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Handicap : les créations d'emplois AESH annoncées par l'Éducation nationale sont en majorité des transformations de contrats aidés

Paru dans Scolaire le mardi 29 août 2017.

"Très malin la communication", commente Paul Devin (FSU), joint ce mardi 29 août 2017 par ToutEduc au sujet des annonces officielles concernant l'accompagnement des élèves en situation de handicap. Ces annonces ont été faites samedi 26 août, par voie de communiqué de presse, par le ministre de l'Éducation nationale et la secrétaire d'État chargée des personnes handicapées. Ce communiqué fait notamment état de "8 000 nouveaux emplois d'AESH (Accompagnants des élèves en situation de handicap) créés à cette rentrée" dans l'Éducation nationale, l'accompagnement des élèves en situation de handicap étant "une priorité absolue" pour le Gouvernement. Pourtant, dans la note de la DGESCO adressée le 31 juillet 2017 à tous les recteurs d'académie, c'est de 6 400 AESH équivalent temps plein dont il était question, des emplois créés "par transformation d'emplois aidés", précise Paul Devin. Ce que confirme, par mail, le Secrétariat d'État chargé des personnes handicapées, interrogé par ToutEduc.

Cette transformation avait été annoncée dès la rentrée 2016 par l'ancien ministère. Il était question, très précisément, de recruter dès la rentrée 2016, 350 emplois d'AESH auxquels s'ajouteraient, sur 5 ans, la transformation de CUI (Contrats uniques d'insertion sur lesquels sont actuellement recrutés les Auxiliaires de vie scolaire dits AVS), pour contribuer à créer 32 000 emplois AESH qui s'ajouteraient aux 18 000 emplois AESH existants. En mars 2017, le précédent ministère avait programmé cette création de 6 400 emplois AESH "par transformation, pour un nombre équivalent d'heures d'accompagnement, de 11 200 contrats aidés" (mesures d'ailleurs évoquées dans le document "Refondation de l'École : 4 ans après, où en est-on ?", réalisé par ToutEduc pour la Ligue de l'Enseignement, accessible depuis la page d'accueil).

Pour "transformer", il faut supprimer davantage d'emplois aidés que d'emplois AESH créés

À ce titre, le représentant de la FSU souligne l'ambiguïté qui prévaut dans la présentation de ces mesures : "le ministère omet de dire qu'il n'en a pas l'initiative et met juste en œuvre ce qui avait été décidé par Najat Vallaud-Belkacem". Le communiqué évoque pourtant une "promesse" de l'actuel gouvernement qui "sera tenue" et des "emplois supplémentaires" alors qu'il s'agit de "transformations". Le communiqué omet aussi de préciser "qu'il faudra prendre 11 200 CUI pour faire 6 400 ETP AESH", précise encore le secrétaire national, car les obligations horaires des AESH (35h hebdomadaires) ne sont pas les mêmes que les CUI (environ 24h/semaine).

Enfin, l'écart entre le chiffre annoncé dans le communiqué (8 068 emplois AESH précisément) et celui précisé dans la note de la DGESCO que s'est procurée ToutEduc, restait inexpliqué. Un différentiel que l'on doit, précise le Secrétariat d'État, à "la création de postes sur le budget de l'Éducation nationale (…) soit 1 686 de plus". Sur ces 1 686, 1 351 emplois AESH avaient été programmés par le précédent ministère et ils ont été "confirmés" précise encore le Secrétariat d'État.

Une baisse globale des contrats aidés qui risque d'impacter l'accompagnement des élèves

Enfin, la FSU dénonce aussi le silence observé sur d'autres points qui impacteront également, selon elle, l'accompagnement des élèves handicapés. Ainsi, la note de la DGESCO fait état, pour chaque académie, des contingents dont elles disposeront en matière de contrats aidés. Or, les plafonds des contingents, tels qu'ils ont été fixés pour 2017-2018, vont conduire "à la diminution, à terme, de 23 157 contrats aidés" (le plafond global du contingent, toutes académies confondues, est fixé à 50 000), analyse le secrétaire national. Si le secrétariat d'État assure que, "globalement" est visée "une stabilisation du nombre d'emplois aidés pour accompagner les élèves en situation de handicap (et aucunement une diminution)", Paul Devin fait de son côté remarquer que "si tous ces contrats aidés ne sont en effet pas exclusivement dédiés aux élèves en situation de handicap mais aussi à l'aide administrative apportée aux directeurs, face à la pression et aux besoins d'accompagnement, ils avaient déjà été de manière importante fléchés pour l'accompagnement au handicap".

"On ne voit pas par quel miracle cela n'impactera pas les enfants handicapés", regrette le secrétaire national de la FSU. "Et la possibilité même de leur scolarisation sera mise en cause. La situation est déjà très tendue. À titre d'exemple, l'académie Créteil comptera 2 019 contrats aidés de moins. Or, des enfants n'ont déjà pas le nombre d'heures de suivi ou carrément pas du tout de suivi, malgré des notifications de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) !" A noter que le ministère annonce une progression de 12 % par rapport à la rentrée 2016 d'élèves en situation de handicap pour 2017-2018 (164 000 élèves).

Camille Pons

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