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Mission parents/école : les rapporteures préconisent la généralisation de chartes explicitant les rôles de chacun

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 31 janvier 2018.

Généraliser des chartes qui définissent les rôles de chacun, développer les rencontres sur des prétextes "positifs", former les enseignants notamment en multipliant les stages pratiques dans des lieux très variés, et prolonger en formation continue notamment à l'occasion d'une prise de fonction dans un établissement, tester un système de tirage au sort d'une partie des parents délégués pour impliquer ceux qui ne se sentent pas "légitimes" dans l'école, telles sont quelques-unes des recommandations faites, ce mercredi 31 janvier 2018 auprès de la commission des affaires culturelles et de l'éducation, par les rapporteures de la mission "flash" sur les relations entre les parents et l'école. Missionnées le 11 octobre dernier, Aurore Bergé (LREM) et Béatrice Descamps (UDRL) devaient assurer un suivi des propositions du rapport Breton-Corre réalisé en 2014. S'il ne s'agit pas, au travers de cet exercice mené via une trentaine d'auditions, dont celle de Valérie Corre, de proposer de "nouveaux écrits" puisque "beaucoup a été écrit et de belles initiatives ont été mises en œuvre localement", "il reste néanmoins des efforts partagés à réaliser", a précisé Aurore Bergé. Béatrice Descamps juge de son côté que ce sujet "mériterait d'être développé plus encore", au-delà de cette mission flash.

Les rapporteures ont en effet souligné l'importance du concept de coéducation qui ne fait "pas toujours consensus" et surtout la nécessité de "clarifier de manière pragmatique ce qui est attendu de chacun". Elles proposent à ce titre de généraliser le principe d'une "charte sur l'égale dignité des acteurs éducatifs", proposition d'ailleurs faite dans le rapport de 2014, mais mesure qui reste peu répandue. Cette charte, annexée au projet d'établissement, "préciserait clairement le rôle et les responsabilités de chacun" et pourrait "constituer un support de référence lorsque survient une difficulté dans les relations à l’intérieur des établissements scolaires". Une manière "positive" d'impliquer les parents "dès la rentrée", justifie Aurore Bergé, sans attendre la seule implication par la biais des notes et des sanctions. Béatrice Descamps invite de son côté à s'inspirer de la "charte éducative de confiance" mise en œuvre par l'enseignement privé catholique depuis la rentrée 2015.

Formation des enseignants à chaque nouvelle affectation

En outre, pour permettre aux enseignants de s'adresser aux parents, la mission a rappelé l'importance de mieux les former à cette relation, constat étant qu'ils sont "prioritairement formés à la transmission de leurs savoirs en direction des enfants" et que "le manque d'information est un des principaux reproches que les parents adressent à l'institution scolaire". Or, constate encore Béatrice Descamps, "la place de ces enseignements spécifiques reste très modeste et variable selon les ESPE". Outre multiplier la diversité des lieux de stages en formation initiale, la députée suggère de compléter celle-ci, à l'instar de ce qui se fait par exemple dans le département du Nord, par une formation continue, dans certains cas "en partenariat avec les associations et centres sociaux", "lors de la prise de fonction dans un nouvel établissement". Formation qui permettrait à l'enseignant de "connaître la sociologie du quartier dans lequel s'implante l'établissement".

Ces formations ont d'autant plus d' "intérêt", souligne de son côté Aurore Bergé que la masterisation des études font que "les jeunes enseignants sont, plus qu'auparavant, issus des classes les plus favorisées de la population française", et que l'on observe donc "un éloignement sociologique croissant entre le personnel enseignant et les familles les plus modestes". Un constat qui s'appuie sur des "données chiffrées" a-t-elle précisé alors qu'une députée les a invitées à éviter l'emploi de "caricatures" comme celle-ci.

Un nouveau statut de directeur d'école sans élèves ?

Dégager du temps au directeur d'école apparaît également indispensable aux rapporteures qui jugent sa décharge "insuffisante voire inexistante pour lui permettre de former les enseignants et d'informer les familles". Interrogée à plusieurs reprises sur une éventuelle évolution du statut de directeur, Béatrice Descamps, elle-même ancienne directrice d'école, estime pertinent de créer un statut de directeur "sans élèves", mais à condition qu'il ne devienne pas ensuite celui de "plusieurs écoles". Solution, sinon, qui ne permettrait pas de résoudre le problème du temps, alors même que sont actuellement supprimées les aides administratives et que le directeur doit "garder le lien pédagogique pour pouvoir aussi monter des projets pédagogiques pour les élèves".

Enfin, une série de mesures est préconisée pour inciter davantage les parents à "s'impliquer dans la réussite de leurs enfants". Parmi elles, celle d'instaurer, "à titre expérimental", une part de tirage au sort dans la désignation des représentants de parents, pour permettre l'entrée des parents qui ne se sentent pas "légitimes". Part qui pourrait faire l'objet d'un "roulement" trimestriel, suggère encore Aurore Bergé. L'idée a néanmoins été critiquée par la députée Constance Le Grip (LR), qui invite plutôt "faire œuvre de pédagogie pour renforcer l'implication dans les élections".

Les rapporteures invitent aussi à développer les rencontres "autour de prétextes inclusifs, de rituels positifs, comme la semaine du goût, la rentrée en musique (…) ou le spectacle de fin d'année" ou encore des "réunions informelles organisées autour de thèmes choisis par les parents". "Lorsque l’école appelle les parents, c'est rarement pour une bonne nouvelle et souvent pour les convoquer. Il faut passer d'une logique de convocation à une habitude d'invitation", précise encore Aurore Bergé.

Informer sur les enjeux de l'intégration des enfants en situation de handicap

Enfin, la question de "pouvoir disposer de plus de temps pour échanger entre adultes sur le cas de chaque enfant qui a besoin d'un soutien particulier" a aussi été évoquée. En matière d'école inclusive, Béatrice Descamps souligne l'intérêt qu'il y aurait à ce qu'enseignants et éducateurs puissent "travailler ensemble dans la même classe" mais qui n'est pas "dans la tradition du système scolaire". Tout comme "il faut former les auxiliaires de vie scolaire", c'est un sujet, insiste-t-elle, "sur lequel il faut vraiment travailler".

Ont également été évoquées, durant les échanges, les expérimentations menées dans plusieurs écoles, à Orléans par exemple, qui consistaient à inviter les parents à des matinées de classe "pour faire prendre conscience de la réalité que vivent leurs enfants et les enseignants", expériences "extrêmement positives, notamment en maternelle", selon Aurore Bergé, et qui feront l'objet d'une présentation aux Assises de la maternelle programmées en mars (lire ici).

Abandonner certaines recommandations du rapport Breton-Corre

Au-delà de ces pistes, les rapporteures invitent aussi à abandonner certaines recommandations du rapport Breton-Corre, même si elles en ont souligné la "qualité" : notamment celle de confier la présidence du conseil d'administration d'un lycée à une personnalité extérieure, jugée incompatible avec le rôle et la responsabilité du proviseur de l'établissement, représentant de l'État, et celle consistant, pour les enseignants, à rencontrer les parents les plus éloignés de l'école à leur domicile. "Ce n'est pas leur rôle mais plutôt celui des associations", insiste Aurore Bergé, "et cela risque de casser cette parité d'estime que souhaite véhiculer l'idée de charte."

Interpellées aussi à plusieurs reprises sur la question des rythmes, les députées ont reconnu avoir peu abordé cette question durant les entretiens. Béatrice Descamps fait néanmoins état d'un "constat" des équipes pédagogiques : "plus la journée est courte, moins les enseignants voient les parents."

Camille Pons

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