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Les maisons familiales rurales : un modèle méconnu, séduisant, fragile (rapport Amnyos)

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 07 juin 2017.

Le cabinet Amnyos a manifestement été séduit par la pédagogie mise en oeuvre dans les MFR, les maisons familiales rurales alors qu'il effectuait un audit sur les formations par alternance sous statut scolaire dans l’enseignement agricole : "Sujet d’étonnement lors de nos observations, les associations d’idées émises par les jeunes – y compris les plus inadaptées, incohérentes, humoristiques, provoquantes – sont exploitées avec un même degré de considération par le formateur (...) Bien vite, les saillies pour faire rire les copains cessent car toute réponse est exploitée, analysée afin de recentrer le groupe sur le thème étudié. Au-delà d’une technique communicationnelle, on comprend l’intention de 'donner de la valeur à la parole' sans la disqualifier d’entrée de jeu au prétexte qu’elle ne ferait pas partie du corpus de connaissances à mobiliser pour apprendre."

Publié par le ministère de l'Agriculture, commanditaire de l'étude, le rapport vise à faire un panorama de ce système spécifique de formation qui reste méconnu puisque "peu de recherches universitaires s’y intéressent aujourd’hui". Il est développé dans 369 MFR (maisons familiales rurales d'éducation et d'orientation) et 5 établissements relevant de l'UNREP (Union nationale rurale d'éducation et de promotion).

D'abord des "lieux de vie"

Ce sont d'abord des "lieux de vie", et, insistent les auteurs, ce n'est pas formule "mais une réalité portée par un accompagnement permanent des adultes présents sur le centre de formation" : Tout adulte qui travaille ou intervient dans l’établissement a "pour mission première l’éducation", quel que soit son statut. On voit ainsi une présidente faire la vaisselle avec les jeunes, un directeur animer une veillée, une cuisinière animer un voyage pédagogique en Erasmus+ tandis que "le jeune passe progressivement de la soumission aux règles de l’établissement à la discussion argumentée de certaines règles puis à la proposition d’amélioration de règles de vie favorisant le bien commun".

Pour beaucoup, ces jeunes arrivent "suite à une expérience de disqualification et/ou d’échec scolaire" et les "éduquer au plaisir de savoir passe par une panoplie de méthodes et techniques pédagogiques", notamment "la mise en mots systématique comme procédé de transfert des savoirs issus de l’action (temps en entreprise) vers des savoirs formalisés (séances en groupes en établissement)" et "la capacité à mixer les publics d’apprenants : apprentis, stagiaires de la formation professionnelle et de contrats de professionnalisation, scolaires en alternance". 

Des points négatifs

De plus, l’internat constitue "un véritable atout", "il permet aux jeunes de prendre la distance par rapport au milieu familial, de se confronter aux réalités de la vie en collectivité" et il "contribue très largement à la cohérence du projet éducatif". Par ailleurs, "les établissements constituent de véritables institutions dans les villages où ils sont implantés". 

Toutefois, le rapport évoque aussi des points négatifs. Les moniteurs (les enseignants, ndlr) "se disent peu armés" face aux "difficultés d’ordre psychologique ou d’ordre social particulièrement importantes" de certains jeunes, un risque "renforcé par l’absence de permanence d’assistants sociaux, de psychologues, d’éducateurs spécialisés, etc.". Pour ces formateurs, "la fonction globale est très exigeante", "un moniteur peut devenir animateur après les heures de classe, la direction participe parfois lors des pauses et du déjeuner à la vie socio-culturelle avec les jeunes", et "le risque d’épuisement professionnel y est plus sensible que dans d’autres champs d’intervention".

La concurrence de l'Education nationale

Autre difficulté, l'Education nationale met en place dans ses collèges des systèmes de remédiation "avec un objectif de maintien des élèves au sein de l’Éducation nationale" tandis que l'absence de redoublements "amène des jeunes de moins de 14 ans à candidater en 4e", alors que le code du travail leur interdit l'alternance.

Le rapport pointe surtout des difficultés financières. "L’importance du patrimoine bâti constitue un risque important : lourdeur des charges d’entretien, de maintenance (…)" tandis que les cadres ne sont pas suffisamment formés "à la gestion financière et au management", que les subventions de fonctionnement du ministère de l’Agriculture sont versées avec beaucoup de retard, et que les Conseils départementaux diminuent les leurs. "En l'espace de 4 ans, le secteur des MFR a subi une forte dégradation des résultats (...) Les gains réalisés en 2011 et 2012 ont complètement été effacés par les pertes de 2013 et 2014."

Le rapport est téléchargeable sur le site du ministère de l'Agriculture ici

 

 

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