Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Les musées et le pouvoir de l’éducation : le point de vue du musée des Confluences, à Lyon

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le mercredi 21 juin 2017.

En marge de la manifestation organisée par "Communicating the Museum" autour du "pouvoir de l’éducation" (voir ToutEduc ici), ToutEduc s'est tourné vers la chargée de médiation culturelle pour les scolaires du musée des Confluences à Lyon, un musée "nouvelle génération" qui, dès sa première année, a dépassé le million de visiteurs.

ToutEduc : Le rôle des musées a-t-il évolué avec leur environnement politique et social ?

Sylvie Boucherat : Le rôle du musée est de participer à la réussite des jeunes comme futurs citoyens. Aussi, le musée des Confluences, comme de nombreux musées aujourd’hui, se veut être accessible à tous les publics par le biais de sa programmation culturelle. Dans le cadre spécifique de la programmation scolaire, nous sommes attentifs à la sélection des classes participant à des projets. Nous recevons ainsi de nombreuses classes issues de zones d’éducation prioritaire.

Par ailleurs, nous proposons chaque année à des élèves de 3ème d’accomplir leur stage de découverte professionnelle au musée. Cela permet à des jeunes qui n’ont pas les moyens de connaître le musée par le seul biais du réseau personnel, de rencontrer des professionnels et de découvrir les métiers du musée.

Nous donnons ainsi la chance à tous les collégiens de 3ème de l’académie, de connaître le fonctionnement du musée. Ils sont ainsi sélectionnés, à l’aide des services du rectorat, pour leurs seules motivations et curiosités.

ToutEduc : Le musée joue-t-il un rôle de compréhension des cultures ?

Sylvie Boucherat : Avec la biodiversité, la thématique de la diversité culturelle est une thématique essentielle de notre parcours permanent qui présente de nombreux objets des cultures du monde. Les parcours thématiques "Croyances et religions du monde" et "Mondes lointains", programmés pour les scolaires, proposent à travers la découverte des œuvres, de mieux connaître différentes cultures. C’est une ouverture sur le monde que nous proposons, un voyage pour connaître les sociétés. La programmation culturelle par le biais du spectacle vivant complète ces découvertes.

ToutEduc : Comment répondre aux besoins de la communauté éducative ?

Sylvie Boucherat : Nous répondons aux besoins de la communauté éducative en mettant en place une politique de partenariat éducative et culturelle pour favoriser la rencontre entre les partenaires institutionnels et le musée. Nous travaillons plus spécifiquement avec plusieurs institutions. Pour le second degré, c’est avec le rectorat de Lyon (DAAC). C’est ainsi que nous bénéficions de la présence de deux enseignantes relais 2h par semaine pour mettre en place notamment un programme de formations à destination des enseignants. Pour le 1er degré, nous travaillons avec des conseillères pédagogiques de la DSDEN [les services départementaux de l'Académie, ndlr] du Rhône pour tester des parcours et concevoir en complémentarité des dossiers pédagogiques. L’ESPE [Ecole supérieure du professorat et de l'éducation] est aussi une institution partenaire puisque nous recevons chaque année des étudiants dans le cadre de leur formation initiale.

Les enseignants ont besoin d’un lieu de référence scientifique et de ressources scientifiques actualisées. Pour eux, le Musée des confluences constitue un repère et un lieu qui s’affirme progressivement comme un lieu de formation. Ils peuvent approfondir un thème, l’an passé, l’histoire de la danse contemporaine avec “Corps rebelles” en lien avec la Maison de la danse de Lyon. Des formations plus spécifiques à destination des enseignants de Sciences sont aussi programmées avec le thème du " Buisson du vivant". Mais les enseignants demandent des formations leur permettant de croiser les disciplines. C’est ainsi qu’une formation “en quoi le musée est un musée ressources pour mettre en place des projets transversaux” sera programmée prochainement. La transversalité est en effet au cœur du questionnement dans les établissements : comment travailler de façon décloisonnée entre les disciplines ? Le musée est pour cela un outil pédagogique intéressant pour les enseignants puisque nous croisons les regards autour de thématiques transversales. Avec l’exposition “Venenum” sur la question du poison, ils pourront développer également des projets à la confluence des disciplines comme les sciences, l’histoire, l’histoire de l’art.

ToutEduc: Et les EPI [enseignements pratiques interdisicplinaires] ?

Sylvie Boucherat : Les EPI se sont mis en place l’année dernière. Nous sommes sollicités dans ce sens, les enseignants venant se nourrir des thématiques du musée pour les travailler en classe. Le thème du territoire fait l’objet de projets de classes et permet de multiples approches. En géographie, les jeunes découvrent le quartier Confluences et l’architecture du musée. En histoire de l’art, ils découvrent les peuples aborigènes et les peintures qui sont des cartes mythiques, parcelles de territoires australiens.

ToutEduc : Comment amenez vous les éducateurs, les conservateurs et les communicants à travailler ensemble ?

Sylvie Boucherat : En mettant en place une démarche de partenariat permettant de respecter les compétences de chacun. Chaque partenaire a sa spécificité dans le domaine de l’éducation. Le musée est un lieu d’éducation informelle alors que l’école est un lieu d’éducation formelle mais nous œuvrons avec nos différences et nos spécificités à une éducation artistique et culturelle. C’est une complémentarité qui transparaît dans le contenu des dossiers "Ressources" à destination des enseignants. Ces dossiers présentent un volet culturel conçu par le musée et un volet pédagogique conçu par les enseignants relais.

ToutEduc : Il me semble que vous allez plus loin dans le cas de certaines expositions. Je pense à "Lumière , le cinéma est né" avec comme partenaire l'Institut Lumière ...

Sylvie Boucherat : Nous élargissons notre partenariat en invitant les professeurs impliqués dans le dispositif “Collège au cinéma”. Nous allons construire ensemble des rencontres et formations pour les enseignants.

ToutEduc : Comment les musées peuvent-ils apprendre de leur public ?

Sylvie Boucherat : Nous avons la chance, au musée des Confluences d’avoir un “Observatoire du public”. Une personne réalise des questionnaires, des rencontres avec le public. Des études sont menées pour mieux connaître notre public, ses attentes, son retour suite aux découvertes des expositions. C’est suite à des études de publics que nous avons procédé à des réajustements notamment pour certains dispositifs scénographiques des expositions permanentes.

Concernant les activités scolaires, nous nous attachons à recevoir des classes pour tester des scénarios de visite. Les conseillers pédagogiques suivent l’activité puis nous nous réunissons avec les médiateurs pour des séances de remédiations. Le conseiller pédagogique pourra alors inscrire l’activité du musée au sein des apprentissages scolaires et proposer des séquences pédagogiques en amont et en prolongement de visite.

ToutEduc : En quoi votre musée est-il différent des musées à thématique dominante ?

Sylvie Boucherat : L’interdisciplinarité permet au musée des Confluences d’être un outil pédagogique incontournable pour le monde éducatif actuellement. Les liens avec l’Ifé et l’ENS sont réels puisque nous sommes partenaires dans le projet sur les enjeux climatiques. Ma collègue de la programmation scientifique avait proposé l’an passé, lors de la COP 21, à une association, Avenir climatique, de rencontrer le public pour simuler une COP. Nous avons voulu adapter cet évènement à des scolaires. Je me suis alors rapprochée de l’IFE [Institut français de l'éducation] qui avait déjà proposé des simulations de COP pour les enseignants. Nous avons travaillé cette fois à des simulations pour des classes de Seconde : “COP InMy Classroom”. Les élèves ont joué le rôle de représentants de délégations de pays, pour défendre leur pays, leurs intérêts, présenter leur contraintes, vis-à-vis de cet enjeu climatique. Les jeunes ont travaillé tout au long de l’année pour simuler une COP.

ToutEduc : Quelle part de votre public représentent les scolaires ?

Sylvie Boucherat : La part des scolaires représente environ pour les derniers mois, les ¾ des groupes accueillis au musée, ce qui est beaucoup.

Nous proposons également une programmation à destination des familles et notamment des ateliers qui favorisent le lien entre les générations. Aussi, les outils proposés permettent de garder ce lien. C’est pourquoi, nous favorisons les livrets et les manipulations plutôt que les tablettes qui ont tendance à enfermer l’enfant dans sa découverte.

Propos recueillis par Claude Baudoin, relus par Sylvie Boucherat

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →