"L’autorité n’est pas définie par un degré d’obéissance". Haïm Omer (Ouvrage)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice le mercredi 31 janvier 2018.
"Face à une autorité traditionnelle ébranlée et à l’échec du rêve de la permissivité", Haïm Omer, professeur de psychologie à l’Université de Tel-Aviv, propose le concept de "Nouvelle autorité". Si l’édition française de son livre vient de paraître, "sa première édition date d’il y a sept ans", prévient l’auteur. Un temps pendant lequel son approche a connu de "nombreux développements en termes de recherches, de mises en pratique et de diffusion", notamment en Israël, en Belgique, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis.
Les recherches de Haïm Omer "qui ne concernaient au début que les enfants au comportement violent ou destructeur, ont été étendues aux enfants porteurs de troubles anxieux, à des adolescents et adultes présentant un syndrome d’Asperger, à des jeunes psychotiques hospitalisés…". Et qui plus est, "à des comportements étrangers à toute pathologie, tels des comportements dangereux de jeunes automobilistes".
Une réponse à l’atomisation
Selon l’auteur, la "nouvelle autorité" a conduit à "une réduction significative de nombreux comportements problématiques chez les enfants, les adolescents et même chez les adultes". Il précise : "Les solutions que nous proposons apportent une réponse à l’atomisation de la vie sociale en une multitude de cellules ou d’individus isolés, esseulés et engoncés chacun dans sa sphère privée". Une "sphère privée" que "les théories psychologiquement dominantes tendent à renforcer".
Inspirée des méthodes de résistance non violente du Mahatma Gandhi, l’approche de Haïm Omer repose d’abord sur "la présence et la proximité", alors que l’autorité traditionnelle trouvait plutôt sa source dans "la distance et la crainte". Il s’agit d’aider les parents à retrouver leur place en toute transparence et par exemple à "mobiliser des groupes de soutien" devant lesquels "ils s’engagent à éviter tout comportement violent ou humiliant à l’égard de leur enfant". Une démarche similaire est recommandée aux enseignants qui "recrutent un réseau de soutien parmi leurs collègues, des parents et l’administration de l’école".
Entraver l’escalade
Pour Haïm Omer, "un représentant de la nouvelle autorité ne se contentera pas d’éviter tout comportement violent mais, bien plus encore, il prendra des mesures unilatérales pour entraver l’escalade". Il affirme : "Quand des enseignants réalisent qu’il n’est plus nécessaire de riposter sur-le-champ parce qu’ils ont été formés à réagir d’une manière décidée mais contrôlée, ils ressentent un vrai soulagement émotionnel et un renforcement de leur autorité".
La différence fondamentale entre l’ancienne et la nouvelle autorité est, selon l’auteur, "la relation entre autorité et obéissance". Dans l’ancien modèle, l’équivalence était complète, le niveau d’autorité était égal au niveau d’obéissance. Ce qui ne peut plus être le cas aujourd’hui : "L’autorité n’est pas définie par un degré d’obéissance mais bien par le fait qu’une partie compétente de la société a autorisé cette personne à remplir certaines fonctions et à poser certains actes nécessaires au rôle qui lui a été confié".
Illustrant son propos de nombreux exemples dans la sphère familiale, à l’école ou dans le quartier, Haïm Omer considère que son livre "forme un cercle" et ajoute : "Idéalement le lecteur n’a pas à l’ouvrir à la première page mais à n’importe laquelle car il exprime une idée unique dont chaque mise en œuvre présente une perspective différente sur ce cercle".
"La Nouvelle Autorité", Haïm Omer, Editions Fabert, 25€.
Colette Pâris