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Handicap : vers "une recomposition de l'école" ? (Entretiens F. Buisson et engagements de S. Cluzel et J-M. Blanquer)

Paru dans Scolaire le vendredi 08 décembre 2017.

L’accueil d’enfants en situation de handicap dans les ULIS (unités localisées pour l’inclusion scolaire) a progressé de 7,5 %  en 2016-2017, par rapport à l’année précédente mais le nombre de places en ULIS reste très inférieur aux besoins. Ce point a été souligné lors de la cinquième édition des Entretiens Ferdinand Buisson (IFÉ-ENS de Lyon), le 6 décembre. Elle avait pour thème l’école inclusive, avec comme à l’accoutumé l’intervention de chercheuses et de praticiennes (enseignantes, inspectrices, accompagnante) qui ont également évoqué la situation et la professionnalisation des AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) et surtout des AVS (auxiliaire de vie scolaire) qui reste préoccupante. Les premiers bénéficient d’un contrat de droit public passé avec l’Education nationale et doivent être titulaires d’un diplôme professionnel ; les seconds sont embauchés avec un contrat d’insertion accordé par pôle emploi. Ces contrats sont souvent des CDD, à temps partiel, peu rémunérés et en nombre insuffisant, sans parler du sentiment de frustration exprimé par ces accompagnants et auxiliaires devant la difficulté du métier, des relations inter-métier, du manque d’accompagnement, de la précarité des contrats. 

Parmi les intervenantes, deux enseignantes et une AESH sont venues témoigner de ce qu’il est possible de faire, dans un établissement particulier certes, mais dont les projets et actions donnent de l’espoir aux moins outillés. Le collège et lycée Elie Vignal de Caluire est "un établissement passerelle qui accueille, aux niveaux du collège, du lycée et du lycée professionnel, des élèves malades ou en situation de handicap, lesquels ne peuvent plus suivre leur scolarité dans leur établissement de secteur en raison de leur fragilité, de leur fatigabilité ou de leurs souffrances". Les enseignantes soulignent les tensions entre la poursuite des apprentissages, la répercussion des troubles sur les rythmes d’apprentissage, les exigences des programmes en termes de connaissances et de compétences, notamment pour les élèves de troisième et de terminale. Elles racontent aussi leurs pratiques "singulières et interactives", les partenariats et collaborations inter-métier, avec les familles, soulignés également par l’AESH, le travail collectif, les débriefings hebdomadaires, une forme de déprofessionnalisation-reprofessionnalisation nécessaire (voir aussi Touteduc ici).

Externaliser le "sale boulot"

Cette possible "recomposition" de l’école, peut-elle essaimer au sein de l’école ordinaire ? Rachel Gasparini (Lyon 2) rapporte les difficultés de l’inclusion scolaire en maternelle des enfants "aux comportements troublés et troublants", la difficulté des enseignants et enseignantes face à des troubles aux origines multiples, qui peuvent aussi bien être engendrés ou aggravés par la forme scolaire. La sociologue décline quelques solutions professionnelles qui sont actuellement envisagées : un travail accru de socialisation, d’acculturation, et quasi inversement des arrangements avec la forme scolaire (assouplissement des règles, ruses éducatives) ou encore l’évacuation de la forme scolaire en externalisant le "sale boulot".

Dans les faits, cette externalisation va dans les deux sens, de l’école ordinaire vers les établissements médico-sociaux mais aussi l’inverse, comme lorsque les ITEP (instituts thérapeutiques éducatifs et pédagogiques) refusent des enfants par manque de place.

Pour la conseillère technique ASH auprès de la rectrice de l’académie de Lyon, l’avenir passe par exemple par une convention signée en 2016, au niveau de la région académique Auvergne-Rhône-Alpes (trois rectrices, 12 départements), et qui établit plusieurs fiches actions portant sur la fluidification des parcours de scolarisation, par des formations interprofessionnelles et intersectorielles, par l’externalisation de petites unités d’enseignement en écoles ordinaires, etc.

Les annonces de S. Cluzel et J-M Blanquer

La thématique des ces entretiens Ferdinand Buisson entre, tout à fait fortuitement, en résonance avec les propos tenus par Jean-Michel Blanquer et Sophie Cluzel 48 heures plus tôt rappelant que le handicap est une priorité du quinquennat et qu’il faut "permettre à l’École de la République d’être pleinement inclusive". Le ministre de l'Education nationale et la secrétaire d'Etat en charge du dossier du handicap ont pour ambition d' "offrir le droit à une scolarisation de qualité à tous les élèves en situation de handicap" ce qui suppose notamment une meilleure formation des enseignants, la transformation durable de l’accompagnement des élèves en situation de handicap. Un colloque sera d'ailleurs organisé "au premier semestre 2018" sur le thème de "L’attention : un besoin éducatif particulier, sciences cognitives et adaptations scolaires innovantes et créatives", et à la rentrée 2018, sera mise en place "une plateforme numérique nationale" offrant aux enseignants "un accès à des ressources en 3 clics" et les mettant "en relation avec enseignant/formateur expert". Les deux responsables ont également annoncé la création de 250 ULIS supplémentaires en lycées durant le quinquennat, le doublement dans les deux ans à venir du nombre d’unités d’enseignement externalisées, la démultiplication des partenariats territoriaux école/médico-social...

Dans leur communiqué commun, Sophie Cluzel et Jean-Michel Blanquer ajoutent que "tout nouveau service médico-social, intervenant pour les moins de 20 ans, doit être adossé à l’école pour assurer la continuité de parcours de l’élève" et que les établissements médico-sociaux seront progressivement transformés "en plateformes de services et de ressources d’accompagnement des élèves handicapés". La transformation des emplois aidés passera par la création de 11 200 postes d’ASH au budget 2018. Seront par ailleurs expérimentés "des pôles mutualisés de gestion des adaptations et des mesures de compensation (le communiqué de presse ici).

 

Annie Feyfant

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