignants entre désenchantement et colère, selon la FSU

Paru dans Scolaire le mercredi 07 février 2018.

Les sentiments des enseignants vont du désenchantement à la colère selon qu'ils enseignent dans le 1er degré, en lycée d'enseignement général, dans l'enseignement professionnel. Plusieurs syndicats de la FSU avaient organisé, ce 7 février, une conférence de presse pour un "bilan d'étape" après la journée de mobilisation d'hier (voir ToutEduc ici), et ils font état des inquiétudes des personnels, mais aussi de leurs difficultés à les informer et à leur faire partager leurs analyses de la politique de Jean-Michel Blanquer. Sans texte de loi débattu au Parlement, et avec un minimum de textes réglementaires, leur préférant les vademecums qui ne sont pas soumis au CTM ou au CSE (Conseil technique ministériel et Conseil supérieur de l'Education), le ministre de l'Education nationale fait passer des mesures sans qu'apparaisse leur cohérence d'ensemble, font valoir les syndicats.

Pour le premier degré, Francette Popineau (SNUIPP) évoque "une période de désenchantement" après que Jean-Michel Blanquer a "gagné la bataille de l'opinion" sur les CP et CE1 à 12, les redoublements et les rythmes scolaires. Mais à mesure que les dotations arrivent dans les départements, "les enseignants se rendent compte" que les moyens nécessaires à la mise en place de la mesure phare n'y sont pas. Il y aurait, selon les calculs du syndicat, quelque 6 385 classes à dédoubler, pour 3 680 postes supplémentaires à la rentrée. Résultat : des effectifs plus lourds dans les autres classes, moins de "plus que maîtres que de classes" (même si les rectorats auraient mission d'en conserver 20 %), moins de remplaçants et d'enseignants spécialisés, des fermetures de classes, notamment dans le rural. Il y aurait des grèves et des rassemblements dans les départements au rythme des réunions des CDEN.

Les enseignants seraient également inquiets de l'avenir de l'école maternelle. Ils craignent que Jean-Michel Blanquer ait la tentation de laisser le soin aux communes d'accueillir les 2 ans, mais aussi les 3 ans, la scolarité commençant à 4 ans. Ils redoutent de plus que l'accent mis sur le langage ne se traduise par l'apprentissage de listes de mots.

Pour sa part, Frédérique Rolet (SNES) décrit des enseignants inquiets, ce dont témoigne, dit-elle, le nombre de ceux qui participent aux réunions d'information syndicales. Elle n'en a de plus jamais entendu autant qui parlent de changer de métier, parce qu'ils ne savent plus ce qu'on attend d'eux, que "leur métier perd de son sens". Mais beaucoup "ne croient plus aux mobilisations collectives". Parmi les sujets d'interrogation, la réforme du bac qui multiplierait "par deux ou trois" les temps de correction ("on va passer son temps à évaluer"), l'inversion de la logique qui fait que l'examen sera réformé avant les enseignements qui y mènent, le délai très court laissé au Conseil supérieur des programmes pour les élaborer...

Benoît Hubert (SNEP) estime que l'éducation physique et sportive ne fait pas l'objet "d'attaques frontales", mais que "tout est diffus". Ses collègues "n'ont pas toutes les clés de compréhension" alors qu'on parle Jeux olympiques, mobilisation contre l'obésité, grand plan interministériel sur les pratiques sportives, mais que le nombre des postes mis aux concours est en diminution.

Dans les lycées professionnels, selon Sigrid Gérardin (SNUEP), "on est en train de passer de l'inquiétude à la colère". En cause, la diminution des moyens, - 40 postes dans l'académie d'Amiens, - 60 dans celle de Créteil, la priorité donnée à l'apprentissage, avec le risque de voir les élèves faire une première année au lycée, et les meilleurs continuer leur cursus sous statut salarié. S'y ajoute la perspective d'une réorganisation des enseignements. On passerait de 80 spécialités (pour le bac pro) à une dizaine de "socles de métiers". 

Hervé Christofol (SNESUP) évoque la difficulté d'informer des universitaires qui sont débordés par les tâches quotidiennes, et qui peuvent croire que le système ParcourSup leur permettra d'avoir de meilleurs étudiants, alors que seuls quelques établissements auront sélectionné l'élite, et que se creusera le fossé entre universités. Il dénonce une mise en place illégale, puisque la loi n'est pas votée, des "attendus" anormaux, comme la possession d'un BAFA pour aller en STAPS, ou pour le moins surprenants, comme avoir lu Balzac et Flaubert pour faire Droit à Lyon, ou d'avoir la lettre de recommandation d'un professionnel à Aix-Marseille... De plus, les capacités d'accueil diminuent dans des disciplines qui n'étaient pas "en tension". Pour les candidats qui auront reçu un "Oui si", aucun parcours n'est prévu, du moins à Marne-la-Vallée...

Pour ce qui est de l'administration, le SNASUB dénonce les suppressions de postes (200 cette année), mais aussi l'absence de cadrage national. C'est d'ailleurs un point qu'évoquent tous les syndicats. En l'absence de textes autres que le livre-programme qu'avait publié Jean-Michel Blanquer (voir ToutEduc ici), les personnels ont "le sentiment qu'il y a quelque chose", sans parvenir à "décrypter la philosophie d'ensemble". Beaucoup de consignes seraient données par téléphone du cabinet aux recteurs, sur un mode autoritaire puisque certains d'entre eux auraient dû communiquer leurs agendas à l'entourage du ministre. Certains IEN [inspecteurs du 1er degré], sommés de faire en sorte que les "CP à 12" aient des résultats positifs, auraient conseillé aux enseignants de laisser tomber l'éducation physique pour mettre encore plus l'accent sur la lecture. Le SNUIPP annonce qu'il a lancé sa propre enquête pour un bilan de cette réforme. Les résultats devraient être publiés au mois d'avril.

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