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Semaine olympique et paralympique : les élèves du primaire sont concernés (V. Moreira, interview exclusive)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 22 janvier 2018.

La semaine du 29 janvier sera "semaine olympique et paralympique" et l'USEP, l'union sportive de l'enseignement du 1er degré, organise dans ce cadre, le 1er février une rencontre Paris-Seine-Saint-Denis, où les ateliers sportifs en athlétisme alterneront avec des ateliers thématiques sur la santé, les valeurs de l'olympisme, le handicap... Véronique Moreira, présidente de l'USEP et vice présidente du CNOSF [comité national olympique et sportif français] en charge des relations avec l'Education nationale répond à nos questions.

ToutEduc : La sensibilisation des enfants de l'école primaire à la question du handicap passe-t-elle par des épreuves distinctes, comme aux jeux paralympiques ?

Véronique Moreira : Non, notre philosophie, c'est l'inclusion, nos rencontres USEP sont adaptées pour que tous les enfants, quelles que soient leurs potentialités, puissent y participer. En complément et pour changer le regard sur le handicap, nous sensibilisons les enfants aux disciplines sportives paralympiques. Ainsi, lors de certaines rencontres les enfants valides peuvent s’exercer à jouer au "ceci-foot", en se bandant les yeux, à la boccia ou au basket dans un fauteuil...

ToutEduc : Une pratique sportive a, le plus souvent, un enjeu. On joue pour gagner...

Véronique Moreira : Effectivement, mais la compétition génère souvent l'exclusion des moins doués. A l’USEP, l'enjeu est maintenu mais sous forme de défi personnel, c’est-à-dire gagner par rapport à soi-même, ou sous forme de défi collectif où cette fois-ci les performances individuelles sont mutualisées au profit du groupe. Pour nous, les activités physiques, sportives et artistiques doivent être l'occasion d'éprouver des émotions positives, de verbaliser des ressentis pour dépasser le "courir, c'est fatigant !". Plus globalement, nous cherchons à donner aux enfants le goût de la pratique sportive, car plus un enfant pratique jeune, plus il ressentira le besoin d’entretenir une pratique sportive tout au long de sa vie. C'est aussi un support idéal pour aborder l'éducation à la citoyenneté, à la santé, au développement durable,...

ToutEduc : L'UNSS, votre homologue pour le 2nd degré, est davantage axée sur la compétition. Malgré cette différence, vous avez signé, lors du salon de l'éducation, une convention avec elle. Qu'en attendez-vous ?

Véronique Moreira : Cette convention est importante, elle témoigne de notre volonté de travailler ensemble dans le respect de chacune de nos entités et de nos spécificités. La liaison CM2-6ème, avec ce cycle 3 "à cheval" sur les 1er et 2nd degrés aurait pu conduire à la tentation, là où il n'y a pas d'USEP, de licencier à l’UNSS des élèves des écoles primaires; la signature de cette convention permet de clarifier les périmètres d’interventions respectifs de nos deux fédérations. Autre dimension de cette convention, favoriser les passerelles pour construire des parcours sportifs de la maternelle à la terminale. Par exemple, permettre à des élèves de CM2 de participer à des évènements organisés au collège sans prise de licence supplémentaire et inversement. On pourrait d'ailleurs imaginer un "brevet de sport scolaire" en fin de cycle 3, qui prenne en compte les compétences acquises au niveau associatif et sportif dans le parcours scolaire global. La convention prévoit d'ailleurs la possibilité de formations conjointes des enseignants des deux degrés, même si elles ne sont jamais simples à organiser, puisque les uns sont bénévoles, alors que pour les professeurs d'EPS, ce temps est intégré à leurs obligations de service....

ToutEduc : Fallait-il une convention nationale pour des réalisations qui semblent assez évidentes, et mises en oeuvre au niveau local ?

Véronique Moreira : Effectivement, lors des journées nationales du sport scolaire, en début d'année, 80 % des rencontres impliquent des enfants des deux niveaux, ça se fait assez naturellement. Mais dans les rectorats, lorsqu'on pense "sport scolaire", on pense UNSS, qui est un service déconcentré de l'Education nationale alors que l'USEP est une association, composante sportive scolaire de la Ligue de l'enseignement. Dès lors, il était important de faire valoir que nous existons aussi. D'ailleurs, l'inspection générale d'EPS prépare pour le 13 mars un séminaire sur l’EPS au cycle 3 auquel l’USEP est associée.

ToutEduc : La perspective des jeux olympique de 2014 a-t-elle un impact sur le 1er degré ?

Véronique Moreira : Oui. L'USEP est impliquée dans au moins deux mesures inscrites dans le programme d’appui à l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques 2024. La première c’est de parvenir à développer une AS USEP dans chaque école, la deuxième prend la forme du label "génération 2024".

Il s’agit de labelliser une école, un collège et un lycée par académie prêts à s'engager à "développer des projets sportifs structurants visant la continuité éducative", à "travailler étroitement avec les collectivités territoriales, ainsi qu’à tisser des liens avec le monde sportif local et éventuellement les entreprises". L’USEP participe aux comités académiques de pilotage du label "génération 2024".

A l’initiative du CNOSF, l'Education nationale avait déjà signé en 2013 une convention formalisant la collaboration avec les fédérations sportives, le ministère des Sports et le ministère de l'Agriculture. Cette convention sera reconduite en y incluant les évolutions liées aux perspectives olympiques de 2024, notamment comment développer le sport pour tous tout en permettant aux élèves se destinant à la performance de haut niveau de pouvoir garantir la réalisation d’un double projet scolaire et sportif, comment mieux prendre en compte les filières de formations liées aux métiers du sport. Cela suppose des aménagements du système scolaire pour ces enfants qui pourront, peut-être briller aux jeux de 2024... Jean-Michel Blanquer a annoncé 1000 sections sports-études (voir ToutEduc ici). Il souhaite aussi multiplier les classes à horaires aménagés.

ToutEduc : Cela suppose aussi de travailler avec les fédérations sportives...

Véronique Moreira : Actuellement, de nombreuses fédérations s’interrogent sur leur perte de licenciés car les pratiques sportives évoluent, plus d’acteurs pour des offres diversifiées, plus de pratiques libres, l’envie de pratiquer plusieurs sports dans la même année, des parents qui n’inscrivent pas leurs enfants en club sportif pour des raisons économiques… Si nous voulons augmenter le temps de pratique sportive chez l’enfant il faut lui donner l’opportunité de pratiquer sur tous les temps, école, sport scolaire, centre de loisirs, clubs sportifs, famille. Chacun comprend alors qu'il a besoin de l'autre, d’où la nécessité pour les fédérations sportives de créer "des passerelles avec l'école" en s’appuyant sur les fédérations sportives scolaires dont c’est une des missions…

Le cahier des charges de la labellisation "Génération 2024" est téléchargeable ici

Propos recueillis par P. Bouchard, relus par V. Moreira

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