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Accompagnement par la recherche : 9 établissements suivis dans l'académie de Toulouse

Paru dans Scolaire le lundi 29 janvier 2018.

Pour sa troisième année de mise en œuvre, le dispositif PILAR, mis en œuvre dans l'académie de Toulouse, s'ouvre aux lycées d'enseignement généraux, technologiques et professionnels. Baptisé "Projet d'initiative locale adossé à la recherche", le dispositif consiste à "répondre à un besoin collectif de terrain et à accompagner celui-ci par un formateur de la DAFPEN (délégation académique à la formation des personnels de l'éducation nationale) en s'appuyant sur la méthodologie de la recherche pour l'analyse des pratiques", explique à ToutEduc l'IA-IPR (inspectrice d'académie - inspectrice pédagogique régionale), Annie Bousquet, l'une des coordonnatrices du dispositif pour l'académie. 9 établissements ont été retenus cette année, sur 24 candidatures reçues, contre 4 sur une douzaine de candidatures l'année précédente, alors que la première année, consacrée à l'expérimentation du dispositif, avait consisté à suivre un seul établissement, le collège connecté Jean Jaurès à Albi (Tarn). Parmi les thématiques qui font l'objet d'un accompagnement cette année, figurent l'accompagnement des apprentissages et le climat scolaire, la coopération au lycée avec le numérique, la mémorisation des apprentissages.

C'est la création de l'ESPE (École supérieure du professorat et de l'éducation) de Toulouse, en 2014, et la volonté de "resserrer la collaboration" entre celle-ci et les services du rectorat qui ont donné naissance au dispositif PILAR. Une équipe éducative, composée de 16 personnes maximum est accompagnée sur une année scolaire par un formateur coordonnateur et un référent "recherche" appartenant à la SFR "AEF" (Structure fédérative de recherche "Apprentissage, enseignement, formation") implantée dans l'ESPE. "Avec les nouvelles formations d'enseignants et les nouveaux référentiels des métiers, le besoin d'un accompagnement par la recherche s'est accru", explique l'Ingénieur Formation DAFPEN et chef de projet, Florence Canet. "Pour du développement professionnel et au sein même des établissements."

Observation, analyse et définition collégiales des pratiques et stratégies 

La réponse à l'appel à projets, envoyé chaque année en mai aux chefs d'établissements, doit d'ailleurs émaner d'un "collectif" de l'établissement et avoir été validé par le conseil pédagogique, car le besoin en formation doit concerner "une problématique métier" et "le geste professionnel", précise encore Florence Canet. Il peut donc d'ailleurs susciter l'association avec d'autres personnels comme les infirmiers par exemple. Les établissements sont ensuite accompagnés sur "un temps long", un an, pour donner le temps aussi de tester les transferts vers de nouveaux enseignants et répondre à "une volonté d'essaimage".

Le dispositif, "cousu main", équivaut à 6 journées de formation, soit 3 fois plus qu'une formation d'initiative locale qui ouvre droit à 2 journées. La formation, qui s'apparente à une démarche de recherche collaborative, peut être hybride en associant journées en présentiel et le suivi d'un magistère. Les équipes démarrent avec une première rencontre dans l'établissement, durant laquelle l'équipe pédagogique reformule ses besoins et les chercheur et formateur présentent "la manière dont ils envisagent de travailler, 'plan de formation' qui doit faire l'objet d'une contractualisation avec le collectif explicitant le calendrier, le travail demandé, la méthodologie de travail... " Une étape importante, car elle consiste vraiment à "confirmer le besoin, créer le collectif dans lequel tous les personnels vont s'engager", explique encore Annie Bousquet. "Ce ne seront pas ensuite des séances durant lesquelles ils viendront écouter mais durant lesquelles ils devront analyser, prendre des décisions collectives, etc."

Prolonger le dispositif PILAR via des FIL pour essaimer les pratiques

Les démarches peuvent être très différentes et les chercheurs issus de disciplines très diverses : psychologie du développement, psychologie cognitive, sciences de l'éducation... Au collège de Grisolles (Tarn-et-Garonne), où le projet devait consister à développer "un usage numérique raisonné" et à faciliter les interactions des élèves dans le cadre de ces nouveaux apprentissages, un enseignant-chercheur en sciences de l'éducation a proposé, au regard de la multiplicité de pratiques et d'outils qui coexistaient dans l'établissement, d'abord d'instaurer "un temps pour se regarder" et de venir en classes filmer ces pratiques.

Cette vidéo permettait une auto-confrontation de l'enseignant à ses propres pratiques, avant de faire ensuite l'objet d'une session de confrontation collective afin "de mettre en exergue les points de similitude, les écarts [entre les pratiques, ndlr], de les mettre en discussion et se mettre ensuite d'accord, de manière collégiale, sur des stratégies d'apprentissage", précise Florence Canet. Stratégies qui sont elles aussi mises en pratiques, filmées et analysées afin de vérifier si les objectifs sont atteints. Et la démarche avait conduit à la production d'une vidéo, diffusée à la journée de l'innovation à Paris. D'autres projets, en revanche, peuvent plutôt faire l'objet d'entretiens et d'écrits "réflexifs". Quelle que soit la forme choisie, il s'agit d' "un vrai engagement intellectuel", estime l'IA-IPR. "Car il s'agit d'accepter de s'observer soi-même, que les autres observent, de discuter de ses convictions..."

Une journée interacadémique de restitution des résultats en mars 2018

La formule, qui consiste à partir des besoins exprimés par les établissements, est, selon l'équipe qui coordonne le dispositif, unique en France, au moins jusqu'à cette année. Des dispositifs similaires avaient ainsi été mis en place à Grenoble et en Bretagne mais "partaient de demandes exprimées par la recherche", assure la chef de projet. Autre spécificité, "la forte volonté de couvrir tout le territoire". Démarche néanmoins assez compliquée car celui-ci est étendu et que le binôme doit se déplacer dans les établissements.

Du côté des chercheurs, c'est l'occasion d'observer et de modifier des véritables problématiques de terrain concernant les métiers, et de réinvestir ces observations dans des axes de recherche, même si, pour l'instant, nuance la chef de projet, "les corpus ne sont pas assez significatifs et le temps de l'évaluation - un an - insuffisamment long pour faire l'objet d'articles". Ces projets font en revanche l'objet de trois journées de restitution, dont une interacadémique, qui sera organisée à l'ESPE de Narbonne le 7 mars 2018. Des journées qui permettent de présenter les "résultats exploratoires", ainsi qu' "une analyse du dispositif et son incidence sur la formation". Aujourd'hui, des chercheurs travaillent sur le recueil de plusieurs données afin d'exploiter ces résultats et envisagent de positionner des doctorants sur ces questions.

Le rectorat planche de son côté sur des propositions de "prolongement", afin cette "démarche d'impulsion locale s'inscrive dans le temps", que tous "s'approprient la méthodologie", de "continuer à accompagner les stagiaires, élargir à d'autres collègues et transférer les acquis à d'autres pratiques à des fins d'essaimage", précise encore la chef de projet. Cela pourrait prendre la forme de FIL (formations d'initiative locale) la seconde année, comme cela s'est fait à Grisolles. Des établissements ont par ailleurs ouvert des espaces de partage où ils ont déposé des outils. D'autres ont constitué des conseils pédagogiques dédiés au PILAR afin de transmettre leur expérience et un chef d'établissement a banalisé une journée dédiée à la présentation de ce projet. Quant à l'impact de chaque PILAR, il devrait s'observer au travers des contrats d'objectifs établis tous les 4 ans par les établissements, estime Florence Canet.

Camille Pons

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