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SE-UNSA : les sujets d'inquiétude se multiplient

Paru dans Scolaire le mercredi 30 août 2017.

"Au-delà des crispations de la rentrée, le SE reste un partenaire [du ministère de l'Education nationale] mais un partenaire du progrès." Même s'il affiche, à l'occasion de sa conférence de presse de rentrée son caractère réformiste, le syndicat UNSA des enseignants liste une série impressionnante de sujets d'inquiétude et de défiance à l'égard de la politique de Jean-Michel Blanquer, et surtout, il en met en cause la philosophie. Il s'agit, estime Stéphane Crochet, le nouveau secrétaire général, du "développement des talents individuels", de l'individualisation des parcours, ce qui favorise la constitution de classes de niveau et de filières, "leur hiérarchisation et les ségrégations", alors que la société de demain aura besoin de coopération et de créativité.

De plus, au vu des premières remontées de terrain, il estime que "l'agacement gagne". Les enseignants "ont pris pour eux la dénonciation du 'pédagogisme' et de 'l'égalitarisme'. Promouvoir des solutions pour que les établissements améliorent leur attractivité, c'est nier le sens de leur travail pour la réussite de tous. La remise en cause de ce qui a été fait ces dernières années amène l'opinion publique à se défier de l'école qui était donc avant lui dans l'erreur."

En ce qui concerne les "CP à 12", c'est une mesure "qui peut être intéressante pour ceux qui la vivront", encore qu'un tel effectif n'ait pas forcément de sens pour certaines activités, d'EPS par exemple, et que le groupe peut vite "tourner en rond". Le ministre s'est engagé à maintenir le dispositif "PDMQDC" (Plus de maîtres que de classes), mais "on n'y croit pas". Il dit que ce dispositif n'a pas été évalué, mais l'expérience PARE à Marseille qui l'a précédé a été évaluée positivement (voir par ex. le site de l'académie de Dijon ici), ajoutent les responsables du SE qui s'interrogent sur la faisabilité de l'extension de ces dédoublements à tous les CP et CE1 de l'éducation prioritaire "sans impacter" les autres niveaux.

La question des rythmes scolaires a été abordée "dans la précipitation", ce qui provoque "couacs et tensions", et risque de ramener "la très mauvaise ambiance" des années 2013-2014.

Les tests en CP et 6ème constituent sans doute la principale source d'interrogations pour le syndicat qui "n'en voit pas trop l'intérêt". Rapidement présentés aux responsables lundi 28, ceux de CP permettront au mieux d'établir une photographie du niveau des élèves que l'enseignant connaît déjà sans lui fournir aucune indication sur les causes des lacunes éventuelles. Ils peuvent avoir des effets contre-productifs, notamment d'étiquetage des élèves avec un "effet pygmalion" [les élèves considérés a priori et à tort comme faibles finissent par l'être effectivement, ndlr]. Les items vont définir une norme nationale qui aura des effets en amont et orienteront le travail des enseignants en grande section. D'ici quelques années, la comparaison entre les niveaux au CP et en 6ème permettra d'évaluer "la plus-value" d'une école tandis que la comparaison des résultats des élèves de divers collèges pourrait contribuer, selon la façon dont ils seront publiés, à leur classement dans l'opinion des parents. Les remontées au niveau départemental seront en effet anonymées pour les élèves, mais pas pour les classes ni les établissements.

Le dispositif "devoirs faits" pose également questions, d'autant qu'il n'a donné lieu à "aucun échange" avec les organisations syndicales. Il pourrait avoir un "effet contre-productif" important dans le 1er degré s'il n'est pas l'occasion de "réinterroger le rôle des devoirs". Il pourrait en effet inciter les enseignants à donner des devoirs pour donner quelque chose à faire dans ce cadre.

Le "rétablissement" des classes bilangues et "l'assouplissement" de la réforme du collège suscite la grogne des enseignants qui étaient favorables aux mesures prises précédemment et qui ne voudraient pas "avoir bossé pour rien". Mais surtout, le SE s'inquiète d'entendre le ministre parler de "classes" bilangues ou "à couleurs" et non pas de groupes ou d'options. Ces classes seront constituées "a priori", avant le début de l'année en fonction des demandes des parents, et seront donc "de plus en plus homogènes". Elles pourront contribuer à l'attractivité de l'établissement mais renforceront la ségrégation à l'intérieur du collège. D'autre part, comme il ne sera pas possible qu'un groupe commence l'allemand en 6ème et un autre en 5ème, "les classes bilangues allemand vont tuer l'allemand seconde langue".

La réforme du bac et de l'entrée à l'université sur la base "de prérequis" ne doivent en aucun cas empêcher des élèves des lycées professionnels de poursuivre des études. "On n'a pas vu beaucoup de monde monter au créneau quand des lycéens pauvres étaient écartés, on assiste à une mobilisation importante quand ce sont des enfants des milieux favorisés qui sont soumis au tirage au sort." Le SE dénonce "l'impéritie" des gouvernements successifs. La réforme du bac pro en 3 ans a laissé croire aux élèves que l'enseignement supérieur leur était ouvert, "tout le monde savait qu'ils allaient vouloir poursuivre", il faut apporter des réponses satisfaisantes à leurs demandes avant d'envisager une telle réforme. Sur ces sujets, 9 groupes de travail sont mis en place et devront rendre leurs conclusions à la mi-octobre, sur l'orientation, sur les prérequis et le fonctionnement d'APB, sur la licence en 3 ou 4 ans, sur la diversification de l'offre de formation, sur la professionnalisation de la licence dès la première année, sur les années de césure, les passerelles et l'alternance entre le monde académique et le monde socio-professionnel, sur la réussite en licence, sur l'année de PACES (études de santé) et les STAPS (activités physiques et sportives).

Par ailleurs, le SE s'inquiète d'une réorientation de la taxe d'apprentissage sur les seuls CFA, ce qui pénaliserait les lycées techniques et professionnels, et même les collèges qui ont des Segpa (enseignement adapté)...

Enfin, en ce qui concerne les personnels et le PPCR, le SE croit savoir que certaines des mesures sont trop avancées pour pouvoir être remises en cause, notamment les avancements dans les nouveaux échelons, mais il redoute un report ou une montée en charge plus progressive pour la classe exceptionnelle, d'autant qu'aucun rendez-vous n'est prévu pour discuter des détails pratiques de sa mise en oeuvre.

 

 

 

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