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L'être humain "est musical" et la musique essentielle à son éducation (revue du CIEP)

Paru dans Scolaire le jeudi 19 octobre 2017.

La musique est une composante de l'esprit humain, donc de l'éducation des enfants, dès le plus jeune âge, c'est ce qui ressort du dernier numéro de la Revue internationale d'éducation de Sèvres. Pour Emmanuel Bigand (CNRS) qui l'a coordonné, "les neurosciences cognitives de la musique ont accumulé des évidences scientifiques" et montrent que "la musique active des processus mentaux et des réseaux neuronaux qui sont au coeur du fonctionnement psychologique des être humains". Dès la naissance, et avant même la naissance, le bébé est sensible aux sons et aux rythmes, mais aussi à l'intentionnalité, au fait que la musique lui soit adressée. "Il veut que sa mère chante pour lui", lui propose "une offrande musicale".

C'est ce qui fait dire au chercheur, qui présentait ce 19 octobre à la presse, ce numéro de la revue, qu'il n'est pas si grave que le maître ou la maîtresse ne chante pas très bien, mais qu'il est important qu'il ou elle chante avec ses élèves plutôt que de leur faire écouter un disque. L'important n'est pas tant de "faire beau" que de faire ensemble. La musique est en effet d'abord partage. On ne connaît pas d'animaux qui soient "capables de synchroniser leurs mouvements sur des sons comme la danse. La musique semble une compétence universelle et spécifique aux humains" et sa fonction "ne peut en aucun cas se réduire à une dimension esthétique".

L'empathie, l'intégration sociale, la régulation des humeurs, la lecture

La musique jouerait d'ailleurs, démontre Laurel J. Trainor (McMaster University, Canada) un rôle essentiel dans le développement de l'empathie. Les bébés, dès 14 mois, sont animés du désir d'aider les autres, mais les tout petits qui ont dansé de façon synchrone avec un adulte "se montrent bien davantage disposés à l'aider que ceux qui n'étaient pas synchrones" avec l'expérimentatrice qui dansait sur un autre rythme qu'eux. Mieux, s'ils découvrent qu'une tierce personne est l'amie de celle qui a dansé avec eux sur le même rythme, ils étendent à celle-ci leur désir accru d'aider. On connaît aussi, même s'il faut faire la part de la mythologie, voire de la propagande, et même si les résultats n'ont pas encore été évalués scientifiquement, le rôle qu'ont joué au Venezuela et partout dans le monde, les orchestres de jeunes défavorisés dans leur intégration sociale. C'est à tout le moins "neurologiquement possible", estime E. Bigand.

La musique permet aussi à l'enfant - et à l'adulte - de mieux réguler ses humeurs, de se rassurer, mais elle a également une fonction essentielle pour le langage. Ce sont d'ailleurs, à peu de choses près, les mêmes réseaux neuronaux qui sont activés, et elle constitue "un outil de rééducation linguistique [de la dyslexie par exemple, ndlr] plus efficace que le langage lui-même". Un enfant qui sait frapper en rythme sur un tambour apprendra plus facilement à lire. La musique a des effets sur les compétences psycho-sociales, mais aussi sur le développement de l'hippocampe et du QI...

Des cultures du monde au laboratoire

C'est qu'elle met en jeu des processus mentaux cognitifs, sensibles et moteurs, et ses effets, qui peuvent être constatés dans toutes les cultures du monde, sont observables par les neurosciences, ce qui fait dire à E. Bigand qu'il y a "convergence entre le macro et le laboratoire", et il invite à engager la réflexion pluridisciplinaire, notamment avec les sciences de l'éducation, sur la place de la musique dans la scolarité. Car "les neurosciences ne peuvent imposer leur diktat" au nom d'IRM (imageries par résonance magnétique) qui "n'impressionnent que ceux qui ne savent pas comment on les utilise". C'est de la confrontation avec le terrain que peut émerger une proposition musicale, mais à coup sûr, le plus tôt possible et sans viser nécessairement, du moins dans un premier temps, à "faire beau", même si la pratique invite à aller vers l'excellence.

"Musique et éducation", numéro 75 de la RIES (revue internationale d’éducation de Sèvres, 17 € (commercialisation par les éditions Didier, contact@editions-didier.fr). Le site ici

 

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