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De quand date la baisse du niveau en mathématiques ? Le point de vue d'A. Bodin, ancien responsable de l'observatoire de l'association des professeurs de mathématiques

Paru dans Scolaire le lundi 15 janvier 2018.

En 2004, le responsable de l’Observatoire EVAPM [un dispositif d’évaluation développé dans le cadre d’un partenariat entre l'association des professeurs de mathématiques (l'APMEP) et l'INRP (devenu depuis l'IFE)] lançait l'alarme et dénonçait une baisse significative du niveau des élèves. ToutEduc a eu copie de ce document de travail qui n’a jamais été publié. L’auteur, Antoine Bodin, rappelle qu'il avait été sollicité une première fois au début des années 90 par l'Education nationale, alors que Jack Lang était ministre, et, se fondant sur les données disponibles, donc sur les dix dernières années, n'avait pas conclu à une baisse de niveau. De même, en 97, une évaluation sur le niveau des élèves en fin de 6ème ne conclut pas à une baisse de niveau "malgré les appels du pied de nombre de collègues". Interrogé par ToutEduc, l'auteur souligne ses collègues "lui en avaient voulu" de ne pas acter ce qui était pour eux une évidence. En 2000 à nouveau, les résultats d'une évaluation en début de 1ère S "ne permett[ent] pas de parler de catastrophe", mais l'observatoire perçoit "des indices inquiétants".

L'étude menée en 2003 sur des élèves de seconde, commentée donc en 2004 "montre, pour la première fois depuis le début d’EVAPM [donc de la création de l'observatoire en 1987, ndlr], une baisse importante dans les résultats observés (...). La baisse est visible partout, sauf en statistiques où, au contraire, on enregistre une progression significative." La baisse est surtout notable dans le domaine numérique pour lequel la "perte de compétences" serait "de l’ordre de 25%", le taux moyen de réussite passant de 42% à 30%".

Le document s'interroge sur les causes de cette baisse du niveau, et trouve une explication, que résume la formule "on réussit ce que l’on aime, on aime ce que l’on réussit". Les élèves se détournaient-ils des mathématiques "à cause de l'image qu'ils en ont". L'auteur, Antoine Bodin, constate aussi que les conclusions de l'étude "rejoignent largement celles de l'étude PISA 2000 de l'OCDE qui concluait que les élèves français de 15 ans avaient des connaissances (légèrement plus que les élèves d'autres pays comparables) mais qu'ils ne savaient pas les mobiliser dans des situations ayant un rapport avec l'utilisation que l'on peut faire des connaissances mathématiques (significativement moins que les élèves d'autres pays comparables)".

Il ajoute, pour ToutEduc, qu'on peut difficilement comparer le niveau de classes de terminale scientifique des années 60, quand les élèves étaient triés sur le volet, avaient des enseignants très qualifiés, et 9h de cours de maths, au lieu de 6 plus tard, tandis que le programme s'alourdissait avec l'introduction des statistiques et des probabilités, et que les exigences des programmes d'autres disciplines, biologie et histoire-géographie allaient croissant. Faut-il incriminer la perte des procédures opératoires dans les petites classes ? "Certes, on a perdu sur les techniques opératoires. Je regrette surtout le recul en calcul mental, qui met en oeuvre la compréhension du nombre et de ses propriétés. Mais il faut aussi voir que les objectifs de l'enseignement ont changé, il s'agit aujourd'hui de donner aux enfants les fondements qui permettront la formation tout au long de la vie. A mon sens, il faut surtout s'inquiéter du découragement et de l'isolement des enseignants, de la faiblesse de la formation continue, tandis que les élèves ne savent plus pourquoi ils travaillent."  

Le document sur le site de Michel Delord, ici

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