Handicap : former les enseignants et les élèves pour que les mesures d'accessibilité deviennent un réflexe (Rapport, Sénat)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le jeudi 27 juillet 2017.
Des milliers de contrats aidés supplémentaires, des enseignants formés dans les écoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPÉ) à la manière d'appréhender le handicap, tous les élèves sensibilisés à la différence dès l'école également... telles sont quelques-unes des pistes évoquées par Nicole Duranton et Brigitte Gonthier-Maurin dans leur rapport "Culture et handicap : une exigence démocratique", pour contribuer à changer le regard sur le handicap afin de favoriser une meilleure intégration et un meilleur accès à la culture. Un changement de regard important, selon les auteures qui estiment que c'est notamment la "profonde méconnaissance" du handicap qui explique la tenue des personnes handicapées "même inconsciemment, à l'écart ou en marge de la société".
L'école constitue à ce titre l'un des leviers important pour changer ce regard, car "c'est dès le plus jeune âge qu'il faut être éveillé à la différence, pour comprendre qu'elle est à la fois normale et inévitable, qu'elle constitue un atout pour chacun", écrivent les auteures qui ont rendu ce rapport à la commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Sénat le 19 juillet 2017.
8 000 contrats aidés supplémentaires pour accueillir les élèves handicapés en milieu ordinaire
Celles-ci pointent d'abord du doigt la nécessité d'accroître encore la scolarisation des enfants handicapés. Cela passe par davantage de moyens d'encadrement, soit "8 000 contrats aidés supplémentaires pour assurer un accueil réussi, tant quantitativement que qualitativement", selon les estimations données par le ministre de l'éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, à l'occasion de son audition le 28 juin dernier. Un chiffre, indique les rapporteuses, qui "devrait prochainement être confirmé dans le cadre des arbitrages budgétaires".
Les efforts doivent également porter sur la formation : la formation des enseignants "à la manière d'appréhender le handicap" mais aussi celle des accompagnants des enfants handicapés, tout comme la formation dispensée aux élèves, pour les "sensibiliser à la différence et au respect de l'autre dès leur plus jeune âge". Les rapporteuses suggèrent aussi de rédiger des fiches pédagogiques à destination des enseignants.
Elles ne donnent pas de pistes sur la manière d'y parvenir, mais elles soulignent le nécessaire renforcement de l'intégration des personnes handicapées "dans les activités périscolaires, notamment celles qui ont trait à l'éducation artistique et culturelle".
Les enseignants ont un rôle à jouer dans le développement des solutions d'accessibilité
Enfin, les auteures estiment que les enseignants ont un rôle à jouer dans le développement de solutions d'accessibilité universelle qui doivent être "encouragées pour devenir progressivement un réflexe". Car ces solutions "présentent l'avantage de bénéficier à toutes sortes de publics - personnes en situation de handicap, personnes âgées, enfants - sans stigmatisation". Si les rapporteuses sont "conscientes que cette démarche d'accessibilité universelle est une œuvre de longue haleine", elles invitent les enseignants à développer "de nouvelles propositions pédagogiques" mais aussi à adapter "à la capacité de chacun, le niveau des attentes". En outre, quel que soit le lieu ou le professionnel concerné, ces solutions d'accessibilité universelle doivent être élaborées en y associant les personnes en situation de handicap.
Entre 2011 et 2015, la scolarisation des élèves handicapés a crû de 33 % dans le premier et le second degrés. En 2006, on recensait un peu moins de 90 000 élèves handicapés scolarisés dans le premier degré et un peu moins de 30 000 dans le second degré contre respectivement 160 043 et 118 935 enfants dans les premier et second degrés en 2015.
Le rapport ici
Camille Pons