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Pourquoi la France ne compte-t-elle aucun acteur majeur des "jeux pour apprendre" (interview)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 08 janvier 2018.

"Certes, ce ne sont pas de géants à la Google, mais on trouve aux USA, en Grande-Bretagne, à Singapour ou en Corée des entreprises de 'jeux pour apprendre', destinés aux scolaires, qui atteignent les 200 M$ de chiffre d'affaires. Ce n'est pas le cas en France." Michel Ferry lance, ce jeudi 11 janvier, la version payante de son jeu mathématique, Navadra, destiné aux élèves de collège et analyse les difficultés économiques d'un secteur que les pouvoirs publics ont pourtant annoncé vouloir soutenir.

ToutEduc : Pouvez-vous décrire en quelques mots ce jeu ?

Michel Ferry : C'est un jeu vidéo, avec un personnage qui se retrouve, tel Robinson, sur une île déserte, l'île de Navadra, laquelle existe réellement dans l'archipel des Fidji. Il doit utiliser les mathématiques pour s'en sortir. L'élève révise ainsi toutes les notions du programme du collège.

ToutEduc : Qu'est-ce qui vous a donné envie de créer ce jeu ?

Michel Ferry : Quand j'étais en école d'ingénieurs, j'ai donné des cours particuliers de maths, et j'ai rencontré des enfants qui baissaient les bras avant même d'avoir commencé; je m'étais aperçu qu'une approche ludique changeait la donne. J'avais fait un petit jeu très simple, sur tableur pour apprendre les tables de multiplication, et je me souviens d'une élève qui avait retrouvé confiance en elle-même. Puis j'ai fait du conseil en stratégie d'entreprise pendant 4 ans, et je me suis rendu compte que c'étaient les questions de formation qui m'intéressaient... J'ai donc créé une première version de Navadra, j'ai rencontré deux associés, un spécialiste du jeu et un développeur. Nous avons réuni nos économies, 25 000€ et lancé un "crowdfunding" qui nous a permis de réunir 60 000 € supplémentaires, de quoi recruter deux salariés et un stagiaire. Nous avons mis notre version béta en ligne, gratuitement. En un peu moins de deux ans, elle a intéressé 50 000 collégiens et 1 200 enseignants, certains l'utilisant avec leur classe, d'autres recommandant tel ou tel épisode à faire chez soi. La nouvelle version, payante, est beaucoup plus élaborée, avec utilisation de la 3D tandis qu'un algorithme ajuste en permanence la difficulté des exercices au niveau de l'élève...

ToutEduc : Les professeurs ne se sentent pas dépossédés ?

Michel Ferry : Non, ils ont la possibilité de voir les activités de leurs élèves, de repérer les difficultés, ils peuvent aussi choisir tel ou tel chapitre, faire travailler les fractions par exemple. Et aucun ne s'est plaint de ce que certains de leurs élèves prennent de l'avance, et parce qu'ils s'amusent, que ça marche, anticipent sur les progressions à venir !

ToutEduc : Vous proposez aux familles la version payante à 8 €. Pourquoi ne faites-vous pas un tarif "établissement" ?

Michel Ferry : Nous pouvons assez facilement convaincre un enseignant de l'intérêt de notre jeu. Mais ce n'est pas lui le payeur. Et persuader un établissement de payer est toujours très long et compliqué. Même chose avec les collectivités, les départements en l'occurrence. Tous ceux qui, en France, ont tenté l'aventure stagnent ou ont disparu. Les pays où le jeu se développe sont ceux où les établissements ont une réelle autonomie budgétaire. Nous, nous faisons le pari que nous pourrons donner envie aux parents de payer une somme modique pour aider leurs enfants, de préférence sur recommandation de l'enseignant. Dans un second temps, nous proposerons des achats groupés aux collèges...

ToutEduc : Quelles sont vos ambitions ?

Michel Ferry : Nous voulons proposer des jeux à d'autres niveaux, pour l'élémentaire ou le lycée, faire traduire Navadra dans d'autres langues, envisager d'autres jeux pour d'autres matières... Nous espérons arriver à une dizaine de millions de joueurs d'ici 5 ans, et surtout convaincre du contraire tous ces jeunes qui pensent que "les maths, c'est pas pour eux".

Le site de Navadra ici

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