Première en France: Un programme de parentalité américain évalué par le CNRS (Commune des Ulis).
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 10 février 2010.
Le CNRS évalue le programme de parentalité "Strengthening Families Program" qui vise à améliorer les relations entre parents et enfants, aux Ulis (Essonne). La méthode a été inventée aux Etats-Unis il y a une trentaine d’années et est actuellement "à l’essai" en France, sous le pilotage de l'Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes). Parents et enfants pourront bénéficier de 7 séances de travail sur les interactions familiales: communication, stress, organisation familiale, autorité... à condition pour les adultes de venir avec leurs enfants, âgés de 7 à 11 ans. Une vingtaine de familles se seraient manifestées, nettement moins que les 150 attendues.
Ce programme pourrait être repris dans l’Hexagone, s‘il fait la preuve de son efficacité, ce qui n’est pas sans soulever certaines controverses, relayées par Le Parisien du 2 février. D’inspiration anglo-saxone, il est proche des théories cognitivo-comportementales. Quelle efficacité à long terme octroyer à ces interventions courtes? Un travail sur la communication, les échanges dans la familles se substitue t-il à une prise en charge psychologique approfondie des individus et à des interventions sur les paramètres déterminants de leur situation sociale ? L'évaluation en a été confiée à Xavier Briffault qui répond aux questions de ToutEduc.
Il indique qu'est prévue la distribution aux familles de questionnaires sur les liens familiaux, la scolarité des enfants, l‘anxiété à la maison etc. "Mon rôle est aussi de questionner les indicateurs d’efficacité eux-mêmes . Ce type de programme a certes été utilisé dans différents pays, cela ne sous-entend pas qu’il est pertinent en France, et qu’il doive s’appliquer partout comme le 'bon' programme. Il ne doit pas davantage servir de caution pour lier tous les problèmes éducatifs et sociaux aux questions de parentalité. Les problèmes d’un enfant à l’école ou ailleurs ne découlent pas uniquement ou systématiquement de la parentalité. Bien d’autres facteurs sont en jeu. Le programme est par ailleurs porteur d’un modèle parental; il ne doit pas servir à établir une norme. L’un des pires scénarios envisageables serait de s’appuyer 'au nom de la science' sur ce type de programme pour décerner des 'brevets d’aptitude à la parentalité', auxquels seraient assujetti l’accès aux ressources sociales."
Xavier Briffault est chercheur au CERMES3, équipe CESAMES (Centre de recherche Psychotropes, Santé mentale et Société, unité mixte de recherche CNRS, INSERM et Université Paris Descartes). Il intervient à la demande de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes).