"Devoirs faits" : l'académie de Bordeaux propose un accompagnement dans le cadre du plan de formation
Paru dans Scolaire le mardi 14 novembre 2017.
Alors qu'a été lancée officiellement la mesure "devoirs faits" à la rentrée des vacances de Toussaint, l'académie de Bordeaux s'apprête à lancer un dispositif de formation pour accompagner, tout au long de l'année 2017-2018, la "montée en puissance" de celui-ci "à la fois d'un point de vue quantitatif mais aussi qualitatif". Une nécessité, selon Pierre Lacueille, délégué académique de la formation des personnels de l'éducation nationale (DAFPEN) et conseiller technique du recteur, car au-delà de "l'hétérogénéité due à une autonomie plus importante des établissements" constatée dans sa mise en œuvre pour l'instant, "il y a des enjeux énormes", notamment celui d'éviter une "externalisation au sein de l'établissement afin que cette mesure ait un effet sur la classe", donc pour faire "du qualitatif." Celui-ci évoque à ce titre le développement "des officines privées qui proposent des services payants" et, en parallèle, l'existence de dispositifs d'aides aux devoirs mis en place par des collectivités. Pour lui, l'un des "éléments qualitatifs" sera "l'implication des enseignants", d'où le choix de proposer un plan d'accompagnement, inscrit dans le plan académique de formation, aux équipes pédagogiques et personnels encadrants des établissements scolaires dès ce mois de novembre 2017 afin de permettre "une appropriation collective, une réflexion pour équilibrer les charges de travail, organiser la coordination, réfléchir au type d'aide à donner, etc."
On a donc choisi "de démarrer modestement, d'analyser, de faire ensuite une phase de rodage avant d'étendre le dispositif". Le plan d'accompagnement construit par le rectorat démarrera le 21 novembre 2017 par une session d'une journée, "sur la cohérence à construire, la façon dont on prescrit les devoirs, les enjeux du suivi et la façon dont on organise celui-ci", précise encore le conseiller technique. Une soixantaine de formateurs, comprenant des chefs d'établissement, inspecteurs et enseignants, formés avant les vacances de la Toussaint, proposeront une formation à une première vague de 1500 personnes : des chefs d'établissements, enseignants, assistants d'éducation (AED), volontaires service civique, choisis dans les 258 collèges publics de l'académie, qui ont été "prévenus dès la fin août dans le cadre de réunions d'encadrement".
Encourager le développement du tutorat entre pairs
Cette première session sera organisée autour de trois temps. "Un premier temps sera consacré au travail sur le sens : que propose-t-on et comment l'articule-t-on avec les enseignements ?", précise Pierre Lacueille. "Pourquoi des devoirs, quels objectifs, travaillera-t-on plutôt sur la mémorisation, sur des exercices d'appropriation, à s'exercer à des tâches plus complexes comme la résolution de problèmes ou la rédaction, en quelle quantité... ? Quelle politique met-on en œuvre dans l'établissement au niveau des devoirs et comment fait-on évoluer la réflexion commune des équipes ?"
Durant un deuxième temps, seront "proposées des pistes", dont le tutorat entre pairs, assuré par exemple par un élève de 3e pour un élève plus jeune, déjà testé dans des lycées et "dont les études montrent que les bénéfices sont réciproques puisque c'est l'occasion aussi pour l'élève de 3e de revenir sur des notions, de prendre du recul sur ses connaissances, etc.", précise encore le DAFPEN. Seront également abordés le travail mené autour des neurosciences et de la mémorisation ainsi que tout ce qui relève de l'auto-évaluation des élèves "afin que ces derniers soient davantage autonomes dans leur travail".
Stages collectifs et travail sur la coordination de tous les dispositifs existants en fin d'année
Enfin, un troisième temps sera consacré à travailler "sur une feuille de route, composée notamment d'indicateurs qui permettront aux équipes de faire évoluer leur dispositif, de savoir comment s'adresser aux familles, les y associer, cibler les publics prioritaires, décider de ce qu'il restera à faire à la maison". Car, estime Pierre Lacueille, "il y aura toujours des devoirs à faire à la maison, par exemple de la lecture silencieuse. Mais il faut qu'au collège, l'aide concerne le plus compliqué".
Après ce "travail sur le sens", une deuxième phase de formation sera proposée à travers des stages collectifs qui aborderont des problématiques telles que l'évaluation, la pédagogie coopérative, l'accompagnement personnalisé, le travail autour des neurosciences, les écrits... Elle sera suivie, au printemps, d'un dispositif de formation dédié aux chefs d'établissements et CPE "qui sera consacré à la mise en cohérence de tous les dispositifs classe, AP, devoirs faits, etc. pour préparer la rentrée 2018".
Camille Pons