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Aménagement des espaces scolaires : pourquoi ne pas livrer un bâtiment non fini ? (Laurent Jeannin) (Educatec-Educatice )

Paru dans Scolaire le dimanche 19 novembre 2017.

"Il faut accepter l'idée que l'école n'est pas finie mais en capacité d'être retransformée... et que l'on peut être dans un permis de faire, d'expérimenter (…)." C'est à ce titre que le chercheur Laurent Jeannin suggère de laisser dans le cadre de la rénovation ou de la construction d'un bâtiment scolaire, "un pourcentage du budget à la main des usagers, aux équipes de l'établissement, y compris aux agents de restauration... pour leur permettre de s'approprier le lieu". Ce chercheur, membre du laboratoire EMA (École, mutations, apprentissages) à l'université de Cergy-Pontoise, intervenait, hier jeudi 16 novembre, à l'occasion du salon Educatec-Educatice, comme partenaire de cinq expérimentations menées entre janvier et juin 2017 à l'initiative du Lab éducation de la CDC (Caisse des dépôts). Ces expérimentations visaient à transformer des espaces scolaires pour les adapter aux nouveaux enjeux et nouveaux usages (lire ici).

Pour Laurent Jeannin, transformer l'espace et repenser les usages ne peut se faire uniquement par des aménagements de mobiliers : ils impliquent nécessairement "de toucher à la structure du bâtiment". Certains usages nécessiteront des aménagements pour le son - privilégier par exemple un fonctionnement par pôles avec un enseignant et des élèves qui circulent génère du bruit -, d'autres de travailler sur l'isolation thermique, la luminosité, la qualité de l'air... S'appuyer sur cette démarche permettrait, en outre, d'éviter "des surcoûts aux collectivités" puisque les équipes qui intègrent un établissement fini "ne sont jamais toutes satisfaites".

"Je teste et j'apprends en même temps que je transforme l'espace scolaire"

Cette idée de confier une partie de la transformation aux utilisateurs s'inspire du "lean startup", ajoute Sabine Parnigi Delefosse, la responsable innovation au département de la stratégie du groupe de la Caisse des dépôts : "je teste et j'apprends" dès le démarrage, "parfois avec des moyens frugaux", une démarche qui s'appuie sur "le droit à l'échec", précise-t-elle. "Il s'agit de construire tout de suite, d'investir directement les espaces et de les tester auprès des utilisateurs finaux. On ne fait pas d'enquête d'opinion, théorique, ou de marché, on est dans le concret et on voit dans les comportements si cela fonctionne ou pas. C'est une conduite du changement très concrète qui donne des enseignements très vite." Cette méthode est appliquée sur "des temps contraints" (les expérimentations ont été menées sur 6 mois) pour "éviter une déperdition des moyens".

La CDC espère que cette méthodologie, qualifiée de "circulaire et non linéaire", inscrite dans une optique "d'amélioration continue" et qui a été "validée" par ces expérimentations, sera "appliquée à toutes les rénovations de bâtiments scolaires". Elle insiste également sur la nécessité d'impliquer les élèves dans ces processus afin qu'eux aussi "s'approprient les lieux".

Un bâtiment scolaire va être livré non fini pour que les usagers accompagnent les transformations

Le chercheur citait de son côté une expérimentation qu'il mène dans le cadre de la rénovation d'un bâtiment scolaire, et pour laquelle la collectivité a accepté "que le bâtiment soit livré non terminé". "Les enseignants vont même reprendre les anciens sièges, pour voir comment transformer en expérimentant des usages", explique-t-il. "Il n'est jamais trop tard", insiste le chercheur qui invite d'autant plus à se saisir de cette démarche que dans les années à venir de nombreux collèges et lycées feront l'objet de rénovations ou seront construits. Pour lui, "il faut profiter de ces temps pour rénover la pédagogie, d'autant que la recherche dans ce domaine commence à se développer et soulève tout autant des problématiques de santé, de spatialisation, de référentiels et d'articulation de classes avec le numérique."

Camille Pons

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