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Guadeloupe et Martinique : aux spécificités territoriales, répondre par des mesures spécifiques (Rapport parlementaire)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 01 février 2018.

"La Guadeloupe et la Martinique présentent toutes les caractéristiques de la ruralité. Même si une majorité des habitants vit en zones urbaines et périurbaines, il y a des problèmes d'accessibilité et de circulation, des temps qui peuvent être rallongés parce que des classes et des écoles ferment du fait de la baisse démographique, et faire 5 km en Guadeloupe, ce n'est pas du tout la même histoire que de faire 5 km en métropole..." C'est l'un des constats faits par Bruno Studer (LREM) et Maxime Minot (LR), ce mercredi 31 janvier 2018, devant la commission des affaires culturelles et de l'éducation. Ils ont présenté leur rapport, réalisé suite à la mission sur la rentrée scolaire à la Guadeloupe et à la Martinique qu'ils ont effectuée entre le 4 et le 8 septembre 2017. Si ces territoires sont néanmoins considérés comme des zones urbaines et périurbaines, il faudrait, au vu de ce constat, leur permettre "de prétendre aux conventions ruralité signées depuis 2014" qui prennent en compte ce type de fragilités. "Les défis structurels concernant l'éducatif justifient le recours à des solutions spécifiques", commente encore Maxime Minot. "Il faut adapter le rôle et le fonctionnement de l'école à ces spécificités." En plus de dresser un état des lieux de l'école dans ces deux territoires ultramarins, les députés ont fait d'autres recommandations parmi lesquelles figurent la mise en œuvre d'un Erasmus caribéen et des dispositifs qui permettraient aux enseignants formés dans les ESPE (Écoles supérieure du professorat et de l'éducation) de rester sur place.

Donner le droit à ces territoires de contractualiser des conventions ruralités constituerait, selon eux, une mesure importante, alors que dans ces territoires les "conditions sont très difficiles pour les élèves". Ces territoires font face à une "crise démographique" qui entraîne la fermeture de classes et d'écoles - Bruno Studer cite le cas d'une école qui avait été construite pour 17 classes et n'en accueille que 4 aujourd'hui -. Un déclin dû à la fois à la baisse des naissances mais aussi à un "solde migratoire déficitaire" et à un vieillissement rapide, car "les jeunes partent" du fait d'un faible taux d'emploi. L'ensemble de ces mouvements explique en partie un PIB par habitant faible, un fort taux de titulaires du RSA, ce à quoi s'ajoute un fort taux de familles monoparentales. En outre, le niveau d'illettrisme est "trois fois plus élevé" que dans l'Hexagone, constate encore Bruno Studer, et le décrochage scolaire est "aggravé".

Lancer un Erasmus caribéen

Lancer, "à l'image de l'Erasmus européen", un "Erasmus caribéen" qui permettrait d'effectuer une partie des études dans les pays voisins, "voire en Amérique latine", est une autre recommandation faite par les rapporteurs. "Il y a urgence à renforcer les langues vivantes dès le primaire, car bien que le contexte soit multilingue, la maîtrise des langues reste insuffisante", observe Maxime Minot. Une mesure assez "simple" dont l'État devrait s'emparer, estiment-ils. Les rapporteurs ont souligné par ailleurs l'importance du Créole et donc du "bilinguisme maternel". Celui-ci justifie que cette langue soit "absolument" intégrée à l'école pour faciliter les relations avec les familles.

Si des solutions précises n'ont pas été données, plusieurs députés ont aussi souligné l'importance d'imaginer des dispositifs pour enrailler les départs ou favoriser le retour sur ces territoires. Maxime Minot indique qu'il serait opportun de recruter les nouveaux enseignants parmi ceux formés sur place dans les ESPE. "Or, la plupart doivent le quitter", regrette-t-il. Et le retour reste "compliqué" d'un point de vue "structurel", souligne de son côté Bruno Studer, du fait de la baisse des effectifs et de la fermeture des écoles. Selon le député, le ministre de l'Éducation nationale se serait engagé à travailler là-dessus.

Différer la rentrée scolaire pour tenir compte de la période cyclonique ?

Alors que les rapporteurs ont également fait état de spécificités climatiques "parfois redoutables", comme l'exposition aux risques cycloniques et sismiques (ils étaient d'ailleurs en mission lors du passage de l'Ouragan Irma), la chaleur et les fortes pluies qui peuvent provoquer des dégradations accélérées ou des problèmes de réseaux téléphoniques "récurrents", un député a évoqué l'idée de mettre en place un calendrier scolaire adapté aux conditions climatiques de ces territoires et d'organiser une rentrée différée "pour s'adapter à la période cyclonique qui s'étend de juin à novembre". Si ce député rappelle qu'il y a un principe d'égalité pour les examens, il juge la question "légitime" alors que, par exemple, "des élèves polynésiens sont amenés parfois à composer entre 22h et 2h du matin au nom de ce principe d'égalité". Si ce sujet "n'a pas été abordé avec les acteurs" lors de la mission, il pourra "faire l'objet d'une réflexion ultérieure", précise de son côté Bruno Studer, qui rappelle que Mayotte et la Réunion bénéficient de leur côté d'un calendrier adapté (ils rentrent en août).

Dans leur état des lieux, les rapporteurs ont observé par ailleurs que le dédoublement des CP s'était "bien déroulé", notamment "du fait de la baisse des effectifs". Sur les 19 classes de CP de Guadeloupe, 16 ont été dédoublées, et les 2 CP de Saint-Pierre organisés avec 2 maîtres pour chaque classe. Sur les 63 classes de Martinique, 47 ont été dédoublées. Les 16 autres sont multi-niveaux.

Si Bruno Studer observe également que la baisse démographique n'a, pour l'instant, pas entraîné une baisse du taux d'encadrement "dans de mêmes proportions", il fait néanmoins remarquer, sur la base des retours des personnels qu'ils ont rencontrés, que "le recours à des personnels peu qualifiés reste problématique".

Quant au coût des reconstructions suite aux dégâts provoqués par l'ouragan Irma, il s'élève à plus de 50 millions d'euros. Tous les enfants, soit environ 8 000 élèves, ont été rescolarisés à la rentrée et, depuis, 15 des 21 établissements touchés (la totalité) ont pu rouvrir dans leurs locaux. 3 ne rouvriront pas dans leurs locaux car ils sont situés sur des zones à risques. 2 de ces 3 établissements seront reconstruits totalement ailleurs et le dernier restera fermé.

Le rapport sera prochainement mis en ligne ici

nCamille Pons

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